Inovelec a trouvé la parade pour continuer à fabriquer en France

Inovelec PLS produit du « made in France » sur un marché écrasé par l'Asie du Sud-Est : celui des cartes électroniques et circuits imprimés. Jean-Philippe Guglielmi, le PDG, a trouvé comment continuer à fabriquer en France et compte doubler le chiffre d'affaires d'ici à trois ans.
« Je conçois, je fabrique et j'assemble. Mon obsession, c'est le contrôle de la chaîne de valeur », Jean-Philippe Guglielmi
« Je conçois, je fabrique et j'assemble. Mon obsession, c'est le contrôle de la chaîne de valeur », Jean-Philippe Guglielmi (Crédits : DR)

« Nous avons racheté notre bureau d'études, Ciele Ingénierie, en plein confinement, le 18 mars. Ciele compte une vingtaine d'ingénieurs et ne travaillait que pour nous. Cette opération était déjà dans les tuyaux. Notre effectif a dépassé la barre des 300 salariés, pour 29 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019 », dit Jean-Philippe Guglielmi, fondateur et dirigeant du groupe Inovelec PLS à Boulazac (Dordogne), spécialisé dans la conception et la fabrication de cartes électroniques, la réalisation de câblages filaires et d'intégrations systèmes.

Le groupe périgourdin, qui a démarré en 2000 avec la société PLS, s'appuie sur deux autres sociétés en Nouvelle-Aquitaine : Inovelec Industrie, à Boé (Lot-et-Garonne), et Inovelec Comattel, à Uzerche (Corrèze). Si le groupe néo-aquitain ne s'est pas délocalisé en Asie, il a ouvert une filiale de 80 salariés près de Casablanca, sous le nom d'Inovelec Maroc. Le credo de Jean-Philippe Guglielmi est aussi simple qu'exigeant. « C'est du sur-mesure, le client dit ce qu'il veut et on fait tout de A à Z », précise-t-il.

Une stratégie de niche cohérente

Les cartes électroniques, assemblages de puces, de broches et de circuits sont devenus banales, mais elles n'ont cessé de se multiplier pour assurer le contrôle de foultitudes d'automatismes, aussi bien chez les industriels que les particuliers. Dans un marché mondial de la carte électronique dominé à plus de 70 % par l'Asie du Sud-Est, Jean-Philippe Gluglielmi, qui a toujours cru en son modèle industriel, a décidé de développer une stratégie de niche cohérente. D'abord pour sécuriser son chiffre d'affaires, en répartissant le risque sur plusieurs secteurs d'activité, mais aussi pour échapper à la concurrence frontale des acteurs asiatiques.

« Au départ je fabriquais des cartes électroniques sur lesquelles j'assemblais des composants. Aujourd'hui, je conçois, je fabrique et j'assemble. Mon obsession, ma stratégie, c'est le contrôle de la chaîne de valeur, de l'étude technique initiale de la demande du client à l'intégration complète du produit. Des prestations sur mesure que je développe dans de nombreux secteurs d'activité, que ce soit l'aéronautique, l'industrie, l'énergie, les transports ou le médical », égrène Jean-Philippe Guglielmi.

2.500 respirateurs en deux mois

Le PDG cite une niche du secteur médical qui porte sur l'éclairage dans les salles d'opération et chez les ophtalmologues. Avec un savoir-faire qui a valu à Inovelec PLS d'être réquisitionné par les services de l'État durant le confinement.

« Nous équipons des respirateurs artificiels en cartes électroniques et en câbles, et c'est pour cette raison que la Direction générale de la santé nous a réquisitionnés. Alors que nous équipons normalement 150 respirateurs par mois, nous avons dû en faire 2.500 en deux mois ! Tout le monde s'y est mis. Nous avons mobilisé dix personnes à temps plein pour trouver tout le matériel dont nous avions besoin pour passer à la production. Nous avons réussi l'exploit de boucler cette opération en une semaine au lieu de douze à seize habituellement », déroule Jean-Philippe Guglielmi.

Ce dernier est impressionné par l'accompagnement dont a pu bénéficier Inovelec PLS au cours de cette période, que ce soit de la part de la mairie de Boulazac, de l'agglomération de Périgueux, de la préfecture de la Dordogne ou du Medef, qui a fourni en masques son entreprise dans des délais record.

Jean-Philippe Guglielmi, qui a survécu aux effets dévastateurs de la crise de 2008, est convaincu qu'il va encore surmonter cette épreuve.

« Parce que nous sommes en très bonne santé financière et que nous sommes extrêmement diversifiés. Quand la crise a éclaté, nous étions en train de nous diversifier dans de nouveaux secteurs : le ferroviaire et le nucléaire, et nous allons entrer à fond sur ces nouveaux marchés. Même s'il y a un certain marasme, je continue de voir l'avenir positivement », souligne le PDG, qui compte doubler son chiffre d'affaires d'ici à trois ans, pour le porter à 60 millions d'euros, en misant sur la croissance externe.

Jean-Philippe Guglielmi travaille depuis quelques années avec des entreprises installées aux États-Unis et compte bien finir par traverser l'océan.

Cet article fait partie du dossier "Réinventer la France" "publié cet été dans le numéro 325 de La Tribune, dans le cahier intitulé "Relance économique, les régions en première ligne" .

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