Climat, à Bordeaux la grande région prend sa température

Après l’Aquitaine, la nouvelle région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC) s’est à son tour doté d’un comité scientifique qui va anticiper l’impact local du réchauffement climatique. Un travail pluridisciplinaire placé sous l’autorité du climatologue Hervé Le Treut.
L'évolution du trait de cote aquitain est soumis à des forces naturelles complexes

Françoise Coutant, vice-présidente (EELV) du Conseil régional Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC), en charge de la transition énergétique et du climat, a présenté ce vendredi matin, en compagnie du climatologue Hervé Le Treut, qui s'est fait connaître comme expert auprès du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) à l'Organisation des nations unies (Onu), le nouveau comité scientifique régional AcclimaTerra.

Mercredi 20 janvier, comme l'a rapporté le quotidien Le Monde, aux Etats-Unis la National oceanic and atmospheric administration (NOAA ou Agence océanique et atmosphérique nationale) et la Nasa (National aeronautics and space administration - Agence spatiale et aéronautique nationale) ont confirmé, sur la base des relevés de températures qu'elles effectuent chacune de leur côté, que 2015 était bien l'année la plus chaude depuis le début de la mise en place des mesures, en 1880.

Le premier rapport de 2013

"Le réchauffement climatique se joue à l'échelle mondiale mais son appréhension est locale", rappelle Hervé Le Treut.

Dernier président de l'ancienne Aquitaine et premier de la nouvelle ALPC, Alain Rousset a lancé le Plan climat aquitain en 2006 puis initié en 2011 la création d'un comité scientifique -le premier de ce type en France-, centré sur l'évolution du climat dans la région. Après deux ans de travaux, ce premier comité, déjà placé sous l'autorité d'Hervé Le Treut, a publié le tout premier rapport en France sur l'évolution climatique d'ici 2050 d'une région, intitulé "Prévoir pour agir - La région Aquitaine anticipe le changement climatique".

Chercheur à l'Institut Pierre Simon Laplace, qu'il dirige, enseignant à l'Ecole polytechnique, à l'université Pierre et Marie Curie ou encore à Normale supérieure, Hervé Le Treut suit l'évolution des nuages plus près de la Seine que de la Garonne, mais c'est aussi un ancien du lycée Montaigne, à Bordeaux, ville où il revient régulièrement.

Les enjeux du réchauffement

Elue à la mairie d'Angoulême (Charente), Françoise Coutant a suivi avec attention le déroulement de la COP 21 à Paris.

"L'accord de la COP 21 doit être ratifié par les Etats et dans les régions nous pouvons mettre en place des politiques offensives. Les impacts du réchauffement ont été étudiés en Aquitaine car il y a eu un premier rapport, publié en 2013 à ce sujet. Parler de réchauffement planétaire et de dérèglement climatique cela me va très bien. En Poitou-Charentes nous avons aussi travaillé sur le sujet, mais la communication n'a pas été de la même nature qu'en Aquitaine", juge la vice-présidente qui, avant Jean-François Macaire, a eu Ségolène Royal comme présidente régionale. La réforme territoriale devrait faciliter la démarche.

"Les régions ont désormais la compétence énergie et nous avons toute latitude pour agir. J'ai une formation scientifique, en biologie et en géologie, disciplines que j'ai étudiées à Bordeaux avant d'atterrir à l'Education nationale. Je suis professeur en sciences et vie de la terre dans un collège d'Angoulême et je comprends parfaitement les enjeux du réchauffement", détaille Françoise Coutant.

françoise coutant

Françoise Coutant (Alban Gilbert)

Bientôt l'Agence régionale de l'énergie

Avec la création de la grande région les enjeux changent et deviennent plus compliqués. Parmi d'autres choses, la grande région va ainsi devoir intégrer des îles, des marées et des courants marins qui n'existaient pas en Aquitaine "et dont on n'a pas parlé dans le précédent rapport", observe Hervé Le Treut. La tâche du comité scientifique va principalement consister à synthétiser des travaux scientifiques déjà réalisés, en particulier dans les différentes universités d'ALPC, pour soumettre ensuite des préconisations aux élus.

"Ces rapports ne posent pas une vérité. Il s'agit juste d'établir un lien entre les travaux scientifiques et les décisions politiques", éclaire Hervé Le Treut.

Il faudra au moins deux bonnes années de travail pour aboutir. En attendant, la nouvelle région va se doter, d'ici la fin de l'année 2016, d'une Agence régionale de l'énergie. Françoise Coutant, qui en plus de l'adaptation au dérèglement climatique se préoccupe de la prévention, souligne qu'une mission de préfiguration va tout d'abord coordonner l'action des acteurs concernés par l'énergie dans les trois régions.

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