Nouvelle-Aquitaine (Banque de France et CCI) : l'activité reste bien orientée dans les entreprises

Les enquêtes de tendance présentées conjointement par la Banque de France et la CCI de Nouvelle-Aquitaine convergent et dessinent le portrait d’une économie régionale cuvée 2019 qui reste dynamique, malgré des écarts parfois marqués entre secteurs.
Jean-Marc Figuet, Denis Lauretou, Jean-François Clédel, Régis Haumont et Martine Domecq.
Jean-Marc Figuet, Denis Lauretou, Jean-François Clédel, Régis Haumont et Martine Domecq. (Crédits : Agence Appa)

La Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nouvelle-Aquitaine a pour la première fois participé à la présentation de l'analyse de la tendance économique régionale, le 18 septembre au pôle judiciaire et juridique de l'Université de Bordeaux. Un exercice habituellement réalisé par le seul bureau régional de la Banque de France, présenté en partenariat avec le Laboratoire d'analyse et de recherche en économie et finance internationales (Larefi) de l'Université de Bordeaux.

La tribune était ainsi occupée par le professeur Jean-Marc Figuet, du Larefi, assis à côté du patron de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, Denis Lauretou, avec ensuite Jean-François Clédel, président de la CCI de Nouvelle-Aquitaine, Régis Haumont, directeur adjoint de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine et Martine Domecq, responsable du service d'information économique de la CCI régionale. Jean-François Clédel a estimé qu'au premier semestre 2019 pour les TPE (très petites entreprises) et PME (petites et moyennes entreprises), qui rassemblent l'essentiel des ressortissants de la CCI régionale, "le contexte économique est bien meilleur, après la situation fragile de 2018".

La France portée par la demande intérieure

Denis Lauretou a démarré quant à lui sur un rappel aux fondamentaux macro-économiques. Avec un développement de son produit intérieur brut (PIB) calé autour de +1,2 à +1,4 % par an, le directeur de la Banque de France a estimé que notre pays était résilient, alors que l'Allemagne connaît une situation plus difficile.

"Avec une croissance de +0,3 % au 3e trimestre 2019, la croissance française marque un ralentissement dû au rétrécissement des exportations, alors que la demande intérieure reste soutenue, notamment grâce à un gain de pouvoir d'achat de +2,3 % en 2019" a tempéré Denis Lauretou.

Bien sûr le contexte international pourrait s'altérer encore. Mais dans l'immédiat c'est surtout l'évolution paradoxale de l'inflation qui semble retenir l'attention des analystes. Comme l'a souligné Denis Lauretou les prévisions tablent sur un taux d'inflation de +1,1 % "mais attention car cette prévision est très liée à l'évolution du prix de l'énergie et en premier lieu à celle du cours du Brent (pétrole de la mer du Nord qui sert de référence -NDLR)" a prévenu avec raison le patron régional de la Banque de France.

Le pétrole n'a pas flambé, et l'inflation baisse

Pourtant l'attaque de drones de la nuit du 13 au 14 septembre revendiquée par les rebelles yéménites houthis contre la raffinerie Aramco d'Abqaïq, la plus grande d'Arabie Saoudite, et le champ pétrolifère de Khurais, n'a pas occasionné les monstrueux dégâts qui avaient été annoncés au départ, avec une prévision de chute de 50 % de la capacité de raffinage saoudienne. Les marchés financiers ne s'y sont pas trompés puisque au plus fort des prévisions les plus catastrophistes le cours du baril de Brent n'avait grimpé que de 7 % en près d'une semaine...

Dix jours apres les attaques, aramco a retabli ses capacites de production

Il n'a fallu que dix jours à Aramco pour rétablir la production de sa raffinerie après l'attaque des drones.

Mais certains analystes ont vu aussi dans cette atonie de la spéculation l'effet du réel, puisque de très nombreux investisseurs ne voient aucune perspective de croissance économique forte à l'horizon. Et donc, de ce point de vue, le cours du baril n'a pas flambé parce que personne n'anticipait de hausse des besoins en énergie à court terme. Il n'est donc pas surprenant que la tendance de fond de l'évolution économique en France, mais aussi dans la zone euro, révèle une faiblesse de l'inflation.

Dans notre pays celle-ci a du mal à rester proche de la barre des 2 % fixés par la Banque centrale européenne (BCE) et glisse vers le zéro. Sachant qu'idéalement elle devrait se caler juste au-dessous de cette borne des 2 %, sans la dépasser.

L'activité des TPE et PME jugée positivement

Etant donné que la création d'emplois progresse, tout comme le niveau des salaires, la masse monétaire augmente et l'inflation devrait suivre le même chemin. Et pourtant ce n'est pas le cas. Pour le moment rien ne se passe comme prévu ce qui n'empêche pas, comme l'a rappelé Denis Lauretou, que "dans la zone euro l'économie française tire son épingle du jeu". Réalisée auprès de 3.816 chefs d'entreprises néo-aquitains, l'enquête du 1er semestre 2019 de la CCI de Nouvelle-Aquitaine exprime des soldes d'opinion pondérés à l'échelle régionale. Elle montre qu'au premier semestre 2019 les chiffres d'affaires se redressent, tout comme les carnets de commandes des TPE et PME.

Les recrutements devraient progresser de 0,3 % dans l'industrie régionale contre +3 % entre 2017 et 2018.

A six mois les perspectives sont toutes positives sur ces sujets. La progression régionale des chiffres d'affaires enregistrée à l'issue du premier semestre 2019 pour l'ensemble des secteurs d'activité est ainsi de +10 %. Avec des variations très nettes d'un domaine à l'autre : +4 % pour le commerce, +11 % pour les services, +13 % pour l'industrie et +25 % pour la construction. Cette évolution de l'activité s'accompagne d'une prévision très positive au second semestre, à +25 %. Le niveau des carnets de commandes suit une évolution encore plus positive, avec une hausse de 18 % au premier semestre et une prévision à +25 % au second.

Des investissements bien orientés : l'appétit est là

Le baromètre de la CCI de Nouvelle-Aquitaine montre que la trésorerie a connu un premier semestre 2019 blanc, à 0 % d'évolution, mais affiche une prévision positive à +18 % pour le second semestre. Frappées par une évolution négative au premier semestre, à -8 %, les marges des entreprises devraient se redresser au second, à +1 %. Ce contexte général est porté par une évolution significativement positive des investissements, en hausse de 33 % au premier semestre et avec une prévision de +26 % au second.

L'évolution des effectifs salariés est positive en progression de +3 % au premier semestre 2019, avec une prévision très bien orientée au second, à +8 %. Dans l'industrie cette évolution est de +1 % au premier semestre avec une prévision à +9 % au second, contre +6 % au premier semestre dans la construction avec un horizon de +13 % au second, ce qui se traduit par +2 % au premier semestre dans le commerce avec une attente à +6 % au second, et +4 % dans les services au premier semestre contre +9 % au second.

L'activité à la baisse dans les grandes entreprises

L'étude du bureau régional de la Banque de France de Nouvelle-Aquitaine a quant à elle portée sur 950 entreprises ou établissements représentant 150.000 emplois. Elle pointe une inflexion plutôt dépressive des prévisions dans l'industrie suite à la montée des tensions internationales, avec une prévision de croissance du chiffre d'affaires ramenée à +2 % pour l'année contre +4,4 % en début d'année. Le moral est meilleur dans les services marchands, avec une prévision annuelle d'activité à +4 % contre +3,6 % au début de l'année.

Cette tendance de réévaluation positive est encore plus marquée dans la construction, avec une prévision 2019 à +3,1 % contre +1,5 % en début d'année. Les taux d'évolution de l'activité mesurés entre 2017 et 2018 sont tous bien orientés, avec +3,4 % dans l'industrie, +5,9 % dans les services marchands et +6,3 % dans la construction. Il en va de même pour les effectifs mais de façon plus mesurée. Ces derniers ont ainsi augmenté de +3 % entre 2017 et 2018 dans l'industrie, +4,8 % dans les services marchands et +2,4 % dans la construction. Les prévisions de recrutements pour 2019 sont les suivantes : +0,3 % dans l'industrie (contre +0,9 % attendu en début d'année), +3,1 % dans les services marchands (contre +2,5 %) et +0,5 % dans la construction (contre +0,4 %). Globalement et malgré les menaces qui planent sur le commerce à l'échelle internationale, l'année économique 2019 devrait rester positive.

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