A Bordeaux NFC-Interactive fait parler les machines pour pas cher

NFC-Interactive devrait multiplier son chiffre d’affaires par cinq en 2016. Bien sûr la startup bordelaise part de loin, mais cette accélération foudroyante souligne le décollage d’une entreprise innovante qui révolutionne la communication à moindre coût.
Nicolas Bournet et Serge Chaumette

NFC-Interactive, créée à Bordeaux fin 2014, multiplie les contrats et sortira de la séquence startup de son évolution d'ici la fin de l'année. L'une des caractéristiques des très jeunes entreprises innovantes est leur recours au "burning cash", à la dépense élevée de capitaux pour développer leurs innovations. Et ceci souvent sans lien avec un chiffre d'affaires puisqu'il n'y a pas ou peu de ventes. Si NFC-Interactive a réussi à réaliser ses premières ventes assez tôt, la startup sort toutefois d'une phase initiale au fonctionnement commercial réduit.

"2015 est notre premier exercice. Nous avons enregistré 150.000 € de produits, dont à peu près 80.000 € de chiffre d'affaires et 70.000 € de subventions. En 2016, la tendance est à la réalisation de 400.000 € de chiffre d'affaires", évalue Nicolas Bournet, président de NFC Interactive, ex-directeur administratif et financier de la chaîne de télévision bordelaise TV7.

Levée de 500.000 €

Diplômé de l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de Lyon Nicolas Bournet n'est pas directement lié au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri) d'où viennent les deux chercheurs à l'origine de la startup : Serge Chaumette et Jonathan Ouaoba. Le quatrième mousquetaire, Damien Dubernet, est ingénieur spécialisé dans le développement d'applications mobiles et sur cartes à puces dans une entreprise de sécurité informatique. La montée en puissance du chiffre d'affaires n'empêche pas la startup d'annoncer une levée de fonds de 500.000 euros d'ici la fin de l'année, avec l'appui de l'Agence de développement et d'innovation (ADI) Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC), importante agence de la Région. La startup exploite la technologie NFC (near field communication ou communication en champ proche), qui permet d'échanger des données sans contact par exemple entre un smartphone et un ordinateur, pour développer de nouvelles applications interactives, aussi bien dans la sphère culturelle qu'industrielle.

Nouveau bureau près de Paris

Porteur d'une innovation développée au Labri, NFC Interactive a été soutenue par la Société d'accélération de transfert technologique (Satt) Aquitaine, qui dépend de l'Université de Bordeaux, mais aussi par le Département de la Gironde et la Région. La société qui emploie actuellement trois salariés compte passer à six d'ici septembre et à dix en décembre... Installée à la pépinière éco-créative des Chartrons à Bordeaux, NFC Interactive se prépare à déménager ailleurs dans le périmètre de Bordeaux Métropole, ses 24 mois d'hébergement à la pépinière touchant à leur fin. Nicolas Bournet a plusieurs fers au feu dans ce cadre mais ne veut en identifier aucun. Ce qui n'empêche pas que NFC-Interactive dispose, à partir de ce mois de juin, d'un nouveau bureau plaine-Saint-Denis, près du Stade de France, "dans les locaux de la direction Digital et Communication de la SNCF" précise Nicolas Bournet. C'est la conséquence du contrat signé par la petite NFC-Interactive avec le géant SNCF.

Le gros contrat SNCF

"Les voix ferrées sont équipées de centres techniques, des petits bâtiments où l'on contrôle en permanence le bon fonctionnement des circuits électriques, dont dépendent notamment les feux et les passages à niveau. En cas de panne c'est compliqué car, à cause des énormes contraintes électromagnétiques que subissent les petits locaux des centres techniques, il y est interdit d'utiliser le téléphone portable, dont les réseaux sont brouillés", explique Nicolas Bournet. Atout maître des applications développées par NFC-Interactive : elles n'ont pas besoin qu'un smartphone soit allumé pour fonctionner.

"Nous développons un système d'alerte immédiate qui couple smartphone et ordinateur central. Les agents SNCF sont équipés de smartphones et de cartes où l'on stocke les données de la mesure. Une fois qu'il a fait ses contrôles le long des voies, qu'il a vérifié qu'il y avait ou qu'il n'y avait pas d'échappement d'électricité dans la terre, c'est-à-dire de panne, il suffit à l'agent SNCF de taper les informations sur son smartphone ou sa tablette en mode avion, c'est-à-dire communications coupées, décortique Nicolas Bournet. Sans qu'il n'ait rien à faire nous aspirons alors toutes ces données, poursuit-il, depuis la cahutte du centre technique vers un site central, dont le développement est très complexe. Ceci parce qu'il doit intégrer tous les profils d'agents, avec les chefs, les sous-chefs, etc. et tous les niveaux de droit d'accès à l'information dont ils disposent."

La sélection de NFC-Interactive n'a été finalisée par la SNCF qu'à l'issue d'une longue série de tests impitoyables orchestrés par la direction des systèmes d'information de la société nationale. Le dernier investissement initié par NFC-Interactive s'intègre dans le développement de la ville intelligente (smartcity) et va permettre "à tous les capteurs de discuter entre eux, qu'ils soient ciblés sur la météo ou la gestion des poubelles : une nouvelle application qui ne nécessite aucun changement de matériel". NFC-Interactive, qui a également été repéré par plusieurs autres grands groupes de France, sera présent à la prochaine édition du salon Viva Technology (du 30 juin au 2 juillet), porte de Versailles, à Paris, sur le stand de la SNCF.

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