En Nouvelle-Aquitaine, coup d'arrêt pour la viticulture, le tourisme et l'aéronautique

INCERTITUDES. La région Nouvelle-Aquitaine a jusque-là échappé à la pandémie de Covid-19 mais s'inquiète des conséquences de la crise économique sur trois secteurs clés : le tourisme, le vin et l'aéronautique.
La fréquentation touristique à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine sera un élément déterminant de la reprise.
La fréquentation touristique à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine sera un élément déterminant de la reprise. (Crédits : Agence APPA)

Le Sud-Ouest a été confronté très tôt au coronavirus, puisque c'est bien au CHU de Bordeaux qu'a été pris en charge le premier patient français contaminé dès le 23 janvier... Ce qui n'empêche pas la région Nouvelle-Aquitaine d'avoir été ensuite très largement épargnée par la pandémie, à tel point qu'il n'y a tout simplement pas de surmortalité constatée en 2020 par rapport à 2019.

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Le système régional de santé a ainsi pu faire face de manière relativement sereine au virus et jouer le rôle de base arrière pour soulager le front. Dans le cadre d'une opération logistique et médicale hors normes, cinq TGV et huit avions entièrement médicalisés ont exfiltré 129 patients placés en réanimation du Grand Est (84) et de l'Île-de-France (45) vers les centres hospitaliers néo-aquitains. Une solidarité territoriale qui s'est aussi traduite par l'envoi de 36 soignants volontaires néo-aquitains pour relayer et épauler leurs collègues de Metz, Nancy et Strasbourg.

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Mais maintenant que la vague de contamination semble passée, ce sont les conséquences économiques du confinement qui inquiètent salariés, élus locaux et décideurs économiques. Et celles-ci pourraient être aussi durables que dévastatrices. Très dynamique ces dernières années, tout particulièrement dans sa moitié littorale, la Nouvelle-Aquitaine risque de subir un coup d'arrêt tant elle combine trois secteurs économiques très touchés par la crise : l'hôtellerie-restauration et le tourisme (140.000 emplois), la viticulture (54.000 emplois) et l'aéronautique et le spatial (45.000 emplois).

« La filière aéronautique est très durement touchée par les annulations et reports massifs de commandes, sans aucune visibilité à court, moyen, et long terme. Les sous-traitants de rang 1, 2 et 3 souffrent en cascade. Des plans sociaux sont déjà envisagés et il faut s'attendre au pire pour le second semestre et pour 2021 », alerte sans détour, Xavier Esturgie, vice-président délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Aquitaine.

Une saison estivale déterminante

La filière vin n'est pas mieux lotie, puisque le coronarivus, qui paralyse l'activité à l'export, vient s'ajouter à des difficultés déjà nombreuses tant à l'international que sur le marché français. De quoi inciter le vignoble bordelais à se réinventer, notamment en accélérant dans le bio et l'e-commerce, faute de quoi un nombre significatif de châteaux et propriétés pourraient disparaître.

"L'Union européenne ne répond à aucune des attentes de la filière vin du point de vue financier. De son côté, le gouvernement n'a toujours pas accepté de créer un fonds de compensation pour les entreprises de la filière, pénalisées par les États-Unis dans le cadre de leur contentieux avec Airbus", regrette Bernard Farges, le président du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux).

La réouverture des cafés, bars et restaurants a certes apporté une bouffée d'oxygène aux professionnels du vin comme à ceux du tourisme, mais ce sera pour une saison estivale tronquée de plusieurs semaines d'activité. En juillet et en août, le degré de confiance des touristes français dans l'avenir sera bien l'élément déterminant pour préserver autant que possible un secteur qui a pesé l'an dernier 18 milliards d'euros de consommations touristiques, soit 9% du PIB néo-aquitain. Alors que le conseil régional défend depuis plusieurs années un tourisme plus écologique, plus rural et plus lent, cette saison 2020 fera office de crash test grandeur nature mais sans droit à l'erreur. Faute de quoi le réveil à l'automne sera douloureux.

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9 % : LA PART DU PIB NÉO-AQUITAIN QU'A REPRÉSENTÉ EN 2019 LE SECTEUR DU TOURISME/ RESTAURATION, SOIT 18 MILLIARDS D'EUROS.

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