Nouvelle-Aquitaine : une activité dynamique menacée par des investissements en panne

L'Ordre des experts-comptables d'Aquitaine souligne le dynamisme des entreprises de la nouvelle région tout en s'inquiétant de la baisse de leurs investissements. Sur un terrain plus politique, à quelques jours de l'examen du projet de budget pour 2019 au Parlement, ces professionnels avancent "dix propositions pour libérer l'entreprise". Au programme : baisse de la fiscalité, simplification des procédures et formation professionnelle.
La croissance du chiffre d'affaires des entreprises de Nouvelle-Aquitaine est au rendez-vous depuis le début de l'année bien que des disparités persistent entre les départements.
La croissance du chiffre d'affaires des entreprises de Nouvelle-Aquitaine est au rendez-vous depuis le début de l'année bien que des disparités persistent entre les départements. (Crédits : Ordre des experts-comptables d'Aquitaine)

Après une introduction résolument libérale du chroniqueur Jean-Marc Daniel, l'Ordre des experts comptables a présenté, ce 26 septembre, son baromètre de l'activité économique des entreprises de Nouvelle-Aquitaine. Il est issu de l'outil Statexpert à partir des données transmises par les experts-comptables à l'administration fiscale notamment sur les TPE et PME.

Chiffre d'affaires en hausse de 2,4 % au 2e trimestre

En termes de chiffres d'affaires, les entreprises de la région font preuve d'une dynamisme supérieur à la moyenne nationale avec une croissance supérieur à +2 % sur les quatre derniers trimestre. En 2018, les 28.000 entreprises du baromètre ont ainsi vu leur chiffre d'affaires augmenter de +2,6 % au premier trimestre et de +2,4 % au deuxième contre, respectivement, +1,8 % et +2,1 % en moyenne pour la France. Tous les départements néo-aquitains connaissent une hausse mais certains se détachent nettement : les Deux-Sèvres et la Charente ont ainsi connu une croissance supérieure à 5 % au premier trimestre 2018 tout comme la Dordogne au deuxième.

Quant aux secteurs d'activité, le commerce, avec une croissance de l'activité supérieure à +3 % au cours des deux premiers trimestre 2018, se montre plus robuste que la construction qui connaît une pause après plusieurs années d'activité intense (+1,5 % et +0,2 %). Au sein des services, l'immobilier, très dynamique, connaît un moins bien tandis que la logistique et l'information/communication restent très vifs.

Experts-comptables

De gauche à droite : Lucas Sarlange, vice-président de l'Ordre des experts-comptables d'Aquitaine, Alexandre Salas-Gordo, président, Jean-Marc Daniel, professeur d'économie à l'ESCP Europe, et Christian Prat Dit Hauret, expert-comptable et professeur d'université (Crédits : PC / La Tribune).

L'ombre des investissements

La seule ombre au tableau concerne l'évolution des investissements des entreprises néo-aquitaines qui sont en berne depuis la fin 2017. Au deuxième trimestre 2018, ces investissements ont ainsi reculé de -4,7 % quand la tendance nationale était de -3,3 %. Les départements de l'ex-Aquitaine sont particulièrement concernés. Pour Christian Prat Dit Hauret, expert-comptable et professeur d'université à l'IAE de Bordeaux, le problème et la solution sont évidents :

"La baisse des investissements est liée à leur rentabilité insuffisante aux yeux des chefs d'entreprises. Il faut donc mettre en place une politique incitative, à savoir défiscaliser les investissements, diminuer les prélèvements fiscaux et sociaux sur les entreprises et améliorer la compétence et la formation des salariés."

Une affirmation qui amène l'Ordre des experts comptables sur le terrain politique alors que l'examen du projet de loi de finances pour 2019 débutera dans quelques jours à l'Assemblée nationale. "Ce texte ne porte pas de réformes d'envergure mais plutôt des évolutions techniques. Dans ce contexte d'évolution législative, nous assumons de porter dix propositions économiques dont la plupart sont concrètes, simples et réalisables", fait valoir Alexandre Salas-Gordo, le président de l'Ordre des experts-comptables d'Aquitaine. Objectif revendiqué de ces propositions : "libérer l'entreprise qui se sent corsetée par la complexité de la réglementation et le poids de la fiscalité."

Dix propositions pour "libérer l'entreprise"

"95 % des entreprises de Nouvelle-Aquitaine sont des micro-entreprises au sens européen du terme, c'est-à-dire moins de 10 salariés ou un chiffre d'affaires ou un bilan inférieur à 2 M€", ajoute Christian Prat Dit Hauret, pour qui "l'enjeu est donc d'arriver à les faire grandir parce que si chacune double sa taille, cela créerait plus de 200.000 emplois !"

Pour atteindre ces objectifs, dix propositions sont donc mises sur la table :

  • Créer un portail unique fiscal et social pour permettre aux entreprises de ne déclarer qu'une seule fois chaque document.
  • Réduire les prélèvements sociaux et fiscaux sur les entreprises en compensant le manque à gagner par une taxe sur les flux de données et la fiscalisation de l'activité des GAFA en France.
  • Favoriser les transmissions des TPE et des PME aux cadres dirigeants via une suppression de la CSG sur la plus-value.
  • Mieux contrôler le respect de la loi en matière de crédits inter-entreprises.
  • Faciliter les démarches des TPE et PME pour répondre aux appels d'offres.
  • Encourager l'investissement des entreprises notamment en baissant la fiscalité.
  • Renforcer la formation professionnelle initiale et tout au long de la vie.
  • Créer des pôles de compétences (cuir, silver economy, neuro-sciences, etc.) et soutenir le développement économique des villes moyennes.
  • Favoriser l'intrapreneuriat au sein des ETI et grands groupes de la région.
  • Mener une étude sur les raisons de la disparition d'un tiers des entreprises à cinq ans afin de diminuer ce taux d'échec.

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