L’égalité professionnelle se fait encore label

Malgré le "label Egalitée" mis en place en 2005 et adopté par certaines grandes entreprises, malgré les lois sur les quotas, l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes de France relève encore de l’engagement. Elle n’est pas encore, loin s’en faut, dans la culture française.
Le jeu d'ombres est trompeur : à poste et compétences égales, les femmes gagnent encore 27 % moins que les hommes

L'exposition de photos de la Lyonnaise des eaux ("Une femme, un homme, un métier") qui accueillait, ce jour, les participants à l'Université de l'égalité professionnelle en Aquitaine, illustre, certes, l'engagement d'acteurs économiques qui s'appliquent à rendre mixte tous leurs postes. Pour autant, cette exposition ressemble encore, dans le tissu économique et social français, à un arbre qui cache la forêt d'un chantier toujours en cours. Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle, initiatrice du "label Egalitée", qui était le grand témoin de cette 4e université n'en disconvient pas.

L'égalité, ou presque, dans les grandes entreprises. Mais ailleurs...

"Même si l'engagement de l'Etat est fort, même si depuis 30 ans, la ségrégation féminine a connu une baisse considérable, même si on peut se réjouir de constater que 79 % des entreprises françaises de plus de 1.000 salariés ont adopté une démarche en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes, on ne peut que regretter que seules 19 % des entreprises de moins de 1.000 salariés ont fait de même", souligne Brigitte Grésy. Au final, l'écart de rémunération entre un homme et une femme pour un poste équivalent demeure aux alentours des 27 %".

Au détriment des femmes, il va sans dire. Un écart qui s'explique, pour 12 % par les différences de contrats, plus de temps partiels pour les femmes, ou par un effet secteur éventuellement (les services à la personne, par exemple, essentiellement féminins, étant peu rémunérateurs). Mais selon une étude récente, "17 % de cet écart ne se justifie pas, il est seulement lié à des stéréotypes", assure la secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle.

Des stéréotypes qui ont la vie longue puisqu'à ce jour, seuls 17 % des métiers sont ouverts, en France, à la mixité (à savoir qu'ils comptent entre 40 et 60 % d'hommes ou de femmes). L'Etat, qui souhaite voir ce taux bondir à 30 % d'ici 2025, lance une nouvelle campagne de communication dans ce sens. Ciblée sur la diversité et l'égalité, cette campagne aura pour slogan "Seul le talent compte au travail".

Pour autant, l'Etat est-il lui-même exemplaire ? "Non, répond Françoise Lecaillon, secrétaire générale aux Affaires régionales (Sgar), les services qui représentent l'Etat en Aquitaine comptent seulement 20 % de femmes. Dans les faits, les inégalités persistent au détriment des femmes."

Sans quotas, l'égalité n'est pas la règle...

Nicole Rascle, vice-présidente en charge de la vie universitaire à l'Université de Bordeaux, ne tient pas un autre langage quand il s'agit de commenter la situation dans l'enseignement supérieur. "Alors que deux tiers des diplômés du troisième cycle sont des femmes, on ne retrouve que 40 % de doctorantes in fine. Constat qui explique le fait que 40 % des enseignants à l'université sont des femmes..."

Bilan renforcé par un autre constat cruel : ce matin, ces deux femmes aux parcours professionnels brillants, ont ouvert par leur discours, cette 4e université de l'égalité en remplacement de... deux hommes excusés, le directeur de l'Université et le préfet de Région.

"L'évolution de la société, de l'économie font que désormais, 80 % des femmes doivent travailler. Le travail des femmes n'est pas un choix mais une obligation. La crise économique, le développement des familles monoparentales ont accéléré l'accès à l'emploi des femmes. Mais cela ne veut pas dire l'accès aux responsabilités car cette accélération s'est accompagnée d'une accélération du sous-emploi pour les femmes..." regrette Brigitte Grésy. L'égalité n'est pourtant pas la cerise sur le gâteau de notre société. Ce n'est plus une option pour beaucoup d'entreprises, qui dans un environnement mondialisé où la compétition économique est féroce, ont compris qu'elles devaient chercher les compétences où elles sont".

On peut toujours les regretter, voire les critiquer, mais les quotas imposés ont commencé à produire leurs effets. Aujourd'hui par exemple, les conseils d'administration des entreprises du CAC 40 sont composés à 30 % par des femmes. Mais le fait est que quand rien n'est imposé en matière de mixité, comme c'est le cas dans la culture par exemple, il n'est pas très difficile d'identifier les mauvais élèves. 96 % des opéras sont dirigés par des hommes.

En politique ? Certes, la règle des quotas s'est imposée, mais le pouvoir reste généralement aux mains des hommes. Et puis ce matin pour l'ouverture de l'Université de l'Egalité, aucun élu, homme ou femme, n'était dans la salle...

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