On trouve les talkies-walkies et équipements de radiocommunication de TPL systèmes chez les pompiers et les opérateurs de sécurité ou d'infrastructures énergies. Les clients de cette PME installée à Sarlat, capital du Périgord noir, sont les Sdis (services départementaux d'incendie et de secours), EDF ou encore des opérateurs français et européens, l'export représentant environ 20 % de son activité. Mais jusqu'à présent, c'est en Chine que Thierry Gauthier, le président et fondateur de TPL Systèmes, faisait fabriquer ses cartes électroniques, ou en Europe, avant d'assembler les équipements en Dordogne. Et puis, il y a eu le Covid-19 et le dérèglement en cascade du commerce mondial.
Un investissement de 3,2 millions d'euros
"Avec les confinements et les difficultés logistiques on s'est fait peur sur notre capacité à livrer à nos clients et donc à maintenir notre activité. Relocaliser, on y réfléchissait déjà avant mais la crise sanitaire a tout compliqué et a donc fait office de déclencheur quand il y a eu les aides du plan France Relance", se souvient Thierry Gauthier.
Une volonté qui s'est concrétisée l'an dernier par un investissement de 3,1 millions d'euros, dont un aide de l'Etat de 800.000 euros, dans une nouvelle ligne de fabrication de cartes électroniques à Sarlat. Celle-ci est opérationnelle depuis le mois de mars 2022 et représente un effort conséquent pour cette PME de 70 salariés qui tourne autour de 24 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. "Aujourd'hui, nous continuons à commander nos composants semi-conducteurs en France, en Europe et en Asie mais nous sommes en capacité d'être 100 % autonomes dans la fabrication de nos cartes électroniques. Et l'objectif c'est de tout rapatrier de Chine d'ici cinq ans !", poursuit le dirigeant qui vient de fêter ses 60 ans.
Thierry Gauthier, le président et fondateur de TPL Systèmes (crédits : TPL Systèmes).
Et si les nouveaux chambardements macro-économiques nés de la guerre en Ukraine ne sont pas à l'origine de ce mouvement stratégique de TPL Systèmes, ils viennent le conforter. "On gagne sur le plan de la sécurité d'approvisionnement puisqu'on gère désormais nous-même nos stocks. Ce n'est pas anodin dans un contexte où, depuis le Covid, la livraison des semi-conducteurs est passée de 8 à 12 semaines à un délai de 12 à 24 mois. La réalité c'est que nous sommes aujourd'hui beaucoup moins vulnérables qu'avant aux aléas économiques et géopolitiques", juge Thierry Gauthier.
Repenser la conception de A à Z
Qu'en est-il sur le plan des coûts de production pour une entreprise qui produit environ 40.000 pièces par an ?
"Le constructeur de la ligne est le même donc le coût est le même qu'on l'installe en Chine ou à Sarlat", répond le chef d'entreprise. "Ensuite, on a fait le choix d'une ligne très sophistiquée et largement automatisée ce qui permet de limiter les coûts de main-d'œuvre. Au total, notre coût de production est quasi identique aujourd'hui tout en ayant ré-internalisé de la technicité et des savoir-faire industriel".
Un changement radical dans le modèle de l'entreprise porteur d'autres implications. Les équipes de conception et de R&D, basées à Toulouse Métropole, ont ainsi du revoir de fond en comble les processus de fabrication pour coller aux exigences de la nouvelle ligne de production. "Nous réétudions et redessinons tous nos produits pour être moins chers et plus efficaces lors de la phase d'assemblage. C'est aussi l'occasion de monter en gamme en développant des fonctionnalités que nos sous-traitants chinois ne faisaient pas", précise Thierry Gauthier.
Enfin, le bilan est aussi positif en termes d'empreinte carbone de l'entreprise et d'impact sur l'emploi local. Si bien que TPL Systèmes réfléchit déjà à la suite et envisage d'internaliser à moyen terme des capacités de production de pièces en injection plastique.
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