Après avoir alerté, dès 2014, le chef de mission GPSO (Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest) des conséquences potentielles sur la production des vins d'appellations Sauternes et Barsac des futures lignes à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse et Bordeaux-Dax, la Fédération des grands vins de Bordeaux a repris la plume hier.
Il faut dire qu'après avoir transmis un avis défavorable au tracé retenu à l'époque, la filière viticole n'a que peu goûté la décision de l'Etat, fin septembre dernier, de passer outre son avis et sa proposition de tracé, ainsi que de l'avis négatif, lui aussi de l'enquête publique (mars 2015). Au lieu de cela, l'Etat validait le projet sur sa base du tracé initial.
Hier donc, la Fédération des grands vins de Bordeaux et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) a écrit au chef de mission pour lui demander des informations supplémentaires sur l'impact patrimonial et environnemental du projet de tracé sur l'appellation Sauternes notamment.
"Nous attendons du porteur de projet qu'il nous apporte des garanties que celui-ci n'aura aucune incidence sur ce territoire emblématique, sur des conditions de production de ces vins liquoreux et sur l'avenir de nos viticulteurs", écrit notamment Laurent Gapenne, président de la Fédération, qui cosigne la lettre avec le président de la chambre d'agriculture de la Gironde, le président du CIVB, celui de l'ODG (organisme de gestion) Sauternes et Barsac et le président de l'ODG des Graves.
Il note également que le tracé retenu détruit 15 hectares des Graves et coupe en deux la porte d'entrée du vignoble au sud de Bordeaux... un plateau viticole qui est le point de départ d'un parcours œnotouristique dont le succès pourrait être accentué par l'ouverture en 2016 de la Cité du vin mais qui est, de fait, remis en cause.
Les auteurs du courrier relèvent enfin que si les conclusions des dernières expertises sont favorables au tracé actuel retenu, elles font apparaitre une demande... d'expertises supplémentaires, ce qui "obère la valeur de leurs conclusions". Ils regrettent au passage que les ODG concernées n'aient pas fait l'objet d'une étude hydrogéologique et climatique "alors que des problèmes particuliers pourraient intervenir du fait de la traversée ferroviaire de leur territoire", concluent-ils dans le courrier envoyé hier.
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