La digitalisation au cœur de la croissance régionale selon la Banque de France

La hausse des services néo-aquitains surclasse les prévisions de croissance grâce au très fort dynamisme de sa branche informatique, portée par la digitalisation des entreprises, explique la dernière étude de conjoncture de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine. L’industrie reste positivement orientée mais enregistre un retour à la normale un peu sec.
Technologies informatiques et de l'information sont au coeur de la digitalisation de l'enteprise : un secteur en plein boom.

L'enquête annuelle "Prévisions de rentrée" présentée ce lundi matin par le bureau régional de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, dont Patrick Berger est le directeur, a été réalisée en juillet dernier. Elle porte sur 1.000 entreprises ou établissements de la région et 150.000 emplois.

"Pour la première fois en Nouvelle-Aquitaine, nous avons actualisé notre grande enquête du début d'année. Et pour la première fois nous avons interrogé les chefs d'entreprise au mois de juillet sur l'évolution de leur activité, ce qui nous a permis de confirmer ou d'infirmer les prévisions qui avaient été faites" a recadré Patrick Berger avant de dérouler la présentation des chiffres, en compagnie de Régis Haumont, son adjoint, et de Yannick Portejoie, économiste et statisticien à la direction des affaires régionales.

Malgré la révision de la croissance nationale du PIB (produit intérieur brut) à la baisse, Patrick Berger juge que cette dernière reste robuste, avec une évolution pointée à +1,6 % pour 2018, soit encore au-dessus du potentiel réel de l'économie tricolore (entre +1,2 et +1,3 % par an). Et Patrick Berger juge l'année 2017 "exceptionnellement favorable, avec une croissance annuelle du PIB à +2,3 %, soit la plus élevée depuis dix ans".

Petit coup de mou dans l'industrie

L'évolution de l'économie en 2018 reste bien orientée en Nouvelle-Aquitaine, mais les contrastes entre industrie et services continuent à se creuser, la première subissant une érosion sensible par rapport à la seconde. Cet écart se nourrit de phénomènes conjoncturels, comme la fermeture des usines en été, mais aussi de tendances plus lourdes. Le patron de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine insiste pour souligner que même dans l'industrie la tendance reste tout de même positive.

Ce qui est vrai mais n'empêche pas la courbe de l'indicateur des affaires pour l'industrie de se replier sur sa moyenne de longue période (base à 100 points) après avoir dépassé les 110 points l'an dernier. Alors que dans le même temps la courbe de l'indicateur des affaires pour le secteur des services reste à plus de 110 points. Ce point de rentrée sur l'enquête annuelle permet de réactualiser l'évolution économique régionale pour l'affiner davantage. Ainsi la projection de l'évolution du chiffre d'affaires pour l'industrie régionale ne se vérifie pas. Estimée à +3,7 % pour l'année 2018 en janvier dernier, elle a été ramenée à +3,1 %. L'évolution est un peu similaire pour les effectifs, avec une première estimation à +0,9 % qui vient d'être corrigée à +0,2 %.

Le secteur des services au-delà des prévisions

Les prévisions de rentabilité d'exploitation des entreprises industrielles sont légèrement revues à la baisse. Les prévisions de hausse de rentabilité sont ainsi ramenées à 40 % (contre 48 % en début d'année), tandis que celles qui concluent à la baisse montent de 7 % en janvier à 18 % en juillet. Les partisans de la stabilité s'effritent légèrement, de 46 % en janvier à 43 % en juillet. Malgré un recul sensible, les investissements restent bien orientés avec 41 % de prévisions à la hausse (contre 49 % en janvier) pour une stabilité qui passe de 24 % en janvier à 36 % en juillet. Le volet baisse des investissements est en recul à 22 % (contre 26 % en janvier). L'orientation dans les services est diamétralement opposée en terme d'activité à celle de l'industrie puisqu'en janvier la progression du chiffre d'affaires de ce secteur en 2018 était pronostiquée à +2,9 % et qu'elle a été corrigée à +5,5 % en juillet !

"Le monde digital avec les services informatiques et d'information connait une forte hausse d'activité puisqu'elle était évaluée à +2,8 % en janvier et qu'elle a été corrigée à +8,9 % en juillet.... Contre +3,5 % en 2017. La digitalisation des entreprises est l'un des grands moteurs de cette poussée. Les activités d'ingénierie juridique et comptable, et l'intérim connaissent aussi une croissance du même niveau en juillet, à +8,9 % contre +3,9 % évalué en janvier" éclaire Régis Haumont.

Construction : une activité soutenue

Les prévisions de rentabilité sont plus nuancées tout en restant positives : elles sont maximales, à 58 %, dans les activités de conseil juridique, comptable, architecture et intérim, devant les services informatiques et d'information (38 %), l'hébergement (15 %) et les transports (13 %). Les prévisions de rentabilité concernant l'hébergement, où se trouvent les hôteliers, ont été fortement dégradées entre janvier et juillet. Les partisans de la baisse sont ainsi passés de 9 % à 17 % au cours de la période tandis que celles portant sur la hausse étaient ramenées de 30 % à 15 %.

C'est la stabilité qui a pris le dessus (69 %). Le secteur du transport connait une évolution comparable avec une prévision de stabilité à 76 %. Les prévisions de production se sont améliorées dans le secteur de la construction, passant de +3,2 % à +4,6 % entre janvier et juillet 2018., contre +7,2 % en 2017. Pour les effectifs la projection est moins positive puisqu'elle passe de +1,8 % à +1,2 %, contre +2,4 % en 2017. La rentabilité reste bien orientée, bien que légèrement moins favorable, et les prévisions d'investissements en progression, révisées à la hausse en juillet.

La construction ne forme pas un bloc monolithique mais la production y reste bien orientée à peu près partout même si les performances sont plus modestes qu'en 2017. La production progresse ainsi dans tous les secteurs : le Bâtiment, à +4,4 % en juillet (contre +3,2 % en janvier), le gros œuvre, à +3,6 % en juillet (+3,5 % en janvier), le second œuvre, à +5,5 % en juillet (+3,1 % en janvier). Viennent ensuite les travaux publics, qui maintiennent leur redressement, à +5,3 % en juillet contre +3,3 % en janvier (et +9 % en 2017). Une évolution que le directeur de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine juge globalement très positive.

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