Télémédecine : Satelia troque ses habits de startup pour des blouses de soignants

"Nous voulons nous occuper des personnes non connectées qui représentent 40 % de notre patientèle !" Quatre ans après sa création, la startup bordelaise Satelia, spécialisée dans le suivi de pathologies chroniques à distance, accentue son tropisme vers l'accompagnement humain en recrutant plusieurs dizaines d'infirmières. Nicolas Pagès, lui-même médecin anesthésiste-réanimateur, structure ainsi son entreprise comme un maillon à part entière du système de santé.
Nicolas Pagès (au 1er rang à gauche), le fondateur de Satelia, et une partie de l'effectif de l'entreprise qui compte plus de 50 salariés, dont une trentaine d'infirmières et infirmiers.
Nicolas Pagès (au 1er rang à gauche), le fondateur de Satelia, et une partie de l'effectif de l'entreprise qui compte plus de 50 salariés, dont une trentaine d'infirmières et infirmiers. (Crédits : Satelia)

Devenir une licorne de la e-santé européenne d'ici à 2030 ? Ça le fait largement sourire, Nicolas Pagès, quand on lui rappelle ses propos tenus fin 2019. "Ce ne sont pas des mots que j'utiliserais aujourd'hui ! Parce que je les trouve présomptueux même si on a toujours pour ambition de devenir un acteur qui compte dans la télémédecine et dans le système de santé en général", répond le cofondateur et CEO de Satelia, avant de dessiner son nouveau positionnement stratégique :

"Plus largement, ce que je dis aux personnes qui nous rejoignent c'est que nous ne sommes pas là pour coder une application mais pour produire du soin et accompagner des patients atteints de maladies chroniques ! C'est primordial dans notre culture d'entreprise, particulièrement dans cette phase de forte croissance", poursuit le dirigeant.

Il est désormais à plein temps aux commandes de Satelia après avoir validé sa thèse de médecine à l'automne 2021 et été largement mobilisé pendant la crise sanitaire dans les services de réanimation du CHU de Bordeaux et l'hôpital de Libourne.

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37 infirmières salariées

Et si l'appellation de licorne est gommée du vocabulaire, l'entreprise fondée en 2017 compte déjà 54 salariés et prévoit de doubler de taille tous les 18 mois pour atteindre environ 220 collaborateurs d'ici trois ans. Une croissance très soutenue donc qui se fait pour l'instant sans levée de fonds. Rentable, la startup double son activité chaque année pour un chiffre d'affaires de quelques millions d'euros. Sa force ? Un logiciel reconnu comme dispositif médical, disposant du marquage CE et remboursé comme tel à 100 % par la Sécurité sociale en France depuis 2018. Un point d'ancrage, développé pour le suivi de l'insuffisance cardiaque, la chirurgie ambulatoire puis l'oncologie, qui permet à Nicolas Pagès de déployer une offre plus globale aussi bien dans les grandes villes que dans les déserts médicaux :

"En réalité, Satelia aujourd'hui c'est trois choses : le logiciel de télé-suivi des patients reconnu officiellement comme dispositif médical ; une mission de recherche et de publications scientifiques en médecine ; et une plateforme humaine comptant 4 médecins et 37 infirmières. C'est cette équipe qui assure l'accompagnement des patients suivis, notamment en appelant les 40 % d'entre eux qui ne sont pas capables d'utiliser le numérique pour le faire à leur place. L'équipe coordonne aussi gratuitement les soins avec des infirmières libérales partenaires pour les patients isolés géographiquement ou ayant des difficultés à se déplacer."

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Plus de 5.150 patients atteints d'insuffisance cardiaque sont suivis par Satelia et, dans les faits, ces trois activités se nourrissent mutuellement de données, de cas d'usage et d'expériences. De quoi consolider et améliorer le service de Satelia qui est désormais déployé dans plus de 220 centres, CHU, hôpitaux et cliniques. Car le dirigeant ne se départ pas de sa rigueur scientifique : "Nous prouvons par A+B que notre solution apporte satisfaction au patient, améliore le parcours de soin et permet à la Sécurité sociale d'économiser de l'argent. C'est l'objet de nos publications scientifiques", insiste-t-il, avant de conclure : "Satelia est devenue un acteur du système de santé et plus seulement une entreprise de télémédecine."

L'Europe toujours en ligne de mire

Pour piloter cette structuration à l'échelle d'une scale-up, Régis Sénégou a été nommé directeur général en janvier dernier. Bon connaisseur des rouages de la e-santé, il est notamment passé par Cegedim Logiciels Médicaux et Docapost. Et parmi les projets à mener à bien, Nicolas Pagès et Régis Sénégou s'intéressent aussi à l'international car si l'essor européen a pris du retard ces dernières années, il est toujours d'actualité. Disposant déjà du marquage CE, Satelia doit désormais travailler sur la prise en charge de sa solution par les systèmes de santé en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni. La plateforme est, elle, déjà traduite.

D'ici là, Satelia devrait continuer à grandir depuis ses nouveaux locaux bordelais où elle vient de s'installer, à la Bourse maritime, sur les quais de la Garonne. L'entreprise recrute une vingtaine d'infirmiers et infirmières et une vingtaine de développeurs informatiques et profils experts du produit, du design et des aspects règlementaires en santé. Les postes sont à Bordeaux ou en télétravail total.

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Commentaire 1
à écrit le 22/04/2022 à 9:41
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Une bonne opportunité pour les infirmières leur permettant de travailler bien plus sereinement qu'à la clinique esclavagiste ou bien à l'hôpital dépouillé dans lequel on engage des cadres non soignants pour virer le personnel soignant.

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