Pour le financier Axel Champeil, même menacée par le virus, l'année 2021 a tout pour réussir

Pour sortir de la crise dans de bonnes conditions, les entreprises vont devoir regonfler leurs fonds propres et la bourse reste une bonne option pour y arriver, veut faire savoir Axel Champeil, patron de la société bordelaise éponyme. Ce spécialiste de la finance est convaincu que 2021 pourrait être une bonne année, pour les marchés comme pour les entreprises. A condition que la confiance demeure et que les taux d'intérêts ne bougent pas.
Plus que jamais la Banque centrale européenne (BCE) tient le destin de l'Union européenne entre ses mains .
Plus que jamais la Banque centrale européenne (BCE) tient le destin de l'Union européenne entre ses mains . (Crédits : Kai Pfaffenbach)

Avec l'épidémie de Covid-19 qu'il a déclenchée, le coronavirus Sars-Cov-2 a été la sinistre vedette de l'année 2020, plombant, comme jamais depuis la Deuxième guerre mondiale, l'activité économique, la consommation des ménages et la lutte contre la pauvreté. Si l'économie ne s'est pas encore effondrée c'est que les Etats-membres de l'Union européenne ont réussi à se coordonner pour débloquer un plan de financement massif à la hauteur des enjeux.

C'est ainsi que, dans ce panorama aux relents d'apocalypse où la crise sanitaire a fini par mettre le feu à l'économie, les marchés financiers ne se sont pas effondrés, sans doute parce que la perspective d'une action financière coordonnée de l'Union européenne a été rapidement mise sur la table.

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Axel Champeil, patron de la société financière bordelaise Champeil, dernier acteur national indépendant dans ce secteur d'activité, qui va du conseil en gestion de portefeuille jusqu'à l'introduction en bourse, se montre plutôt optimiste. D'autant que l'époque est favorable aux petites et moyennes valeurs cotées sur le marché boursier, en particulier en Nouvelle-Aquitaine.

Retour des investisseurs individuels, une bonne nouvelle

"L'ex-région Aquitaine n'était pas la plus dynamique pour les cotations d'entreprises en bourse, contrairement à Poitou-Charentes et au Limousin. Sans parler de l'ex-région Midi-Pyrénées derrière laquelle nous courions. Mais aujourd'hui, avec le retour des investisseurs individuels en bourse et la remontée des liquidités, le marché actions va reprendre de la vitesse et favoriser les entreprises néo-aquitaines. Auparavant, c'était les fonds qui investissaient dans ces entreprises cotées, avec de grosses tranches de financement. En 2020, les marchés financiers ont très bien tenu le choc et conservé leur potentiel de croissance, grâce à l'importance des flux. Les investissements vont désormais se porter sur des marchés à risque", pronostique Axel Champeil pour La Tribune.

Un tournant très positif pour les valeurs de Nouvelle-Aquitaine, puisque ces investisseurs font la part belle aux petites et moyennes valeurs du marché. Il n'en reste pas moins que la pandémie de Covid-19, avec ses phases de confinement drastiques et la mise à l'arrêt de pans entiers de la vie économique, n'a pas été favorable à toutes les sociétés cotées.

Cotation des titres : un plus bas à -59,93 % en 2020

Spécialisée dans les prothèses du genou et le développement d'un dispositif très innovant pour traiter les scolioses, qui nécessite une intervention chirurgicale, la startup Implanet, implantée à Martillac, près de Bordeaux, et à Boston (Etats-Unis), a pris la crise de plein fouet. "Avec le Covid-19 il n'y a plus d'opérations, donc plus de poses de prothèses. Ce qui a handicapé Implanet", observe Axel Champeil.

D'où la contre-performance d'Implanet, qui a clôturé l'année 2020 avec un cours en chute de -59,93 %, à 1,12 euro le titre. Le groupe Parot, à Bruges (Gironde/Bordeaux Métropole), important concessionnaire automobile, a de son côté dû encaisser la chute brutale des ventes de voitures. Le groupe a reconfiguré son périmètre et opéré une levée de fonds pour faire face à cette évolution, sans pouvoir stabiliser son cours de bourse, qui finit 2020 à -58,44 %, à -1,68 euro le titre.

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Même un aussi gros joueurs que Docks Pétroles d'Ambès (DPA/Gironde/Bordeaux Métropole), a encaissé une baisse de cours de -20,43 % sur l'année 2020, tout en restant à 366 euros le titre au 31 décembre. Le chantier naval Fountaine Pajot, à La Rochelle, limite la casse, avec un recul de -9,21 % du cours de son action, à 86,80 euros le titre au 31 décembre.

Valbiotis assure son décollage boursier, en hausse de 170,54 %

Sur les 27 valeurs régionales cotées retenues dans la sélection de Champeil, où l'on retrouve les poids lourds locaux de la cote, 16 d'entre elles ont vu leurs cotations partir à la baisse en 2020. Parmi ces valeurs à la hausse, figure un groupe à la fois solide, rentable et en pointe sur son marché : Cheops Technology, à Canéjan (Gironde). Ce groupe, qui mène le bal sur le terrain de la dématérialisation informatique (cloud), a enregistré une hausse de son action de +2,62 % en 2020, à 39,20 euros le titre.

Le plus gros joueur boursier néo-aquitain sur ce segment à la hausse est Serma Group, à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole), société de service à l'industrie spécialisée dans l'expertise des systèmes énergétiques ou électroniques, qui enregistre une croissance de +10 % de son action sur 2020, à 286 euros le titre au 31 décembre 2020.

Société innovante dans la prévention du diabète, Valbiotis, à La Rochelle, qui développe un complément alimentaire dans ce sens et a signé un important accord commercial avec le groupe Nestlé, a vu le cours de son action grimper de +170,54 % en 2020, à 6,06 euros. La plus forte progression de la cote en 2020 est le fruit d'un énorme rebond, celui d'Actiplay, à Bordeaux, spécialisé dans le marketing en ligne, dont l'action a bondi de +406,92 %, à 0,81 euro le titre. Son plan de continuation a été accepté par le tribunal de commerce en décembre dernier, ce qui permet à Actiplay de sortir de la période d'observation.

La bourse, pour regonfler les fonds propres des entreprises

Pour Axel Champeil ces rattrapages spectaculaires, comme pour Actiplay, démontrent, malgré leur côté peu significatif pour la cote, qu'il y a désormais plus de liquidités et de spéculation sur le marché, signe que les investisseurs individuels, ou petits porteurs, sont vraiment de retour.

"Les introductions en bourse repartent à la hausse. Le gros enjeu en 2021 va être le renforcement des fonds propres des entreprises pour réussir la sortie de crise et dans ce cadre la bourse sera un élément clé pour y arriver, pour assurer le financement des entreprises, et je pense que cette tendance devrait continuer à se renforcer", estime l'analyste financier.

Pour autant ce dernier reste prudent et tient a rappeler que la vigilance continuera à être de mise en 2021, étant donné des risques structurels d'instabilité.

"Ces forces opposées d'espoir sanitaire et d'incertitude économique vont très certainement animer les marchés des prochains mois, voire des prochaines années. Les facteurs d'espoir sont nombreux et tangibles : la diffusion du vaccin va permettre la levée des restrictions et la reprise d'une activité normale, humaine, économique et industrielle, qui créera les conditions d'une reprise économique vigoureuse. Elle sera accentuée par les plans de relance mais aussi, potentiellement, grâce à l'investissement de l'épargne accumulée", déroule ainsi le PDG, dans sa « Lettre des gérants » datée de janvier 2021.

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Malgré les difficultés, les "agents économiques" restent zen

Du côté obscur de la force, Axel Champeil pointe l'accumulation des dettes publiques et privées, mais aussi le début d'une "période fortement dégradée, avec l'arrêt progressif des aides publiques exceptionnelles". Le gouvernement semble bien avoir conscience des risques sous-jacents de sa politique financièrement généreuse d'accompagnement des entreprises mais, comme le souligne Axel Champeil, plus que jamais la Banque centrale européenne (BCE) va jouer un rôle clé, puisque la moindre remontée des taux d'intérêts pourrait provoquer une catastrophe financière générale.

Du côté lumineux de la force : la confiance est encore là, sous condition.

"A court terme, nous constatons que les agents économiques ont une confiance dans le système économique, la dette et la monnaie : ainsi les indicateurs financiers tels que le niveau de liquidités et les taux d'intérêts seront selon nous les premiers catalyseurs des marchés financiers", commente Axel Champeil.

Au final, il conseille aux investisseurs de jouer la carte du marché actions tout en gardant suffisamment d'or et de devises sous le coude pour pouvoir faire face en cas de dérapage de l'économie.

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