CIP : une aide gratuite encore trop mal connue par les chefs d'entreprises

Bordeaux accueillait ce vendredi la "Journée annuelle des CIP territoriaux". Cette structure est là pour aider les chefs d’entreprises à se sortir dans les meilleures conditions de situations difficiles.
Les dettes sociales font également parti des problèmes que le CIP peut aborder grâce à la CCSF.
Les dettes sociales font également parti des problèmes que le CIP peut aborder grâce à la CCSF. (Crédits : Regis Duvignau)

Cette journée dédiée aux CIP territoriaux a été accueillie par la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux Gironde (CCIBG). Les centres d'information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP), créés en 1999, font partie de la boîte à outils pour éviter aux chefs d'entreprises d'avoir de trop mauvais réveils et William Nahum, président national du CIP, qui fédère 67 CIP territoriaux, a fait le voyage à Bordeaux, dont le CIP est présidé par Jérôme Dirou, Bâtonnier de Bordeaux. Schématiquement le CIP est là pour aider les chefs d'entreprise à faire face à leurs échéances fiscales et sociales, à négocier avec leurs fournisseurs et prestataires, à préparer une procédure auprès du tribunal de commerce, etc.

"Nous proposons des entretiens anonymes de 40 minutes. Ce qui est compliqué, c'est de faire venir les gens. Dans les pays anglo-saxons le dépôt de bilan c'est un acte de gestion, en France c'est difficile, honteux. Depuis 2013, date de création du CIP à Bordeaux, 300 chefs d'entreprises ont fait appel à notre aide, rappelle Lucas Sarlange, vice-président du conseil régional de l'Ordre des experts-comptables d'Aquitaine. Le CIP Bordeaux, poursuit-il, compte un expert-comptable, un avocat, un juge consulaire et un administrateur judiciaire, ce qui est une spécificité locale. Ce qui est bien avec un administrateur judiciaire, c'est que sa présence conforte le process que l'on propose", déroule l'expert-comptable.

"Des rendez-vous confidentiels"

Le CIP, dont les intervenants sont bénévoles, essaie d'obtenir des règlements amiables, des conciliations, et dirige régulièrement les dirigeants d'entreprise qui font appel à lui vers la médiation d'entreprise, la médiation du crédit ou encore la CCSF (commission des chefs de services financiers) pour les dettes sociales. En plus des entreprises classiques et des commerçants, la CIP s'intéresse aussi aux professions réglementées, comme par exemple les architectes, susceptibles de rencontrer les mêmes types de problèmes.

"J'insiste sur le fait que nos rendez-vous sont confidentiels, gratuits et rapides" a relevé Jérôme Dirou. Patrick Seguin, président de la CCIBG, est naturellement intéressé par la CIP, initiative à laquelle collaborent les chambres consulaires, mais il a également témoigné en tant que chef d'entreprise et spécialiste des reprises.

"J'ai été repreneur à six reprises et la première fois ça ne s'est pas bien passé. Je me suis retrouvé devant le tribunal de commerce. C'est dans des moments comme ça que l'on se retrouve très seul. Sans le soutien de ma femme je n'aurais pas pu tenir. Dès qu'il y a des emplois en jeu c'est plus facile, car différentes aides peuvent intervenir" a éclairé Patrick Seguin.

Il a ensuite rappelé le nombre de chefs d'entreprises qui ont été accueillis par le CIP Bordeaux, soit 55 en 2016, 18 en 2017 avant de remonter à 15 à la mi-2018.

Confusion entre chiffre d'affaires et bénéfices

La prochaine réunion du CIP Bordeaux aura lieu le 20 septembre. "Nous envoyons 56 % des chefs d'entreprises qui viennent nous consulter vers le tribunal de commerce, 34 % vers des procédures de négociations collectives ou individuelles et 10 % vers un conseil en entreprise" déroule Patrick Seguin. L'origine des difficultés que connaissent les chefs d'entreprises sont variées : 30 % viennent de difficultés d'exploitation, 26 % de retards de paiement, 20 % de problèmes de trésorerie, 14 % suite à une assignation ("ça crée la panique" observe Patrick Seguin) et 10 % de litiges lors de procés. Le président y voit, au moins partiellement, l'impact des différentes mesures de simplifications adoptées par les gouvernements successifs pour créer une entreprise.

"Certains créent leur entreprise avec 1.000 euros et vogue la galère, sans trésorerie et souvent sans réflexion et au moindre problème tout se casse la figure. Il y a encore des dirigeants d'entreprises qui confondent chiffre d'affaires et bénéfices, qui ne savent pas à la fin de la journée s'ils ont perdu ou gagné de l'argent" égrène le président de la CCI Bordeaux Gironde.

Le vice-président du conseil régional de l'Ordre des experts-comptables a souligné de son côté qu'il fallait également prendre en compte de nouvelles évolutions très défavorables, comme la hausse des loyers, avec des prix qui ne sont plus en adéquation avec les chiffre d'affaires.

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