Smart City : comment Bruxelles et Bilbao se transforment

La deuxième édition du Forum Smart City Bordeaux, organisé par La Tribune, a permis aux villes de Bilbao et de Bruxelles de témoigner de leur approche de la transformation de la ville et de sa métropole.
Idoia Postigo (Bilbao Metropoli-30), Nathalie Renneboog (Citydev.brussels) et Magdalena-Andreea Strachinescu-Olteanu (Commission européenne) sont intervenues sur la table ronde "Territoires, attractivité et économie de l’innovation", animée par Jean-Christophe Chanut, journaliste à La Tribune.

Nathalie Renneboog, de Citydev.brussels, Idoia Postigo, responsable des relations internationale de Bilbao Metropoli-30 et Magdalena-Andreea Strachinescu-Olteanu, responsable de l'unité New Energy technologies, innovation and clean coal à la Direction générale de l'énergie à la Commission européenne échangeaient ce matin sur le thème "Territoires, attractivité, et économie de l'innovation", en ouverture du Forum Smart City Bordeaux 2016, organisé par La Tribune.

"Nous partons de loin, reconnaît Nathalie Renneboog. Bruxelles, en 88, était sinistrée. Son centre-ville devait être repensé, rénové de manière massive. Cela a été rendu possible grâce au partenariat public-privé. Le modèle mis en place par notre institution publique autonome voit le privé investir 70 % et le public porter un projet immobilier à hauteur des 30 % restants. Hélas, l'Europe, en imposant des appels d'offres pour toute commande publique, a pénalisé ce système qui avait permis une transformation rapide de la ville et de sa métropole. Quand il nous fallait un an et demi en moyenne pour monter un projet, aujourd'hui il faut compter cinq ans d'instruction pour le voir aboutir."

Pour autant les investisseurs privés ne désertent pas Bruxelles et ses projets immobiliers.

"Le manque de logements est important, et notre modèle économique est bon. CityDev, qui dispose de 15 M€ de budget annuel, peut produire environ 200 logements par an, garanti, en vendant sur plan le modèle économique des promoteurs... même en vendant les logements en dessous du prix du marché."

Bilbao, la transformation par la concertation

Rapide, le changement l'a été aussi à Bilbao, ex-ville industrielle devenue une des capitales européennes de la culture...

"Mais pas uniquement, précise Idoia Postigo. Nous ne pouvions pas seulement avoir un projet culturel. Le Guggenheim ne pouvait pas tout faire. Certaines des villes qui nous rendent visite régulièrement essayent de nous copier en visant l'émergence d'un Guggenheim, mais cela ne marche pas comme cela. Imaginez un beau musée, au bord d'une rivière polluée, encerclé de terrains industriels abimés... C'était Bilbao il y a quelques années ! Il nous a fallu conduire une transformation tous azimuts. Elle n'a été rendue possible que parce que nous avons lancé un vaste plan de concertation tous azimuts. Chez nous aussi, il faut bien le reconnaître, l'association public-privé, a très bien fonctionné. C'est elle qui a rendu notre transformation aussi rapide."

Une transformation des villes qui ne doit pas oublier sa destination majeure : l'habitant. C'est ce qu'a précisé Magdalena-Andreea Strachinescu-Olteanu.

"La qualité de vie dans les villes est aussi une priorité des villes intelligentes... et on sait que cela représente, aussi, des opportunités de croissance économique. L'OCDE estime que cela peut générer 1.000 milliards d'euros de business en Europe. Les maires européens sont de plus en plus nombreux à se regrouper autour de cette notion : le citoyen doit être le centre de préoccupation de la ville, et même le citoyen qui vit au-delà de la métropole doit être pris en considération dans ce chantier de transformations urbaines."

L'attractivité ? Pas seulement une question d'infrastructures

Avis partagé par Idoia Postigo.

"En matière d'attractivité, Bilbao ne s'est pas limitée à la métropole... qui d'ailleurs, chez nous, n'a aucune existence administrative. La ville interroge régulièrement son hinterland au moment d'arbitrer sur de grands projets, notamment en matière d'infrastructures. Je peux citer, par exemple, l'aéroport qui est situé dans une zone très peuplée et donc limité dans ses capacités de développement. Nous préférons regarder dans une ville voisine qui, elle, dispose d'un aéroport dans une zone moins dense pour piloter une politique de développement du tourisme via le transport aérien. Il ne sert à rien de jouer la carte de l'égoïsme, de la chapelle, dans ces cas-là. Nous devons faire preuve de générosité, ce qui a été le cas par exemple avec le métro dessiné par Norman Foster, qui relie des quartiers et des zones jusque là quelque peu délaissés."

Avant de préciser que Bilbao, dans son modèle de transformation et de développement, n'a pas tout parié sur les infrastructures.

"Nous savons que c'est important, et nous avons beaucoup travaillé à cela. Mais nous, à Bilbao, nous avons fait des choix qui se sont avérés déterminants. Les infrastructures ne sont plus un avantage concurrentiel dans la bataille pour l'attractivité des villes et métropoles. Aujourd'hui, nous devons faire la différence par les valeurs, la qualité de vie."

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