Après Fagor, les coopératives à la question

La chute de Fagor Electroménager met-elle en cause le modèle coopérativiste ? Contexte et taille sont les premières clés d'analyse.
Le groupe Fagor affiche 12,9 Md€ de CA en 2012

Formalisée à la mi-octobre, la mise en cessation de paiements de la coopérative Fagor Electrodomésticos interroge sur l'économie sociale et solidaire. Encore que Fagor ne soit qu'un élément dans l'ensemble Mondragón : d'autres parmi les 110 coopératives du groupe marchent bien, ainsi Fagor Industrial (électroménager pour les collectivités) ou Fagor Ederlan (composants automobiles). Et Fagor Electroménager, pour connu qu'il soit (encore plus en France depuis le rachat de Brandt), n'est qu'une pièce du tout : 1,1 milliard d'euros de ventes en 2012 quand tout le groupe en affiche 12,9 ; et 5.600 salariés sur 83.000.

En interne, Fagor Electroménager a sans doute pâti d'un contexte immobilier défavorable en Espagne et d'une baisse du pouvoir d'achat là et ailleurs. L'acquisition de Brandt en 2004 était encore en cours de digestion qui positionnait la coopérative trop dans la moyenne gamme, avec pas assez de cash flow ni d'innovations. Finalement, des problèmes communs à nombre d'entreprises.

 « Le coopérativisme est-il soluble dans la croissance ? »

Reste que Fagor avait pris une dimension telle que le fonctionnement coopératif (un homme = une voix avec décision collective) y devenait de plus en plus délicat avec trop de lenteurs, mais aussi une forte hétérogénéité puisque seuls les salariés en Espagne étaient coopérateurs ou socios.

La taille serait donc devenue un handicap pour Fagor, ce que ne connaissent pas encore les coopératives de production (scop) en France qui demeurent modestes par leur quantité et leurs effectifs, ainsi en Aquitaine avec Coopélectronic à Saint-Pierre d'Irube (64) ou Bioluz à Saint-Jean-de-Luz (64). Ici « nous sommes peu nombreux, tout le monde se connait, au risque que l'édifice repose sur les plus dévoués », concède l'un de leurs responsables. Une remarque qui rejoint la critique entendue à Mondragón à l'égard d'une « caste technocratique » qui accaparerait la réalité du pouvoir.

« Le coopérativisme est-il soluble dans la croissance ? », interroge plus directement l'universitaire Jean-Michel Larrasquet, initiateur d'Eticoop, qui poursuit : « Dans la dualité coopérative-entreprise, la seconde pourrait avoir pris le dessus. Et avec elle, la logique de valorisation du capital plutôt que de l'emploi, par exemple dans le fort déploiement à l'international. »

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