Tourisme durable : la Nouvelle-Aquitaine peut mieux faire

Alors que la Nouvelle-Aquitaine veut devenir la première destination touristique durable, une étude du Comité régional du tourisme et du cabinet Voltere Consulting révèle qu'elle est très bien notée par les clientèles mais que, dans les faits, malgré un fort dynamisme des acteurs régionaux, ils sont, pour le moment, encore peu engagés dans une démarche durable. Le sujet est pris à bras-le-corps. Explications.
La base de données finale comptabilise 1119 acteurs du tourisme durable en Nouvelle-Aquitaine.

Le Schéma régional de développement touristique et des loisirs de Nouvelle-Aquitaine (SRDTL), voté en 2018, avait fixé une ambition à l'échelle nationale : faire de la Nouvelle-Aquitaine la première destination touristique durable ! Quatre ans plus tard, selon l'étude réalisée en 2021 par le cabinet Voltere Consulting et récemment dévoilée par le Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine, le bilan est mitigé. Il y a certes une forte dynamique et une volonté importante des acteurs régionaux de s'inscrire dans une démarche de tourisme durable mais trop peu d'acteurs sont réellement engagés. Parmi les freins, figurent le coût associé aux démarches de labellisation et un retour sur investissement jugé incertain.

"1.119 acteurs sont référencés dans l'étude à partir d'un référentiel basé sur 43 critères qui couvrent le social, l'environnemental et l'économie, ce qui représente moins de 1 % des acteurs du tourisme dans la région", explique Amandine Southon, responsable tourisme durable et RSE auprès de la direction générale du Comité régional du tourisme (CRT) de Nouvelle-Aquitaine qui précise que l'inventaire ne se base que sur des acteurs labellisés, "or nous savons aussi que des acteurs pratiquent le tourisme durable sans pour autant être engagés dans une démarche de labellisation. Globalement, les transitions sont en cours mais il y a une énorme marge de manœuvre et un gros travail d'accompagnement des acteurs. Beaucoup ont envie d'y aller sans savoir toutefois comment s'y prendre ! Il va donc falloir accompagner cette transition. En ce qui nous concerne, nous allons décliner notre référentiel en outil d'auto-diagnostic pour permettre aux acteurs de s'auto-évaluer."

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L'oenotourisme plus avancé

Selon l'étude, l'oenotourisme, avec 5,46 % d'acteurs identifiés comme durables, l'écotourisme et le nautisme font partie des filières les plus avancées tandis que des efforts restent à faire en particulier dans la filière bien-être qui se heurte à l'absence de labels dédiés et reconnus en matière de tourisme durable. "Il est à noter que pour l'hébergement et la restauration, l'appartenance à des réseaux structurés ou à des groupes privés à forte notoriété semble encourager la mise en œuvre de démarches de développement durable", avance Amandine Southon.

Une très bonne perception des clientèles

Il reste que, de manière générale, la Nouvelle-Aquitaine obtient déjà, à ce stade, de très bonnes notes sur son positionnement en matière de tourisme durable auprès des clientèles dites sensibles à cette thématique : 8,3/10 pour les Espagnols, 8,1 pour les Britanniques, 7,9 pour les Français.

"C'est très lié au fait que le tourisme durable reste encore très associé au tourisme de nature et qu'en l'occurrence, la Nouvelle-Aquitaine a une image de région préservée. Ceci étant dit, nous devons capitaliser là-dessus", analyse Amandine Southon qui assure qu'il existe bel et bien un marché : "La demande est au rendez-vous. 52 % des français se disent sensibles au tourisme durable, soit 34,70 millions de personnes dont 4,34 millions de Néo-Aquitains, et 15 % des Français sont très sensibles, dont 1,2 million de Néo-Aquitains."

La question du transport à travailler

Cette étude, qui servira à alimenter la future feuille de route régionale dédiée au tourisme durable, lance ainsi quelques pistes de travail, notamment dans un contexte de réchauffement climatique. "Alors que le tourisme génère 11 % des émissions de gaz à effet de serre en France, dont 75 % sont liées aux transports, nous savons ce sur quoi il faut travailler", assure Amandine Southon.

A ce sujet, le CRT et l'Ademe ont justement lancé en mars un projet partenarial baptisé "En Nouvelle-Aquitaine sans ma voiture", le but étant de favoriser l'émergence d'offres de séjours combinées et fondées sur la notion d'écomobilité. Les premières offres sont attendues pour février 2023 sur Bordeaux et la Pays-basque avant un essaimage sur l'ensemble du territoire régional.

Un accompagnement financier pour les TPE et PME

Au-delà de cette expérimentation, les conseillers régionaux ont voté, en mars, le principe de la création d'une société d'économie mixte locale Nouvelle-Aquitaine Croissance Tourisme pour permettre aux TPE et PME du tourisme de monter en gamme et de s'adapter aux nouvelles demandes de produits plus durables.  Elle aura vocation à accompagner des projets touristiques portés par des entreprises de moins de 50 salariés, avec une capacité d'intervention allant jusqu'à trois millions d'euros par projet. L'accompagnement visera les projets qui s'inscrivent dans les orientations de Néo Terra, la feuille de route du Conseil régional en matière de transition écologique et énergétique.

En Nouvelle-Aquitaine, 140.000 emplois sont liés au secteur du tourisme qui représente 9 % du PIB régional. Avant la crise, en 2019, la filière a généré 18 milliards d'euros de consommation touristique en Nouvelle-Aquitaine. Cette même année, la région avait accueilli 29,4 millions de touristes dont trois millions d'étrangers.

Bordeaux Métropole se met aussi au durable


  • En mars dernier, Bordeaux Métropole a, de son côté, adopté sa stratégie visant à mettre en œuvre une activité touristique et événementielle soutenable d'ici à 2026. Elle s'articule autour de quatre axes déclinés en 32 fiches actions. Il s'agira, par exemple, de développer les rencontres professionnelles et les grands événements à impact positif pour le territoire. Alors que 30 % des adhérents de l'Office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole (OTCBM) sont aujourd'hui impliqués dans une démarche responsable, l'objectif est d'atteindre les 50 % d'ici à 2024.

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