En septembre 2020, l'ex-directeur général de Logikko imaginait convertir 22.000 véhicules de particuliers au dispositif d'injection d'hydrogène d'ici fin 2021. Verdict 18 mois plus tard ? Ça patine. "De toute façon, c'étaient des rêves. Si on les fait en 2023 ce sera parfait !" remballe Jean Arjeau, actuel président de Logikko. La direction de l'entreprise, créée en 2013 et basée à Mérignac (Gironde), a revu ses ambitions à la baisse. Le marché de l'hydrogène, bien que jouissant d'une visibilité croissante, dispose encore d'une envergure naissante et limitée.
La levée de fonds, annoncée le 1er février, est le fruit d'un unique investisseur. Seul en piste mais visiblement très séduit puisque le montant s'élève à deux millions d'euros. L'apport financier doit permettre à l'entreprise de 20 salariés de "conforter notre position sur le moteur roulant et le groupe électrogène. Mais sans nous développer sur d'autres activités pour l'instant", cadre le président de Logikko pour La Tribune. Au programme, l'aménagement des nouveaux locaux à Mérignac, des investissements tournés vers la Recherche & développement, puis le recrutement d'assembleurs et d'ingénieurs énergéticiens.
Intégrer la technologie sur les véhicules neufs ?
De quoi envisager la commercialisation du dispositif réservé aux véhicules des particuliers, dans une nouvelle version tout inclus, pour mai 2022. La première version commercialisée n'ayant pas trouvé son marché. La technologie repose sur un système d'injection d'hydrogène, breveté en 2017, qui peut s'adapter sur moteurs diesel ou essence d'occasion et permettre "un meilleur rendement moteur, une diminution des gaz polluants et de l'encrassement du moteur" selon l'entreprise. Le coût de l'installation est chiffré à 600 euros, et monte à 2.000 euros pour les poids lourds, sur un système encore en phase de test.
Logikko veut s'imposer sur le marché en nouant des partenariats avec les garages automobiles ou leurs enseignes affiliées. Et même si l'idée avait germé dans l'esprit des responsables, difficile d'intégrer directement la technologie avec les constructeurs sur les véhicules neufs. "C'est très compliqué car la technologie telle qu'on la pratique n'est pas dans l'air du temps. Les politiques veulent plutôt faire de l'électrique, mais il faudra opter pour un mix énergétique pour diminuer l'impact environnemental. Car le tout électrique ne se révèle pas très écologique" estime Jean Arjeau.
Hydrogène sur mer
Autre perspective pour les acteurs de l'hydrogène, nombreux en Gironde avec HDF Energy, Hydrogène de France ou du côté du Grand port maritime, le secteur de la motorisation marine. La flotte maritime commerciale mondiale est en quête d'économies d'énergies puisqu'elle doit, d'ici 2050, avoir diminué ses émissions de 50%. L'hydrogène pourrait donc constituer une des solutions pour freiner l'impact des moteurs thermiques. Une opportunité majeure, que Logikko ne veut pas manquer.
"Ce week-end, deux de nos salariés se rendent au port de Gand en Belgique pour voir ce qu'on pourrait réaliser sur des moteurs cathédrales, ces moteurs très volumineux qui tournent au fioul et se révèlent très polluants" expose Jean Arjeau.
Rendez-vous pris avec l'avenir pour une entreprise qui vise son premier résultat positif pour le deuxième trimestre 2023. Une nouvelle levée de fonds viendra pour investir le marché maritime. Et permettrait de faire oublier définitivement une crise Covid qui, entre les difficultés de recrutement et le manque de matériaux, lui a fait perdre un an d'avancées.
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