Bourse : à Bordeaux Champeil reste zen

La Bourse sur-réagit à la crise pétrolière, qui a peut-être trouvé un début de résolution mardi 16 février à Doha, estime Axel Champeil, PDG de Champeil Asset Management (CAM), à Bordeaux. Le pétrole serait ainsi l’arbre qui cache la forêt des bons résultats des entreprises.
L'Arabie Saoudite s'est engagée ce matin avec la Russie a geler sa production pétrolière

Dans la "Lettre des gérants" datée de février, le PDG de la société de gestion de portefeuille CAM, Axel Champeil, en reste comme le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur une analyse optimiste des fortes turbulences qui secouent la Bourse. Ce qui n'empêche pas d'être lucide. Le PDG de CAM évoque la montée "d'une certaine psychose, avec la crainte d'une crise systémique plus violente que celle de 2008, du fait de la capacité limitée des banques centrales à influer sur l'activité et les prix (inflation)".

Le patron de la société de gestion de portefeuille bordelaise ne voit pas "pour le moment d'éléments justifiant un tel scénario" catastrophe. Il admet que le pessimisme domine encore les marchés financiers mais reste convaincu que ces derniers, "après avoir significativement corrigés, pourraient repartir à la hausse". Autrement-dit, ça va continuer à souffler fort sur les places boursières et il faudra attendre avant que le calme revienne car "il est difficile de voir une sortie positive à court terme".

L'heure de la stabilisation ?

Axel Champeil estime pourtant que "l'évolution des cours du pétrole pourrait venir se stabiliser sur une intervention de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), la déstabilisation du secteur souhaitée par l'Arabie Saoudite étant en passe de réussir".

Le PDG de CAM a publié cette "Lettre des Gérants" le 5 février et explique pour La Tribune de Bordeaux ce qu'il voulait exactement dire, sachant que mardi 16 février au matin, quatre grands producteurs de pétrole, dont trois de l'Opep, se sont retrouvés à Doha (Qatar) et ont décidé de geler la production pétrolière au niveau de janvier dernier, faute de pouvoir la faire baisser.

"Je pense que l'Arabie saoudite a déclenché cette course à la montée de la production de pétrole pour tuer ses concurrents dans les énergies alternatives, comme le gaz de schiste, ou même les exploitants de plateformes offshore, et garder ses parts de marché" détaille Axel Champeil.

Pour compenser la chute des prix, enclenchée fin 2014, les autres producteurs n'avaient pas d'autres choix que d'augmenter leur production, enclenchant ainsi un cycle baissier infernal. Ils vont devoir désormais avaliser la décision de Doha pour stabiliser la production.

Après le Qatar, la France aimerait vendre des Rafale à d'autres pays du Golfe (DR)

La baisse ou la guerre

La carte de la production pétrolière coïncide dangereusement au Proche-Orient avec des antagonismes géopolitiques majeurs, et certains analystes en avaient conclu que si l'Arabie saoudite noyait le marché sous des mégatonnes de pétrole à prix discount, c'était pour nuire au maximum à la Russie et à l'Iran. Quoi qu'il en soit, il n'y aura pas 36 façons d'en sortir. Si le patron de CAM reste optimiste, il n'élude aucune hypothèse.

"A un moment donné le marché va se réguler. Soit par une baisse de la production et une remontée des prix non concertée, soit par une négociation au sein de l'Opep, soit par la guerre" recadre-t-il.

La chute des prix du pétrole a atteint un tel degré qu'elle devient difficile à supporter, estime Axel Champeil. De l'Etat islamique (Daesh) à la Russie en passant les princes du Golfe, tout le monde serait désormais sous pression.

Si elle se confirme, la remontée des cours du pétrole ne se fera pas d'un claquement de doigts (DR)

Pétrole, le rebond approche

"Pour sécuriser sa production, face aux bombardements, Daesh a pris le contrôle d'une portion de la Libye. La Russie est touchée par la baisse du prix du pétrole, qui représente une grande partie de ses revenus, et de grands producteurs arabes ont dû céder des actifs pour compenser leurs pertes. C'est pourquoi je pense que nous sommes proches du point d'inflexion, du retour à la remontée des cours", analyse le PDG.

Ce dernier estime que les marchés financiers sur-réagissent à la menace que représente le pétrole. Sachant que les avantages de la baisse de l'euro face au dollar commencent à peine à devenir visibles pour les entreprises, Axel Champeil pense que les marchés n'ont pas encore vraiment intégré l'intérêt économique de la baisse du pétrole et qu'ils se focalisent sur le choc que subit l'industrie pétrolière. Il reste convaincu que la situation économique va en s'améliorant en Europe et que le seul spectre susceptible de la hanter est constitué par les "turbulences financières".

Les fortes turbulences boursières n'ont pas encore provoqué de krach malgré d'importantes pertes de capitalisation sur les marchés (DR)

Acheter les entreprises adaptées

Axel Champeil appelle de ses vœux à une diffusion plus profonde de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) dans le tissu socio-économique. Si la création de monnaie parvenait à redémarrer la machine économique et à créer suffisamment d'inflation, "les afflux de liquidités" à l'origine de "la volatilité des marchés" commenceraient à se dégonfler. En attendant, de "forts rebonds techniques liés à des mouvements brutaux d'allocation d'actifs" restent au programme. La volatilité, constituée par des phases brutales de hausse et de baisse de valeur des titres cotés en Bourse, reste ainsi au centre des préoccupations, et "dans cet environnement l'or semble jouer son rôle d'actif de protection (+ 5 %)".

Le patron de CAM n'exclut pas que ce mouvement puisse être durable. D'où le conseil du mois de février : acheter des actions d'entreprises cotées "qui montrent leur capacité d'adaptation".

Le marché actions reste selon CAM la meilleure option en termes de placement et, dès les premiers signes de stabilisation, le PDG ne doute pas de l'arrivée d'un "fort afflux de capitaux" sur ces valeurs. A moins d'une forte et imprévisible montée de la fièvre sur les taux d'intérêts "principalement souverains". Un risque muselé à court terme par la politique monétaire.

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