A Kedge Business School, dans la course à l’innovation

Plus de 250 personnes ont répondu à l’invitation de La Tribune Bordeaux hier au soir dans les locaux de Kedge Business School pour participer au lancement du Guide des Entreprises et suivre la conférence-débat "Comment innover pour ne pas se faire disrupter".
José Milano, Thomas Boisserie, Jean-Yves Grandidier, Eric Bessaudou


La présentation de l'édition 2016 du Guide des Entreprises de La Tribune Bordeaux s'est déroulée hier soir à l'école de management Kedge Business School (KBS), à Talence (Gironde), partenaire de ce lancement. C'est devant un amphithéâtre plein à craquer que Mikael Lozano, rédacteur en chef de La Tribune Bordeaux, a animé la conférence-débat "Comment innover pour ne pas se faire disrupter".

José Milano, directeur général adjoint de KBS, Eric Bessaudou, animateur innovation du groupe Legrand, à Limoges, Thomas Boisserie, PDG fondateur de Loisirsenchères.com, à Bordeaux, et Jean-Yves Grandidier, président fondateur de Valorem, à Bègles, ont confronté leurs expériences dans l'innovation au travers du risque de disruption. Recyclé par le marketing étatsunien ce vieux mot français d'origine latine, qui signifie "rupture, fracture", semble banaliser le concept "d'effraction épistémologique", de changement brutal de modèle, dont Galilée, en démontrant que la Terre tournait autour du Soleil et non l'inverse, reste l'une des grandes icônes.

Kedge Milano

José Milano lors du lancement de la soirée (Agence Appa)

"Je suis tourné vers les salariés"

Après avoir rappelé que KBS, qui est labélisé French Tech, est à la fois impliqué dans les technologies digitales et lancé dans la course à l'innovation, José Milano a précisé que Kedge Business School accompagne "les jeunes qui créent leur entreprise, c'est un accélérateur". L'innovation, qui joue désormais un rôle stratégique dans le développement de la plupart des entreprises, remodèle l'organisation de celles qui sont de plain-pied dans la technologie. Ce qui est le cas du groupe Legrand, impliqué "dans tout ce qui est électrique et numérique dans les bâtiments, qu'il s'agisse de logements, d'unités industrielles ou autre" résume Eric Bessaudou.

Dans cette multinationale de 36.000 personnes, présente dans plus de 120 pays et qui génère un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 4 Md€, ce dernier tient un rôle qui rend compte de l'importance déterminante de l'innovation chez Legrand.

"Je ne suis pas le directeur de l'innovation. Je suis tourné vers les salariés, au sein de notre communication interne. Ma mission est de favoriser l'adoption par mes collègues d'une posture créative, ce qui engage tout le monde, les commerciaux comme les financiers" décrit Eric Bessaudou.

Kedge Bessaudou Legrand

Eric Bessaudou, un animateur vraiment très impliqué dans l'innovation (Agence Appa)

L'homme-orchestre de Legrand

Cette fonction le conduit à s'intéresser à tous les projets innovants, qu'ils portent sur une modification de l'organisation ou le développement de nouveaux produits. Mais ce super animateur n'en reste pas là. En plus de Legrand intra-muros il s'intéresse à l'environnement du groupe.

"Nous ne devons pas rester en vase clos, nous devons nous intéresser aux autres entreprises. C'est ainsi que j'ai pris contact avec le groupe Decathlon. Cela a surpris en interne mais Décathlon travaillait sur la mobilité urbaine et donc les vélos électriques et les bornes de recharge : autant de sujets qui nous intéressent" s'amuse Eric Bessaudou.

Ce dernier définit la créativité comme une posture et l'innovation comme un process. Véritable homme orchestre, Eric Bessaudou ne se contente pas de savoir ce qui se passe.

"Je fais un coaching des équipes, car quand on innove on se lance dans l'inconnu. Je suis là pour donner confiance, valider les idées et faire connaître les success story" détaille-t-il.

Innover ou se faire disrupter, c'est-à-dire innover ou disparaître : rien de plus déterminant.

Le public est venu nombreux pour s'informer sur la disruption (Agence Appa)

Valorem l'éolien

A la tête d'une PME devenue emblématique de l'éolien en France, Jean-Yves Grandidier, dirigeant de Valorem, est un authentique pionnier, habitué à se déplacer et à construire du nouveau dans l'inconnu. Après avoir lancé son entreprise en 1994, qui emploie aujourd'hui 160 salariés pour 45 M€ de chiffre d'affaires, il fonde en 1996 le syndicat France Energie Eolienne.

"Il s'agissait de faire du lobbying auprès de l'Etat pour obtenir des facilités, avec en particulier des tarifs préférentiels de rachat de l'électricité éolienne, qui représente aujourd'hui 5 % de la production électrique nationale" rappelle Jean-Yves Grandidier.

Valorem est spécialiste de l'aménagement de parcs éoliens et gère aujourd'hui pour 100 MW de production. Alors que Valorem est connu dans la France entière, l'Aquitaine est la seule région où aucun parc éolien n'a pu jusqu'ici voir le jour. Ce qui n'empêche pas le patron de Valorem de continuer à y croire et à porter des projets, en particulier en nord Médoc.

Kedge Grandidier

Jean-Yves Grandidier, authentique pionnier de l'éolien en France (Agence Appa)

"Nouvel ordre électrique"

En plus de la technologie, Jean-Yves Grandidier s'est également lancé dans l'innovation financière : pour permettre l'accès des particuliers à l'éolien il fallait faciliter la mobilisation de leur épargne "près de chez eux". Les technologies cybernétiques redessinent des pans de plus en plus vastes de la société, donnant à l'individu des pouvoirs encore impensables il y a vingt ans.

"Dans le domaine de l'énergie, nous allons passer d'un monde ancien de la production à un nouvel ordre électrique. Avec les nouvelles applications numériques, les particuliers pourront produire et consommer leur propre électricité. Ce qui va poser le problème du financement des structures collectives des réseaux de distribution et de production" avertit Jean-Yves Grandidier.

En l'occurrence, la disruption pourrait entrainer l'effondrement d'infrastructures collectives qui engagent l'ensemble de la société.

"On nous prend pour des jambons"

Le patron de Valorem réclame le droit à l'expérimentation, y compris au plan réglementaire, pour assurer la réussite de ce virage énergétique. Innovateur dans le secteur des services Thomas Boisserie, à la tête de Loisirsenchères.com, rappelle qu'il a eu l'idée de créer son entreprise lors d'un mariage à Lacanau où, entre deux piña colada (cocktail à base de rhum, jus d'ananas et crème de coco), il a découvert, en discutant avec des Espagnols et des Hollandais, qu'aux Pays bas il était courant d'acheter ses vacances aux enchères et que ça marchait du feu de dieu.

"Il faut être capable de fixer le meilleur prix au meilleur moment. En juin dernier les soldes n'ont pas marché, elles étaient en baisse de 20 %. C'est à cause des sites marchands sur Internet, où l'on propose aux gens des prix barrés toute l'année. Mais si vous regardez bien, vous verrez qu'en réalité ces sites marchands proposent des petites ristournes de 2 à 4 %, et pas de bonnes affaires. On nous prend pour des jambons" souligne d'entrée Thomas Boisserie.

Kedge Boisserie

C'est à l'occasion d'un mariage à Lacanau que Thomas Boisserie a eu l'idée de créer son entreprise (Agence Appa)

"Fabriquer des disrupteurs"

Fondée il y a un an, sa société est passée de 1 à 17 emplois et de 0 à 375.000 € de chiffre d'affaires. Gastronomie, sport, spectacles, cadeaux... en plus des voyages et des hôtels l'entreprise de Thomas Boisserie, identifié comme "le disrupteur" de la soirée, ratisse large. Ce jeune dirigeant est satisfait de l'organisation interne à deux niveaux hiérarchiques de son entreprise, qui favorise l'éclosion des idées, et demande à ses salariés de consacrer 10 % de leur temps à la veille, histoire de savoir ce que font les autres.

"Actuellement nous n'avons aucun compétiteur, mais il y en a peut-être dans la salle... qu'il vienne me voir à la fin de la conférence si c'est le cas" commente avec malice l'innovateur.

"Fabriquer des disrupteurs sans se faire disrupter" c'est l'objectif que doit atteindre Kedge Business School pour continuer à se développer. Concurrencé par des plateformes web qui font du courtage de cours, KBS a "fabrique aussi des profils capables de disrupter les autres, il faut que nos étudiants puissent s'adapter" éclaire José Milano. Avant d'observer "on ne peut plus capitaliser sur le savoir de ses jeunes années pour le réinvestir par la suite". Mettre en œuvre rapidement les nouvelles idées est l'un des nouveaux impératifs de l'ère digitale.  




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