Alain Faveau, président du groupe Sunêlia, est revenu ce mardi 14 mars, au côté de Marc Canavaggia, directeur général, sur l'organisation et le développement de cette marque qu'il a depuis l'origine décidé de spécialiser dans le camping haut et très haut de gamme. Avec des offres qui peuvent parfois grimper jusqu'à 400 euros la nuit ! Une philosophie du confort luxueux aux antipodes de l'esprit « Vieux campeur » tendance scout des années 1960 ou des touristes alternatifs des années 1970, monteurs de tentes en forme de géodes dans les cantons ruraux.
« Je ne suis pas né dans le camping. J'ai 75 ans et je n'ai pas pris la retraite. Avec la création de Sunêlia j'ai entamé depuis dix-huit ans ma quatrième vie professionnelle. Sunêlia c'est l'histoire d'une association, qui regroupait quelques propriétaires de campings, transformée en entreprise. Ce qui n'a pas été simple, je peux vous le dire », entame Alain Faveau, un ancien de la Camif.
Transition vers le haut et le très haut de gamme
Son idée maîtresse : tirer partie de la transformation sociologique française, selon lui, puissamment symbolisée par le départ de Gilbert Trigano du Club Méditerranée, évincé en 1997 par les actionnaires de l'entreprise qu'il avait créée. Car malgré son côté aventurier des débuts, le Club Méditerranée va vite s'imposer comme le symbole des vacances branchées de la bourgeoisie française des années 1960 et 1970. Une figure dont Alain Faveau revendique volontiers l'héritage.
« La place laissée par Gilbert Trigano était vide et je voulais travailler là-dessus en visant un camping haut de gamme et même très haut de gamme. Quand j'ai proposé que les lits ainsi que le ménage soient faits, les membres de l'association de propriétaires que j'avais contacté m'ont fait savoir que ces services n'existaient pas dans un camping. Je leur ai répondu : oui, mais nous on va le faire ! », rembobine Alain Faveau, convaincu de la stratégie visionnaire à l'origine de la création du Club Méditerranée.
30 millions d'euros annuels juste grâce aux services
Son patron confirme que la sortie de Sunêlia de son cocon associatif a été longue. Ce qui fait qu'en 18 ans, le nombre de campings passés sous cette marque est resté bloqué à trente. Pour autant la marque a bel et bien pris son envol. Grâce à ses adhérents Sunêlia a ainsi réalisé ainsi un chiffre d'affaires annuel total de près de 120 millions d'euros en 2022, dont 90 millions d'euros au titre de l'activité hébergement et 30 millions d'euros à celui des services à la clientèle. Ce qui montre l'importance des efforts faits dans ce domaine.
« Nous évitons de nous cantonner à la saucisse-frites entre midi et deux. Nos cuisiniers sont formés par des chefs pour pouvoir proposer des plats de qualité à des prix abordables ».
Crèches, clubs enfants, soins d'esthétique, saunas, massages, spas en plein air, animations.... les campings 4 et 5 étoiles de Sunêlia, où l'on peut trouver des « quartiers luxe », multiplient les offres de service pour faire la différence et renouveler le mythique modèle du Club Med. Cerise sur le gâteau, la marque entame désormais son virage développement durable pour concilier, dans un équilibre précaire, le luxe et la sobriété. C'est ainsi que Sunêlia a commencé à tester auprès de ses clients un espace d'un hectare dévolu à la permaculture à l'hôtel 5 étoiles Les Sablons, dans l'Hérault. Avec, à la clé, ferme pédagogique, atelier bouture, etc.
Près de 2.000 salariés à l'année
Mais comme dans tous les autres métiers liés à l'hôtellerie-restauration, Sunêlia n'échappe pas aux difficultés de recrutement et de fidélisation des salariés.
« Nous employons environ 2.000 salariés à l'année, dont 20 % de permanents en moyenne. À Bordeaux nous avons une cellule qui gère les recrutements pour l'ensemble des campings de la marque. Bien sûr nous rencontrons des problèmes de recrutements. Les gens ne veulent travailler ni le samedi ni le dimanche ni après 18 heures, c'est pour ça que nous leur proposons une annualisation du temps de travail. Pour nous c'est important d'avoir le bon nombre de salariés, car nous avons par exemple des crèches, qui restent ouvertes hors saison. Ce qui vient du fait que nous accueillons beaucoup de séjours post-maternité », relève Alain Faveau.
S'il n'aime pas faire ce genre de calcul à cause de situations encore très diverses entre les campings Sunêlia, Alain Faveau estime que ces derniers réalisent en moyenne trois millions d'euros de chiffre d'affaires par an, avec 300 emplacements et une centaine de salariés en haute saison. Si la rémunération des salariés est le nerf de la guerre, Sunêlia ne contrôle pas la politique salariale pratiquée par ses adhérents. Et sa dernière croisade consiste à développer une nouvelle activité dans ses campings : l'organisation de séminaires. Une introduction du tourisme d'affaires qui n'a pas encore séduit tous les propriétaires de campings de sa marque.
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