Le déficit naturel se creuse en Nouvelle-Aquitaine

L'écart entre le nombre de naissances et de décès s'est accru dans la région avec un solde négatif de 7 000 individus en 2016, à la suite d'une année 2015 qui avait déjà enregistré une forte détérioration. Ce constat résulte à la fois d'une chute des naissances et d'une hausse brutale de la mortalité, selon une étude de l'Insee Nouvelle-Aquitaine publiée ce mercredi 28 février.
(Crédits : Pascal Rabiller)

Des générations nombreuses atteignent désormais des âges avancés, et ce alors même que le taux de fécondité et le nombre de femmes en âge de procréer diminuent. Dans la région, ces tendances s'accentuent par les mobilités interrégionales de la population, et seule la Gironde et, dans une moindre mesure, la Vienne bénéficient encore d'un excédent naturel. En somme, la Nouvelle-Aquitaine enregistre le déficit naturel le plus important des régions françaises. Un constat qui peut paraître surprenant face à l'attractivité de la région qui reste au beau fixe. Ce déficit naturel, observé depuis 2012, s'accentue fortement sur la période la plus récente. Les trois premières années, il oscillait entre -1000 et -2000 pour se détériorer considérablement dès 2015, atteignant -6 700 sous l'effet conjugué d'une baisse de la natalité et d'une forte hausse de la mortalité.

Maternités tardives et emplois précaires

Les naissances en Nouvelle-Aquitaine sont en diminution constantes depuis l'embellie des années 2008 à 2010, où le nombre de nouveau-nés dépassait les 60 000. L'étude montre qu'en 2016, on compte 5.000 naissances de moins qu'en 2010 dans la région. Différents facteurs peuvent expliquer cette évolution. Les femmes ont tout d'abord moins d'enfants et le taux des plus fécondes (entre 20 et 40 ans) diminue chaque année de 3.000 depuis 2010. Les maternités sont aussi de plus en plus tardives et l'exposition des jeunes entrants sur le marché du travail, à des formes d'emploi précaire, sont susceptibles de retarder les projets de grossesse.

Le vieillissement des baby-boomers

En 2016, le nombre des décès baisse de 0,8% dans la région, une faible diminution après une hausse brutale de 6,2% en 2015. Cette dernière année a vu une forte surmortalité constatée au cours des mois de janvier, février et mars avec 2 800 décès de plus sur ces mêmes mois qu'en 2014. Mais l'accélération du rythme des décès est plus ancienne ; en 2012, le seuil des 60.000 décès par an a été franchi et il a même atteint les 63.000 décès en 2015, total le plus élevé de ces 40 dernières années. L'allongement de l'espérance de vie, les générations relativement nombreuses nées entre les deux guerres et les personnes issues de l'immigration à cette période sont arrivées aux âges de très forte mortalité. Et à cela s'ajoute l'effet du baby-boom. Les populations nombreuses nées entre 1946 et 1973 parviennent, elles aussi, aux âges où la mortalité commence à s'élever.

La population continue d'augmenter

La Nouvelle-Aquitaine compense tout de même son solde naturel négatif par son solde migratoire très favorable, atteignant 29.800 personnes par an selon des chiffres de 2014. Il ne faut pas non plus oublier que la région était la quatrième plus peuplée de France en 2015, sa population augmentant de 0,6% par an. Cela n'empêche pas de nombreuses disparités en fonction des départements. Et même si la natalité reste dynamique en Gironde, elle s'oriente à la baisse depuis peu en Vienne et dans les Deux-Sèvres. Ces trois départements sont ceux qui comptent le plus d'habitants de moins de 25 ans dans la région. Ils sont notamment attirés par l'offre universitaire de la Gironde et de la Vienne, alors que le département des Deux-Sèvres bénéficie d'une fécondité traditionnellement élevée. La Corrèze, la Dordogne et la Creuse s'enfoncent dans un déficit persistant, attirant les retraités mais désertées par ses jeunes. La Haute-Vienne arrive toutefois à attirer une population jeune grâce à ses pôles d'enseignement supérieur. Mais une fois diplômée, une grande partie quitte le département. Et les arrivées de personnes âgées en Haute-Vienne sont très peu excédentaires sur leurs départs, limitant ainsi le vieillissement de la population. Quant aux départements de la Charente, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques, ils conservent un taux équilibré entre naissances et décès.

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