"Je suis d'un naturel plutôt optimiste mais, là, je crains des chambardements socio-économiques très forts dans les semaines qui viennent si le conflit en Ukraine ne s'arrête pas très vite", gronde Patrick Seguin, ce mercredi 23 mars. Le président de la CCI Bordeaux Gironde a présenté les résultats d'une enquête flash réalisée du 10 au 16 mars 2022 auprès d'un panel de 176 chefs d'entreprise du département (*). S'ils n'ont pas de valeur scientifique, ces premiers résultats confirment les tendances qui se dessinent au niveau local comme au niveau national et international depuis plusieurs jours alors que l'invasion russe en Ukraine dure désormais depuis un mois et que les sanctions économiques contre la Russie ne cessent d'être renforcées.
Selon cette enquête, seulement 9 % des répondants ont des échanges commerciaux directs avec l'Ukraine et/ou la Russie, mais les impacts indirects sont bien plus larges. 40 % des dirigeants sondés déclarent ainsi avoir "ressenti un impact négatif immédiat sur leur activité". Une proportion qui grimpe à 54 % pour les entreprises industrielles. Ces dernières déclarent rencontrer des difficultés à 67 % au niveau de l'approvisionnement en matières premières et à 30 % au niveau du prix.
Les résultats de l'enquête flash de la CCI Bordeaux Gironde. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Une situation mouvante
Et alors que 59 % des sondés évoquent des difficultés d'approvisionnement, tous secteurs confondus, Patrick Seguin rappelle que "les CCI ont été désignées comme interlocutrices uniques de premier niveau pour les entreprises impactées par la guerre en Ukraine pour les accompagner et faire remonter les difficultés rencontrées, secteur par secteur." La cellule de crise de la CCI, désormais bien rodée après deux ans de pandémie, a ainsi été réactivée et est joignable par téléphone (05 56 79 50 00) et par mail ([email protected]).
"Les principaux sujets qui nous remontent sont les difficultés d'approvisionnement et la hausse des prix des matières premières et de l'énergie. Ces hausses sont importantes et la situation évolue très vite ! Je crains que nous ayons une forme de mur devant nous, notamment pour des entreprises du transport qui ont traditionnellement des marges faibles et sont aujourd'hui très pénalisées", précise le président de la CCI, qui alerte également les chefs d'entreprise sur le risque encore accru de cyberattaques.
Pour l'heure, ce sont les approvisionnements en pétrole et dérivés, en métaux, tels que l'acier, et en métaux précieux, notamment le titane pour l'aéronautique, qui sont les plus sensibles dans la région. "A plus long terme, il va falloir apprendre à s'approvisionner différemment et réindustrialiser le pays", souligne Patrick Seguin, qui appelle également les entreprises girondines à proposer des emplois aux quelque 11.000 Ukrainiennes et Ukrainiens qui devraient arriver dans la région.
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(*) Enquête réalisée par voie électronique du 10 au 16 mars 2022 auprès d'un panel
de 176 chefs d'entreprise girondins. Les 3/4 du panel ont moins de dix salariés. Le panel est composé de 48 % de commerce, 28 % de services, 14 % d'industrie et 3 % de BTP.
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