Chez SGS en Gironde, les mobilités de demain au banc d'essai

REPORTAGE. Le leader mondial du contrôle et de la vérification des dispositifs techniques SGS augure tout juste un changement de cap sur son principal site girondin. Alors que l'expertise sur les pièces automobiles représente 80 % de son activité de test, le groupe affiche sa stratégie pour accompagner ses clients sur le développement des mobilités douces et des nouvelles énergies.
Maxime Giraudeau
Les contrôleurs de SGS à Cestas effectuent des batteries de tests pour évaluer la fiabilité des dispositifs techniques de leurs entreprises clientes.
Les contrôleurs de SGS à Cestas effectuent des batteries de tests pour évaluer la fiabilité des dispositifs techniques de leurs entreprises clientes. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

C'est un acteur à la fois omniprésent et invisible dans les objets techniques du quotidien. La société SGS, multinationale suisse fondée au XIXe siècle, met à l'épreuve chaque année des millions de pièces et dispositifs pour attester, ou non, de leur fiabilité selon les attentes de leurs clients. Avec quatre sites, c'est en Gironde que SGS France compte la majeure partie de ses salariés, dont une centaine opère du côté de Cestas, au sud de Bordeaux. Dans cette zone d'activités, le leader mondial dispose de quatre entrepôts actifs répartis autour du grand site de Lectra, un autre meneur mais dans le secteur de la découpe des textiles et cuirs. Les plus grands constructeurs automobiles défilent ici, chez SGS, pour lancer et suivre les processus de tests de leurs nouveaux objets tout droit sortis des centres de R&D. On devine les noms des leaders français et européens même si la discrétion est reine dans le domaine de l'innovation.

Pour eux, c'est l'ultime étape, et pas des moins périlleuses, pour faire valider des pièces longtemps imaginées, conçues et développées en interne. Au centre de test de Cestas, les chambres climatiques et plateformes d'essai se comptent par dizaines : elles seules permettent de reproduire les conditions extrêmes et les aléas, des chaleurs intenses aux brouillards salins en passant par les effets de la corrosion. Exposition à des produits chimiques, tests d'adhérence et de résistance, analyses chimiques ou sensorielles, tout y passe.

"Nous avons une dizaine de métiers différents, c'est une de nos forces. Nous couvrons un éventail très large d'effets climatiques différents. Nos clients savent qu'on sera capable de faire les tests environnementaux de A à Z", vante Fabien Friche, le directeur du site, au milieu des chambres climatiques en action.

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Les coûts des tests dans les chambres climatiques varient en fonction du temps demandé et du nombre d'étape d'évaluation. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Prêt pour l'hydrogène ?

Leur capacité va de un à dix mètres cube. La durée des tests, de 24 à plus de 3.000 heures. Autant d'arguments pour le groupe suisse qui lui permettent de s'afficher en leader mondial de l'inspection et du contrôle. Derrière chassent le Belge Bureau Veritas, acteur historique depuis 1828, et le Britannique Intertek. C'est bien SGS qui, avec plus de 6 milliards d'euros en 2021, tient le plus gros chiffre d'affaires. Mais le groupe n'est pas encore parvenu à retrouver son niveau d'avant Covid. Signe d'une crise pas encore résorbée, ni tout à fait terminée, mais aussi d'une transition qui s'accélère. "Nous travaillons de plus en plus sur les mobilités propres. Ici on a d'ailleurs un client qui fait vieillir ses batteries lithium-ion" révèle le directeur du site d'une centaine de salariés. Arrivé en janvier dernier à son poste, Fabien Friche joue en boucle une petite musique, celle de la transition écologique. Entre une interdiction des ventes de voitures à moteur thermique en Europe d'ici 2035 et l'essor des mobilités vertes, le tout accéléré par la crise Covid, SGS doit adapter sa ligne de mire.

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Fabien Friche est directeur du site de Cestas depuis janvier 2022. Il avait rejoint SGS en 2017. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

"Il faut essayer d'accompagner nos clients historiques [les constructeurs automobiles et aéronautiques en particulier, ndlr] vers cette transition, appuie-t-il. Mais il y a beaucoup de petits acteurs, des startups qui cherchent à tester leurs procédés."

Et d'autant plus à proximité d'une agglomération bordelaise et une région très active en matière de nouvelles mobilités avec notamment les batteries de Gouach, les vélos électriques de Pony, les véhicules de micro-logistique de Midipile ou encore l'usine pilote d'ACC à Nersac. SGS dit même être prêt pour l'hydrogène. Le vieillissement de ces dispositifs énergétiques sera testé par électrolyse de l'eau. Pour l'heure, le groupe s'intéresse tout juste à ce nouveau mode d'alimentation et définit une formule pour conduire le processus d'évaluation. Il y a un vrai cap à franchir, voire même une reconfiguration des machines, car l'hydrogène est un élément chimique hautement inflammable et explosif.

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Nouvelle chambre climatique

Voilà un tournant pour le groupe aux 90.000 salariés. C'est quand son activité est portée à 80 % par l'automobile thermique et que son chiffre d'affaires redécolle timidement qu'il doit se réorienter. Pour y parvenir, le site de Cestas va accueillir une chambre climatique d'une envergure de 30 mètres cube, la première où les techniciens de SGS pourront tenir debout. Indispensable pour tester des dispositifs imposants comme le veulent les acteurs des nouvelles mobilités qui naviguent encore à vue concernant la résistance de leurs technologies. La structure sera livrée d'ici la fin d'année dans l'un des quatre laboratoires du site. Elle permettra par exemple de tester les bornes de recharge pour véhicules électriques, ce qui est impossible aujourd'hui dans les unités trop petites.

A la tête de l'entreprise aussi le groupe a lancé une vaste opération d'investissement. En 2022, SGS en est à six rachats, notamment un laboratoire de dermatologie et d'autres en surveillance des milieux marins et du nucléaire. En 2012 déjà, le géant suisse avait racheté le Girondin Sercovam et son site de Cestas. Dix ans plus tard, il veut en faire un moteur de transition.

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Maxime Giraudeau

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