
Les représentants du fonds de retournement allemand Mutares, qui est sur les rangs pour reprendre l'usine Magna Powertrain Bordeaux, à Blanquefort, devaient rencontrer les représentants de l'intersyndicale CGT-FO-CFTC-CFDT à l'occasion du CSE extraordinaire qui a lieu ce lundi 10 octobre à 14h15. Une journée qui va s'avérer chargée puisqu'Alain Rousset, président (PS) de Nouvelle-Aquitaine, devait de son côté rencontrer l'intersyndicale dès ce matin.
"Les représentants de Mutares ont été clairs. Ils ont bien précisé qu'ils n'investiraient pas un sou dans notre usine. Ils ne sont pas là pour ça. Il y aura peut-être des investissements à Magna Powertrain Bordeaux mais pas avant que Mutares ait trouvé une entreprise qui a envie de nous racheter et d'investir chez nous. Parce que ce sont des financiers qui sont là pour faire de l'argent", souligne pour La Tribune Vincent Teyssonneau, délégué syndical CGT à Magna Powertrain Bordeaux.
Ford : troisième homme et acteur clé du dossier ?
Spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses manuelles, l'usine de Blanquefort, ex-Getrag Ford Transmissions (GFT) jusqu'au 1er mars 2021, date à laquelle Ford s'est retiré de cette joint-venture avec Magna, perd de l'argent malgré ses 200 millions d'euros de chiffre d'affaires et 740 salariés. Mais comme le rappellent de plus en plus souvent les syndicalistes, sans Ford, il n'y aurait sûrement jamais eu d'usine du secteur automobile dans cette zone industrielle de Blanquefort.
Puisque Getrag Ford Transmissions est née de l'externalisation d'une partie de l'activité de l'ex-Ford Aquitaine Transmissions (fermée en 2019). Au point que le groupe Ford, qui devrait être totalement absent du paysage depuis le remplacement l'an dernier de GFT par Magna Powertrain Bordeaux, est pour les syndicats le troisième homme de ce dossier.
"Au cours du CSE européen qui s'est déroulé cet été en Allemagne et auquel nous avons participé, nous avons demandé à nos camarades comment cela se passait pour les autres ex-Getrag Ford Transmissions qui existaient en Allemagne ou ailleurs et qui ont été reprises par Magna. Or, dans tous les cas, le groupe canadien a à chaque fois racheté les terrains et les murs.
Sauf à Blanquefort où le groupe Ford est toujours propriétaire du terrain, du bail commercial et reste l'unique client de Magna Powertrain Bordeaux ! Il s'agit d'un cas de figure ahurissant où tout le monde parle du groupe Magna et de Mutares mais où Ford est toujours dans la partie. C'est sans doute l'acteur clé du dossier même si Ford préfère rester en coulisses", analyse le cégétiste.
C'est pourquoi les élus, dont la maire de Blanquefort, Véronique Ferreira (divers gauche) également vice-présidente de Bordeaux Métropole, et ce matin le patron de la Région, Alain Rousset, sont ou vont être sensibilisés par les syndicats à l'option de la préemption des terrains détenus par Ford.
Traiter la question des 64 millions d'euros promis à Magna par Ford
Une option qui n'a jusqu'ici jamais été activée concernant les terrains de l'ancienne usine Ford Aquitaine Industries de Blanquefort. Pourtant Vincent Teyssonneau et les autres syndicalistes estiment que c'est une menace qui serait prise au sérieux par Ford et donc par Magna.
"Le président de la Région a les moyens de lancer une préemption sur les terrains détenus par Ford. Nous avons contacté le bureau du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Lemaire, pour aller le voir puisque Bercy continue à suivre ce dossier. De plus, nous avons fait appel à un avocat spécialisé en droit des affaires au sujet des 64 millions d'euros prévus par Ford pour accompagner Magna dans le cadre de la restructuration et de la dépollution du site de l'usine dans la perspective de son arrêt. Nous demandons à ce que 27 millions d'euros soient réservés pour la dépollution et que les 37 millions d'euros restants soient redistribués aux salariés. Nous pensons aussi à demander le retour de Ford à la tête de l'entreprise", déroule le délégué syndical.
Ce cas de figure apparemment extravagant s'est déjà produit quand Ford a été obligé de reprendre les rênes de Ford Aquitaine Industries après avoir cédé l'usine au fonds de retournement allemand FZ Holding.
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