Girondins de Bordeaux : pourquoi le maire de Bordeaux suit de près cette reprise à haut risque

King Street devrait désigner le repreneur du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB) probablement cette semaine. Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, confirme à La Tribune que les trois candidats à la reprise du club ont tous lu la lettre qu'il a adressé ce samedi 12 juin au mandataire ad hoc du club, Frédéric Abitbol. Pierre Hurmic annonce aussi qu'il est prêt à vendre le domaine du Haillan où se trouve le centre de formation, d'entrainement et le siège social du FCGB.
Pierre Hurmic
Pierre Hurmic (Crédits : PC / La Tribune)

La désignation du repreneur par le propriétaire du club, le fonds d'investissement King Street devrait être connue dans les tous prochains jours, probablement cette semaine. La situation est d'autant plus compliquée qu'en plus de ce choix crucial du repreneur, le FCGB est également lié avec la mairie de Bordeaux, propriétaire de son centre de formation et d'entrainement du Haillan, où se trouve aussi son siège social, et à Bordeaux Métropole, en charge du stade Matmut Atlantique, exploité par la société SBA (Stade Bordeaux Atlantique).

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C'est pourquoi le courrier du maire de Bordeaux, rendu public ce samedi 12 juin a son importance. Dans ce courrier, Pierre Hurmic, qui a -rappelons-le- a créé un Comité de soutien et de vigilance, et lancé un appel en faveur des Girondins signé par 5.000 personnes, précise le portrait de ce que doit être à ses yeux le repreneur du FCGB.

Une piqûre de rappel sur les actifs des collectivités

Le courrier du maire de Bordeaux privilégie en premier lieu "des acteurs locaux, attachés à leur territoire, prêts à s'engager durablement" mais aussi "des investisseurs, nécessaires à l'ambition sportive, mais éloignés d'une vision spéculative, et proches des acteurs de terrain". Dans les orientations qu'il préconise pour choisir le meilleur repreneur, Pierre Hurmic met aussi en avant "des relations de confiance avec la Ville et la Métropole, propriétaires du centre de formation et d'entrainement et du stade".

Il ne s'agit pas d'une liste de vœux pieux mais d'un mini programme car Pierre Hurmic, comme le président de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, ont décidé de se montrer actifs sur ce très gros dossier, histoire de bien faire comprendre qu'ils sont eux aussi concernés même si la décision appartient au propriétaire.

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Pierre Hurmic n'entend pas passer à côté du match

"Frédéric Abitbol m'a confirmé que tous les candidats avaient lu ce courrier. Même si j'étais dans l'opposition à l'époque, je tiens à rappeler qu'en 2018 les élus n'ont été informés qu'au dernier moment de la sélection de GACP et de Joseph Dagrosa pour la reprise du FCGB et je n'ai pas envie que ça recommence !

Tous les candidats sont venus me voir. C'est intéressant car au moins ils comprennent que le centre de formation et d'entrainement des Girondins, au Haillan, appartient à la mairie de Bordeaux. D'accord je ne suis pas décisionnaire, mais je veux qu'ils connaissent nos attentes", recadre pour La Tribune le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic.

Gérard Lopez, une tête d'affiche convaincante pour reprendre

Hier en début d'après-midi, seule la candidature de Gérard Lopez, ancien patron du Losc-le club de Lille (2017-2020), avait été officiellement validée pour la reprise du FCGB par la banque d'affaires Rothschild, chargée par King Street de gérer ce dossier. Un Gérard Lopez combattif qui s'est justement rendu ce lundi 14 juin à Bordeaux, où il a rencontré Pierre Hurmic et Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole. Le maire de Bordeaux se montre peu disert sur le sujet mais confirme la rencontre, "Lopez je l'ai rencontré, c'est un pro de chez pro du football", note-t-il au passage.

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Selon "L'Equipe", Gérard Lopez devait rencontrer ce mardi 15 juin les entrepreneurs bordelais soutiens du projet de Bruno Fievet, regroupés au sein du Club du Scapulaire. Le fait que Gérard Lopez ait été le seul officiellement connu pour la reprise du club jusqu'à hier avait de quoi étonner puisque Rothschild était censé avoir déjà accepté quatre candidatures. Plus inquiétant : Gérard Lopez était donné comme le seul à avoir fait une proposition financière chiffrée pour la reprise du club...

Trois candidatures en piste mais peu d'éléments chiffrés

Ce mardi matin, le quotidien régional "Sud Ouest" a levé un coin du voile en confirmant que deux autres candidats avaient validé leur candidature à la reprise du FCGB, autrement-dit présenté des projets chiffrés sur lesquels ils s'engagent.

Il s'agit comme prévu de la troïka constituée par Pascal Rigo, Girondin qui a fait fortune dans la boulangerie aux Etat-Unis, Stéphane Martin, ex-président du FCGB et ex-banquier d'affaires, associés à John Williams, franco-anglais originaire de Lormont (Bordeaux Métropole), actuellement directeur sportif du club d'Amiens, et jusqu'à preuve du contraire associé aux deux précédents. Cette candidature serait donc suivie par celle de Didier Quillot, comme l'avait annoncé le quotidien sportif L'Equipe, l'ancien DG de de la Ligue de football professionnel (LFP) qui s'était impliqué dans le projet Médiapro. Ce qui fait au final trois candidatures.

Gérard Lopez disposerait de 120 à 150 millions d'euros

En venant à Bordeaux et surtout en rencontrant ce mardi les membres du Club du Scapulaire, soit près de 200 chefs d'entreprises représentant entre 5 et 10 millions d'euros de participation potentielle au projet de reprise, Gérard Lopez semble "chasser dans les coins" pour ne pas laisser perdre le moindre euro disponible.

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Présenté comme le favori à la reprise, on ne sait pas encore exactement combien il va pouvoir investir dans l'opération. Selon "Sud Ouest", il disposerait de 120 à 150 millions d'euros. Une somme qui risque d'être plus que juste pour boucler l'affaire, à moins que les actionnaires King Street, mais aussi Fortress Investment Group, qui agit à raison de 38 millions d'euros d'engagements en couverture du premier, fassent un geste et acceptent de prendre une partie des pertes pour se dégager le plus rapidement de ce dossier.

L'ardoise pourrait exploser la barre des 200 millions d'euros

Selon le scénario retenu, l'ardoise pourrait ainsi se rallonger comme un élastique jusqu'à plus de 200 millions d'euros, en additionnant au déficit structurel du club (entre 60 et 80 millions d'euros) les fonds engagés depuis sa reprise par GACP, qu'il s'agisse de trésorerie ou d'emprunts (potentiellement près de 120 millions d'euros). Ceci sans compter la garantie des loyers, sachant que le groupe M6 avait mis plus de 100 millions d'euros sous séquestre à cette fin.

La version au contraire ramassée de ce volet financier passerait par un effacement des dettes, ce que voulait Bruno Fievet, soit un allègement de la facture potentielle de près de 100 millions d'euros. Mais il ne faut quand même pas rêver. King Street comme Fortress Investment Group sont des "hedge funds", des fonds spéculatifs qui ne font pas dans la dentelle. Il faudrait qu'ils se sentent vraiment en danger pour se couper d'une somme pareille.

Le Haillan, un petit bijou que la mairie serait prête à vendre

Bizarrement, le club des Girondins de Bordeaux n'est propriétaire ni du stade ni de son centre de formation et d'entrainement du Haillan. Ce dernier, qui abrite également le siège du FCGB, est un superbe domaine arboré de 28 hectares installé en pleine banlieue ouest, dominé par le très cossu château Bel Air et constitue un véritable actif au sens le plus classique du terme.

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Un élément qui n'a rien d'anodin pour le futur propriétaire du club, à moins que le repreneur ne préfère en rester locataire. Et c'est bien l'un des messages qu'a tenu à faire passer Pierre Hurmic, qui a confirmé à La Tribune être prêt à vendre le domaine du Haillan au repreneur du FCGB. La valeur de cette propriété a été évaluée par les Domaines à 15 millions d'euros.

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