Getrag Ford Transmissions : les élus sont optimistes, la CGT veut des garanties

La fin de la coentreprise Getrag Ford Transmissions (GFT), à Blanquefort (Gironde/Bordeaux Métropole), n'inquiète pas encore les élus qui estiment que le groupe canadien Magna, nouveau propriétaire de l'usine, va faire ce qu'il faut pour la développer. Cette vision optimiste mais réaliste des élus, qui entendent rester vigilants, ne convainc pas la CGT, qui s'inquiète du fait que GFT Blanquefort, ancien établissement secondaire du groupe allemand GFT, soit transformé en société indépendante, et demande 200 millions d'euros en garantie.
A Getrag Ford Transmissions, à Blanquefort.
A Getrag Ford Transmissions, à Blanquefort. (Crédits : J. Philippe Déjean)

L'annonce de la séparation entre Ford et l'équipementier canadien Magna, situé à Aurora (Ontario), dans la banlieue de Toronto, au sein de leur filiale commune Getrag Ford Transmissions (GFT), n'en finit pas de susciter des interrogations, même si tous les observateurs ne partagent pas les craintes des salariés. Après le long conflit social qui n'a pu empêcher l'arrêt de l'activité de Ford Aquitaine Industries (FAI), en septembre 2019, à Blanquefort, le spectre d'une nouvelle fermeture d'usine, celle de GFT, qui a généré 54 millions d'euros de pertes en 2017 et 28 millions en 2018, avec un peu moins de 1.000 salariés, plane désormais sur cette ville.

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Mais le pire n'est jamais sûr et, dans l'immédiat, les élus se veulent pragmatiques.

"Aujourd'hui, la situation de Getrag est plutôt bonne, avec des prévisions positives à quatre ans puisque Ford garantit à GFT l'achat de boîtes de vitesses tout au long de cette période. L'usine dispose de personnels très qualifiés et a bénéficié d'un investissement de plus de 113 millions d'euros pour se mettre aux derniers standards de production. Avec cette séparation, le groupe Magna, qui devient le dirigeant unique, va pouvoir diversifier la clientèle de l'usine", recadre pour La Tribune Alain Rousset, président (PS) de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Magna : un véritable géant international

Annoncé dès la mi-2015, la prise de contrôle par Magna de l'équipementier allemand Getrag (13.500 salariés, 1,7 milliard d'euros de CA), à Untergruppenbach (Bade-Wurtemberg), s'est concrétisées en janvier 2016. Sachant que le siège de Getrag Ford Transmissions (GFT) se trouve à Cologne. Cette coentreprise se composait jusqu'ici de trois usines situées à Blanquefort, Cologne et Halewood, en Angleterre.

Avec 39,4 milliards de dollars américains de chiffre d'affaires en 2019, réalisé grâce à 174.000 salariés dans 348 usines réparties dans 28 pays, le groupe canadien Magna, dont William L. Young est le président du conseil d'administration et Don Walker le directeur général, est un géant de la sous-traitance automobile qui va jusqu'à réaliser l'assemblage de certaines voitures. Le groupe Ford n'est que son 3e client, avec 13 % de CA en 2019, derrière General Motors, à la 1e place (15 % de CA) et BMW, 2e (14 %), devant Fiat Chrysler Automobiles (FCA) 4e avec également 13 % de CA et Daimler, 5e (12 %).

Un contexte peu porteur pour la future entreprise

Dans un communiqué collectif rendu public le 28 août, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Conseil départemental de la Gironde, Bordeaux Métropole, les villes de Blanquefort et Bordeaux soulignent qu'en Gironde c'est bien Magna qui devient l'unique propriétaire de cette usine spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses manuelles MX65, dont elle fabrique en moyenne un peu plus de 550.000 unités par an...Ford devenant l'unique propriétaire des usines de l'ex-coentreprise à Cologne et Halewood.

"Cette vente s'effectue dans un contexte marqué par la crise de la Covid-19 qui entraîne d'importantes difficultés pour les entreprises notamment industrielles, et pour le marché automobile en particulier, une baisse importante des ventes et des commandes, au moment même où celui-ci doit faire sa mutation vers de nouvelles formes d'énergie et de motorisation" relèvent les collectivités.

Comme les autres signataires, Alain Rousset reconnaît qu'il sera vigilant sur l'évolution de ce dossier au-delà de la période d'achats de boîtes de vitesses garantie par le groupe Ford.

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Le Département veut y croire

Alain Rousset est prêt à appuyer les efforts éventuels de Magna pour développer à Blanquefort un volet recherche et développement afin de rapprocher l'usine de ses marchés. Le patron de la Région, qui reste au contact des autres élus, espère pouvoir rencontrer tôt ou tard un des dirigeants du groupe canadien. Première vice-présidente (PS) du Département, Christine Bost, qui a suivi de très près le dossier de Ford Aquitaine Industries (FAI), avec Véronique Ferreira, maire (PS) de Blanquefort, ne cache pas son inquiétude, qui la pousse à se montrer vigilante et prudente vis-à-vis de dossier, comme elle l'a confirmé à La Tribune. "Si la stratégie de Magna est vraiment de diversifier sa clientèle et sa production à GFT ce serait vraiment formidable", espère-t-elle.

De leur côté, les syndicalistes CGT de GFT, syndicat qui n'est pas majoritaire mais dont les adhérents se sont toujours montrés inquiets vis-à-vis de la stratégie de Ford et Magna à Blanquefort, ont à nouveau tiré sur la sonnette d'alarme ce mardi 1er septembre.

La CGT réclame 200 millions d'euros sous séquestre

Leur inquiétude principale vient du fait que, jusqu'ici, avec la coentreprise, leur usine n'était qu'un établissement secondaire du groupe allemand GFT, déjà contrôlé par Magna, sans chiffre d'affaires ni centre de décision. La rupture de la coentreprise change tout et va se traduire d'ici début 2021 par la création d'une nouvelle entreprise qui va remplacer l'ancien établissement. La CGT y voit une menace sans précédent.

"Sur le plan économique ce statut isole notre usine ! proclame le dernier tract de la CGT. Il est idéal, poursuit le syndicat, pour l'actionnaire en cas de difficultés financières ou de fin de vie d'un produit. Le groupe Magna n'aura aucune obligation de soutenir notre usine en cas de difficultés économiques, c'est-à-dire dès 2023 compte-tenu de la chute prévisionnelle des volumes de Ford, puisque le périmètre se limitera à Blanquefort ! Le statut de filiale, prévient enfin le syndicat, est une bonne solution lorsque le risque de fermeture est important !".

A la suite de quoi la CGT réclame un engagement du groupe Ford, seul client actuel de l'usine, sur des volumes suffisants pour assurer pendant dix ans l'emploi et la rentabilité du site, ainsi que le dépôt par le groupe automobile américain de 200 millions d'euros sur un compte séquestre en cas de PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) lié « au non-respect de cet engagement ! ».

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