La Nouvelle-Aquitaine serait-elle un cas un peu à part dans le contexte économique national post-confinement ? Les informations communiquées, avec prudence, par Fabienne Buccio, préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine et les représentants des services de l'Etat, lors de la conférence de presse de rentrée de ce mercredi matin, pourraient le laisser penser. La préfète a tout d'abord cadré son intervention, soulignant qu'il s'agissait pour elle d'éclairer les priorités stratégiques de l'Etat, tout en revenant sur le bilan 2019 de son action en Nouvelle-Aquitaine.
"Il y a bien entendu la crise sanitaire, mais les pouvoirs publics ont trois autres défis à relever, qui sont économiques, qui touchent au changement climatique et à la ruralité", a-t-elle exposé en substance, rappelant qu'en Nouvelle-Aquitaine l'Etat a investi l'an dernier 24,6 milliards d'euros, "c'est une force mais aussi une responsabilité".
Pas de vagues de licenciements dans les pertes d'emplois
Sans sombrer dans le triomphalisme, la préfète s'est félicité que, sur le plan de la pandémie de Covid-19, la ville de Bordeaux se soit nettement décorrélée de la tendance pandémique en cours à Marseille. Soulignant tout de même que la décrue bordelaise, avec un taux d'incidence passé de 210 cas à 160 pour 100.000 habitants à Bordeaux Métropole au cours des dix derniers jours, et de 170 à 140 en Gironde, était encore fragile. Le nombre de patients en réanimation reste toutefois stable, à 30, comme celui des malades hospitalisés, à 100.
Avec un volume de perte d'emplois de -1,8 % (contre -2 % en France métropolitaine), la Nouvelle-Aquitaine a perdu 40.000 postes de travail. Sachant que ces pertes d'emplois ne sont pour l'instant pas principalement dues à des licenciements mais à des fins de missions ou de contrats à durée déterminée, a observé la préfète. Ainsi les neuf plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) homologués par la Direccte dans la région au 3 septembre, depuis mars dernier, avec moins de 150 emplois concernés, ne marquent pas une aggravation par rapport à la même période de l'an dernier a précisé, Pascal Appréderisse, directeur de la Direccte de Nouvelle-Aquitaine.
Pas plus de 20 dossiers de PSE en attente d'homologation
Le patron de la Direccte de Nouvelle-Aquitaine a ainsi précisé que 20 dossiers de PSE étaient actuellement en attente d'homologation par ses services et qu'il risquait d'y avoir un coup de surchauffe du côté des PSE d'ici la fin de l'année 2020 ou début 2021. Les secteurs d'activité les plus touchés par la crise étant ceux de l'aéronautique, de l'automobile et du nautisme. "L'urgence économique est devant nous" a tranché la préfète. Le PSE en cours chez CNB à Bordeaux, par exemple, ne figure pas parmi les neuf plans recensés à ce stade par la préfecture.
Avant de revenir sur les actions entreprises par le gouvernement pour contrer la crise, soit 1,3 milliard d'euros versés au titre du chômage partiel en Nouvelle-Aquitaine, dont 450 millions d'euros en Gironde. Plan d'aide qui n'a généré que relativement peu de fraudes, soit 10 % de la totalité des dossiers vérifiés. Le gouvernement a par ailleurs accordé pour 1,6 milliard d'euros de report de charges sociales et fiscales, dont 560 millions d'euros en Gironde, et 8 milliards de prêts garantis par l'Etat (PGE), dont 3,2 milliards d'euros en Gironde.
Plus d'argent et de secteurs dans le contrat de plan
Dans les plans d'aide à l'activité industrielle, la préfète a notamment rappelé le lancement d'un fonds de modernisation de l'aéronautique, avec onze entreprises lauréates au titre du premier appel à projet (pour un montant global de 7,5 millions d'euros) dont deux de Nouvelle-Aquitaine : Aunis Production Industrie, à Rochefort (Charente-Maritime), pour l'acquisition d'un nouveau matériel permettant la diversification dans l'agroalimentaire, et Venta, à Narcastet (Pyrénées-Atlantiques), pour le développement d'un procédé innovant de fonderie.
Fabienne Buccio a également précisé que le futur contrat de plan Etat-Région (CPER) 2021-2027 était en cours de négociation, jusqu'au mois de juin, expliquant qu'à périmètre égal l'Etat apporterait davantage de moyens financiers dans l'enveloppe, et que ce CPER allait pour la première fois inclure de nouveaux domaines : la culture, la santé, la formation professionnelle et la cohésion territoriale. En ce qui concerne la protection de l'environnement et de la biodiversité elle a notamment précisé qu'en Gironde la surface des terrains défrichés promis à l'urbanisation était passée de 140 hectares en 2017 à 50 hectares en 2019, tandis que les refus de défricher sont passés de 2 hectares en 2016 à 136 hectares en 2019.
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