Julien Parrou-Duboscq quitte Klarsen, sa société pionnière du marketing en ligne

EXCLUSIF. Pionnier du marketing en ligne par les jeux, Julien Parrou-Duboscq se retire de Klarsen. La PME qu'il a créée, d'abord connue sous le nom de Concoursmania, et qui a largement contribué à l'émergence de l'écosystème numérique qui rayonne désormais depuis Bordeaux Métropole. Il revient en exclusivité pour La Tribune sur ce parcours exemplaire et la bifurcation qu'il a décidé de prendre dans le coworking avec la société Héméra.
Julien Parrou-Duboscq
Julien Parrou-Duboscq (Crédits : Agence Appa)

L'information a fait l'objet de l'un de ces communiqués routiniers qu'émettent comme des horloges les sociétés cotées en bourse : l'assemblée générale de la société bordelaise Klarsen est convoquée le 5 janvier 2023 pour donner son feu vert à la nomination de Brice Gazeau en tant que nouveau président directeur général, et de Diana Carocha au poste de directrice des opérations. Pas de coup de force à la soviétique, c'est bien Julien Parrou-Duboscq, l'actuel PDG de Klarsen, qui est à l'origine de ce changement de gouvernance.

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Après avoir tiré Klarsen d'une tempête qui a bien failli lui être fatale en 2017, le PDG estime qu'il peut désormais se consacrer à d'autres objectifs. En particulier le développement du coworking, un métier à cheval sur l'immobilier et les services dans lequel il opère avec la société Héméra. C'est désormais ainsi que Julien Parrou-Duboscq s'investit sur la scène entrepreneuriale de l'agglomération bordelaise où il s'est imposé comme un précurseur du data marketing par le jeu à l'échelle nationale.

Un créateur d'entreprise qui a eu la vocation

Julien Parrou-Duboscq a accepté de revenir en exclusivité pour La Tribune sur cette trajectoire qui fait de lui l'un des bâtisseurs de cette plateforme numérique bordelaise dont le rayonnement international ne cesse de s'intensifier. Julien Parrou-Duboscq est un pur aventurier de la création d'entreprise. Pas de déclic tardif pour cet entrepreneur emblématique de la French Tech Bordeaux, car, aussi surprenant que cela puisse paraître, il a eu la vocation dès son plus jeune âge.

« Mon père était médecin et j'ai commencé des études de droit. Quand je lui ai dit en 1995 que j'allais créer mon entreprise il n'a pas compris, et m'a annoncé qu'il me couperait les vivres, quoiqu'il arrive, au bout d'un an ! Cela pouvait paraître dur de sa part mais c'était sage en fait : je n'avais pas le choix et devais devenir autonome très vite. C'était de toutes les façons plus fort que moi. Depuis tout jeune je voulais créer une entreprise. La société s'est ainsi appelée Klarsen mais Concoursmania était son nom commercial », rembobine Julien Parrou-Duboscq.

Inspiré par le Minitel, premier réseau cyber grand public

C'est au cours de ses années d'étudiant en droit qu'il identifie le créneau des jeux concours gratuits. Plus précisément en circulant sur le Minitel -premier réseau cybernétique grand public mais payant- pour connaitre la liste des concours administratifs. Il s'aperçoit alors que de nombreuses entreprises proposent des jeux concours promotionnels et gratuits grâce auxquels on peut gagner des cadeaux.

C'est très exactement le créneau dans lequel il va se lancer avec la marque Concoursmania, en créant la Revue des Jeux. En 1995, année où Concoursmania voit le jour, Internet était loin d'avoir supplanté le Minitel. Imprimée sur papier, la Revue des Jeux est envoyée par La Poste aux abonnés. Autrement dit, le jeune chef d'entreprise âgé alors de 22 ans pose les bases du réseau à partir duquel il va développer son activité. Se faisant fort de pouvoir répondre à des questions aussi saugrenues que « combien peut-on faire entrer de personnes dans une Deux Chevaux ? » (en tassant bien).

Propriétaire de plus de 150 adresses sur le Net

Le gigantesque mouvement de bascule qui se produit au début des années 2000 avec le développement accéléré d'Internet n'est pas un problème. Tout en restant prudent, Julien Parrou-Duboscq comprend vite le potentiel de la nouvelle toile d'araignée mondiale. Grâce aux nouveaux instruments automatisés de traitement statistique, la société va collecter de plus en plus d'informations qualifiées sur les joueurs en ligne mais aussi gonfler son portefeuille de noms de domaines sur Internet, qui sont autant de points d'entrées sur le marché.

« Au fil de l'eau nous avons acquis 166 noms de domaines. Aujourd'hui la société possède un portefeuille de 159 noms, comme « jeux.com », « jouer.fr », « conso.fr ».... Des jeux et des noms très connus, emblématiques, qui correspondent à l'historique de la société sans être forcément stratégiques pour elle. Ces noms de domaine sont comme une adresse dans une rue passante pour attirer du monde. J'ai toujours pensé que le jeu marketing avait un grand intérêt pour les marques qui veulent se faire connaitre. Aujourd'hui, on le voit, c'est devenu flagrant », décortique avec gourmandise Julien Parrou, qui a récemment décidé de les mettre en vente.

Gros coup dur avec Facebook

Devenu Actiplay, du nom d'une entreprise rachetée en 2011, le groupe va pourtant frôler la catastrophe pour avoir voulu accélérer son développement grâce à Facebook.

« En 2015, Facebook nous a déconnecté du jour au lendemain alors que nous étions un gros éditeur. La décision du géant américain a été unilatérale, instantanée : le coup a été très dur. Notre trafic et notre chiffre d'affaires ont été fortement touchés. J'ai voulu relancer l'activité mais ce n'était pas suffisant. J'avais pas mal délégué la direction courante et j'ai donc repris les choses en main à partir de 2019. Le changement de nom de l'entreprise, qui va devenir Klarsen en 2021, s'inscrit dans ce mouvement de relance. Aujourd'hui, avec un chiffre d'affaires de 871.000 euros au premier semestre, un excédent brut d'exploitation à 230.000 euros, un résultat financier positif et un résultat net semestriel à 163.000 euros nous affichons de très belles performances, le travail de fond a en quelque sorte été accompli », déroule Julien Parrou-Duboscq.

Héméra : une autre culture du bureau

D'où la décision prise par le PDG de se retirer de la gouvernance de Klarsen pour se consacrer désormais à plein temps à Héméra. Avec d'autant plus de tranquillité qu'il a pris soin auparavant d'établir la feuille de route 2022-2024 pour Klarsen... Il ne s'agit pas d'une cession, comme le souligne le dirigeant mais de la dévolution des commandes à un cadre qui connait très bien la maison. Il s'avère avec le recul que la diversification opérée par Julien Parrou-Duboscq dans le coworking avec la société Héméra était une très bonne idée.

« A Bordeaux, nous avons trois espaces : la Halle, rue Fondaudège, un espace à Ravezies et un autre sur les quais, à l'Hôtel Fenwick. Héméra se développe fortement. Hors de Bordeaux nous avons d'abord ouvert à Limoges, dans l'ancien Hôtel de commandement de l'armée. Cet automne nous avons racheté l'ancien bâtiment de la Banque de France à Agen. L'idée à chaque fois c'est de proposer des lieux destinés aux entrepreneurs, dans lesquels nous organisons aussi des événements professionnels. Ce qui correspond aux nouvelles attentes des entrepreneurs et de leurs équipes », explique Julien Parrou-Duboscq.

Les salariés font visiter leurs bureaux à leurs familles

Après Limoges et Agen, Héméra, qui investit jusqu'à présent une moyenne de trois millions d'euros par opération, s'intéresse désormais au littoral et à des villes très attractives comme La Rochelle ou Biarritz... Plus question de proposer des bureaux anthracites avec du mobilier métallique.

« Nous recherchons des sites exceptionnels, parce que je crois qu'on les transforme bien. Désormais, et ça ne se voyait jamais auparavant, les salariés font visiter leurs bureaux à leurs familles quand ils s'y trouvent bien. C'est en train de devenir un paramètre : quand il n'y a pas ces visites, on peut commencer à se poser des questions... C'est pourquoi nous proposons des lieux originaux, confortables, élégants avec des prestations comme les petits-déjeuners et des animations qui puissent servir aux chefs d'entreprises. Créer ce type de dynamique est indispensable quand on fait du coworking ».

Avec cette nouvelle activité créative et rentable le fondateur de Concoursmania n'est pas prêt de mettre le mot fin au scénario de son aventure entrepreneuriale.

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