Poitou-Charentes : une pauvreté monétaire contenue mais des risques d’exclusion sociale

La dernière analyse de l’Insee s’intéresse à la question de la pauvreté monétaire et de l’exclusion sociale en Poitou-Charentes. Cette région de 1,8 million d’habitants compte 233.000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté et un taux d’illettrisme élevé qui concerne 4,1% des jeunes de moins de 17 ans.
En Poitou-Charentes, tous les indicateurs signalent un marché du logement peu tendu (ici Poitiers).

Dans sa dernière enquête publiée ce matin, "Poitou-Charentes : une pauvreté monétaire contenue mais des risques d'exclusion sociale multidimensionnelle", l'Insee rappelle qu'en 2012, 233.000 Picto-Charentais vivaient sous le seuil de pauvreté, soit 13,4 % de la population. Ce taux de pauvreté varie de 12,3 % dans les Deux-Sèvres à 14,8 % en Charente. Mais cette proportion demeure inférieure à la moyenne de France de province (hors Ile-de-France) qui s'élève à 14,1 %. Le seuil de pauvreté correspond, en 2012, à 987 euros par mois pour une personne seule, à 1.285 euros pour un parent seul avec son enfant, et de 2.075 euros pour un couple avec deux enfants.
Quelques indicateurs restent positifs : les départements picto-charentais bénéficient de multiples atouts, notamment dans le domaine du logement et en faveur de l'enfance. Ils ne sont cependant pas homogènes ni exempts de difficultés : précarité sur le marché du travail, illettrisme (4,1 sur les jeunes de moins de 17 ans contre 3,5% en France d'illettrisme), précarité énergétique. La faible accessibilité aux soins est également relevée : en Poitou-Charentes, 13 % de la population réside à plus de 7 mn des équipements de santé de proximité, alors qu'elles ne sont que 9 % dans ce cas en province.

Et l'emploi ?

Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage s'élève à 9,6 % dans le Poitou-Charentes. Ce taux est plus élevé en Charente-Maritime (10,9 %), en lien avec le caractère saisonnier d'une partie de l'emploi, et en Charente (10,3 %), suite à une crise durable de l'emploi. Les salariés en contrat à temps partiel et à durée limitée concernent 6,3 % des salariés de Poitou-Charentes en 2012 contre 5,8 % en moyenne en France de province. Au final, 9,8 % des Picto-Charentais vivant dans un ménage dont le revenu est issu majoritairement de salaires sont pauvres.

En termes d''immobilier, les tensions touchent surtout à l'énergie. Les habitants sont davantage exposés qu'ailleurs à la précarité énergétique. Ainsi, 113.000 ménages picto-charentais consacrent plus de 10 % de leurs revenus à se chauffer et à produire l'eau chaude de leur logement. En revanche, tous les indicateurs signalent un marché du logement peu tendu. Le taux de vacance (8,3 %) est supérieur à la moyenne de France de province (7,7 %). La part du logement social est faible en Poitou-Charentes : 8,8 % contre 12,9 % en moyenne en France de province.

Dans les continuum géographiques de la pauvreté

À l'instar des grandes tendances géographiques en matière de pauvreté monétaire, des continuum géographiques influencent aussi les phénomènes de pauvreté non monétaires.
Dans la nouvelle région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes ( ALPC), la Corrèze et les Pyrénées-Atlantiques appartiennent aussi à la classe des départements cumulant des forces - ou limitant les fragilités - dans des domaines variés. Ils sont très proches des Deux-Sèvres par leur faible chômage, la réussite de l'inclusion sociale des jeunes ou encore la rareté des expulsions locatives.
La Gironde cumule également des forces, mais appartient aux départements
qui souffrent d'inégalités, notamment en matière de logement (taux d'effort et d'expulsion élevés).
L'accès à l'emploi non précaire est la principale faiblesse qui affecte les départements de Charente-Maritime, Charente, et Vienne. La question d'un aménagement des parcours jusqu'à un emploi durable est donc particulièrement prégnant dans ces zones. Ces départements se rapprochent de la Dordogne, des Landes et du Lot-et-Garonne. Dans ce groupe, Charente-Maritime et Landes se singularisent par une pauvreté moins intense qu'en moyenne : en Charente-Maritime, le niveau de vie médian des personnes pauvres s'élève à 9 590 euros annuels, soit 130 euros de plus que la moyenne de province en 2012.

L'Insee rappelle que l'ensemble de ces chiffres sont essentiels pour connaître les fragilités de chaque département et permet de suivre et d'adapter l'intervention sociale, notamment dans le cadre du Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale (PPPIS) territorialisé.

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