Europlasma semble avoir trouvé la bonne carburation et voit son activité exploser

Le groupe landais Europlasma a signé un premier semestre 2022 exceptionnel au point d'être historique. Même si la rentabilité n'est pas encore au rendez-vous et que menace une crise énergétique qui pourrait être dévastatrice, Jérôme Garnache-Creuillot, le PDG, semble en passe de réussir son pari. Remettre ce groupe innovant qui a failli disparaître à plusieurs reprises sur les rails de la croissance (1/2).
Jérôme Garnache-Creuillot
Jérôme Garnache-Creuillot (Crédits : Europlasma)

Europlasma, à Morcenx (Landes), spécialiste de la dépollution par torche à plasma, coté en bourse, semble pour la première fois en mesure de décoller et d'échapper à cette farandole de pertes financières qui l'accompagne comme une ombre depuis sa création en 1992. Entreprise innovante, Europlasma est restée, malgré les années qui passaient, encapsulée dans un style startup en mode survie, avec des prototypes directement catapultés sur le marché, testés grandeur nature, et des levées de fonds de plus en plus acrobatiques. Jusqu'à la sortie de route de 2019, qui aurait été fatale au groupe sans les interventions du fonds d'investissement londonien Alpha Bue Ocean (ABO), dirigé par Pierre Vannineuse, et de l'équipe managériale emmenée par le nouveau PDG, Jérôme Garnache-Creuillot.

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Si rien n'est encore joué, le pari du nouveau dirigeant n'a jamais été aussi près d'être réussi. Au cours des derniers mois, Europlasma a pris ainsi un virage historique marqué par une série d'opérations de croissance externe lancées en mai 2021, avec la reprise de Tarbes Industry, à Tarbes (corps creux de grande taille), et clôturées en avril dernier avec l'acquisition de Satma PPC, devenue Satma Industries, dans la région lyonnaise (fabricant d'anodes en aluminium), après celle en janvier 2022 des Forges de Gerzat, à Clermont-Ferrand (fabrication de bouteilles de gaz haute pression).

Un chiffre d'affaires qui explose de +140 %

Autant d'entreprises qui ont été, à un moment donné, en panne tout en conservant des savoir-faire industriels ultimes, comme la maîtrise des corps creux de grandes dimensions, avec des actifs et des marchés encore à portée de mains, souvent grâce à l'aide de l'Etat, dont Europlasma à commencé à se saisir. Ce qui semble expliquer en grande partie l'étonnant rebond d'activité qui apparaît dans le compte de résultat du premier semestre 2022 qu'Europlasma vient de publier. Avec à la clé un mouvement de bascule spectaculaire du chiffre d'affaires passé de 3 millions à 7,2 millions d'euros entre les premiers semestres 2021 et 2022 (+140 %).

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Si la tendance est globalement orientée à la hausse, seul le résultat opérationnel parvient au premier semestre 2022 à franchir la barre du zéro pour se caler en positif à 36.000 euros, contre une valeur négative de -6,8 millions d'euros un an plus tôt. Cet énorme rebond positif résulte "du profit de 7,1 millions d'euros généré par l'intégration de Satma Industries dont la valeur des actifs est nettement supérieure au prix payé pour leur acquisition... ", éclaire la direction du groupe.

Pour son PDG, Europlasma répond à l'urgence environnementale

Malgré ce redressement tout à fait spectaculaire du résultat opérationnel, le bénéfice net du groupe reste franchement négatif au premier semestre 2022, à -2,4 millions d'euros. Il est vrai qu'un an plus tôt il pointait à -11,1 millions d'euros. Soit une remontée fulgurante représentant +8,6 millions d'euros mais qui est encore insuffisante pour que le résultat net puisse redevenir positif. Les comptes du groupe traversent une période très agitée qui s'inscrit néanmoins dans une dynamique bien orientée qui peut laisser espérer un rétablissement complet de l'entreprise.

Europlasma fonctionne à partir de fondamentaux qui ont fait leurs preuves, comme le traitement des déchets d'amiante avec Inertam, la fabrication de combustibles solides de récupération (CSR), avec Chopex, et le traitement par plasma en particulier des cendres volantes toxiques (Refiom). Mais le groupe s'est réorganisé lors de l'intégration des dernières sociétés rachetées.

"Ce premier semestre témoigne de la profonde transformation opérée par le groupe Europlasma. Pour la première fois, nous montrons un nouveau visage avec désormais trois branches d'activités, autour des solutions plasma, de la décarbonation et du traitement de déchets dangereux, qui offrent de solides perspectives et de puissantes synergies dans un contexte où l'urgence de solutions environnementales durables n'a jamais été aussi forte", recadre tout d'abord Jérôme Garnache-Creuillot.

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Un groupe réorganisé dont les solutions attirent

Avant de tracer des perspectives liées à cette nouvelle organisation interne, qui intègrent les fortes incertitudes du moment, notamment sur le plan énergétique.

"C'est grâce à ce nouveau visage que nous avons été capables de mettre en place de nouvelles sources de financement plus conventionnelles. Même si le contexte énergétique met nos activités industrielles sous pression à court terme et nous oblige à faire preuve de réactivité et de capacité d'adaptation, je suis convaincu que nos choix stratégiques sont les bons et nous offrent de solides perspectives d'avenir", déroule ainsi le PDG.

S'il fallait encore démontrer l'intérêt majeur de ces opérations de croissance externe, l'annonce faite le lundi 17 octobre d'une nouvelle commande à Tarbes Industries pour la fabrication de 30.000 corps creux représentant plus de huit millions d'euros de chiffre d'affaires suffirait à poser l'argumentaire.

"Cette crise énergétique est psychologique"

Autant de très bons résultats qui renforcent les bases d'Europlasma, ce dont le groupe avait impérativement besoin, d'autant qu'il va devoir faire face à un choc énergétique qui promet d'être violent. Même si Jérôme Garnache-Creuillot le trouve artificiel, il n'en reste pas moins réel, ne serait-ce qu'à cause de l'arrêt des ventes de gaz déclenché par le Kremlin, et constitue une nouvelle épée de Damoclès suspendue au-dessus de la fête du groupe, qui a besoin de beaucoup d'électricité pour porter la matière à l'état plasma. Un vrai risque à ne pas perdre de vue.

"Il n'y a pas de raison que l'inflation énergétique dure, un jour la crise s'arrêtera. Les niveaux de la demande et de la production en énergie sont connus. Il n'y a aucune surprise sur ce plan. Les capacités de production mondiales n'ont pas été détruites par la guerre (en Urkaine -Ndr). Cette crise énergétique est psychologique.

Dans la durée, le marché du gaz devrait retrouver un niveau normal tandis que le parc nucléaire français, qui est un formidable amortisseur, va redémarrer. Le problème que nous vivons est celui de l'incertitude. Et l'incertitude c'est ce que les marchés financiers détestent, d'où le développement de stratégies spéculatives basées sur la peur de manquer, qui font grimper les cours", déroule ainsi avec originalité le patron d'Europlasma pour La Tribune.

S'agit-il d'un petit excès d'optimisme ou d'une vision plus affutée de la réalité ? Les faits nous le diront.

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