Piles à combustible : Hydrogène de France aborde la propulsion des grands navires

Après l'annonce fracassante de l'ouverture d'une usine à Bordeaux Métropole en 2022/2023, Hydrogène de France officialise la signature d'un accord avec le groupe ABB. Objectif : industrialiser des piles à combustible à forte puissance destinée à la propulsion des cargos, paquebots et autres grands navires. Un nouveau marché à fort potentiel.
HDF et ABB ont officialisé un rapprochement sur l'industrialisation de cœurs de piles à combustible à hydrogène pour la propulsion des grands navires.
HDF et ABB ont officialisé un rapprochement sur l'industrialisation de cœurs de piles à combustible à hydrogène pour la propulsion des grands navires. (Crédits : ABB)

L'hydrogène ne connaît pas la crise, ou presque. L'entreprise Hydrogène de France (HDF), basée à Bordeaux, prévoit ainsi a minima de tripler son chiffre d'affaires en 2020 pour atteindre autour de 7,5 M€ malgré la crise sanitaire et économique qui paralyse l'économie mondiale. "Pour l'instant, notre équipe d'une vingtaine de salariés travaille à domicile à temps plein, il n'y pas de chômage partiel. La principale conséquence du confinement est le décalage de quelques mois de plusieurs projets en chantier à l'étranger", assure à La Tribune Damien Havard, président et fondateur de HDF.

Une usine à Bordeaux Métropole 2023

Créée en 2012, Hydrogène de France est spécialisée dans la fabrication de piles à hydrogène de forte puissance notamment pour équiper des centrales solaires ou d'autres infrastructures terrestres. HDF a annoncé en décembre dernier la conclusion d'un partenariat technologique stratégique avec le géant canadien Ballard Power Systems permettant la création d'une usine de production et d'une centaine d'emplois à Bordeaux Métropole.

Lire aussi : Hydrogène de France produira ses piles à combustible à Bordeaux Métropole en 2022

"Nous visions la signature d'un terrain avant l'été 2020 mais la situation de confinement actuelle devrait la décaler de quelques mois même si nous continuons à avancer sur les maquettes numériques notamment avec le cabinet bordelais Patriarche", indique Damien Havard, qui mise désormais sur une mise en service de l'usine pour fin 2022 ou début 2023.

L'industrie maritime en ligne de mire

En parallèle, HDF travaille sur d'autres partenariats pour s'ouvrir de nouveaux marchés potentiels. L'entreprise bordelaise officialise ainsi un accord avec le groupe helvético-suédois ABB, qui emploie 144.000 salariés dans une centaine de pays. Ce memorandum of undestanding pose les bases d'un partenariat sur l'industrialisation de la fabrication de piles à combustible de forte puissance pour équiper les systèmes de propulsion des grands navires. "Bien que longues, les discussions ont été facilitées par le fait qu'ABB utilise, comme nous, les cœurs de piles conçus par Ballard. L'accord prévoit que nous intervenions en tant que fabricant, via une ligne de production dédiée à Bordeaux, pour fournir à ABB des piles à hydrogène qu'il commercialisera ensuite pour équiper des navires. ABB est déjà le leader mondial de l'électrification de l'industrie maritime, c'est donc un moteur incroyable pour nous", détaille Damien Havard.

Concrètement, il s'agit de fabriquer des piles à combustible pour produire une centrale électrique à l'échelle du mégawatt pour les navires, y compris de haute mer. Le nouveau système sera basé sur la centrale électrique à piles à combustible développée conjointement par ABB et Ballard, et sera fabriqué dans la nouvelle usine de HDF à Bordeaux. "Les piles à combustible transforment l'énergie chimique de l'hydrogène en électricité par une réaction électrochimique. Avec l'utilisation d'énergies renouvelables pour produire de l'hydrogène, toute la chaîne énergétique peut être propre [...] Les piles à combustible sont largement considérées comme l'une des solutions les plus prometteuses pour réduire les polluants nocifs. Aujourd'hui déjà, cette technologie à zéro émission est capable d'alimenter des navires naviguant sur de courtes distances, ainsi que de répondre aux besoins en énergie auxiliaire de navires plus grands", précise ABB.

 Vers un verdissement de la propulsion des navires

"Le transport maritime étant responsable d'environ 2,5 % du total des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, la pression s'accroît sur l'industrie maritime pour passer à des sources d'énergie plus durables. L'Organisation maritime internationale a fixé un objectif mondial de réduction des émissions annuelles d'au moins 50 % d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2008", mettent en avant les deux entreprises qui voient dans ce contexte un marché potentiel considérable.

"C'est un volume de plusieurs milliers de piles à long terme mais il est difficile de savoir à quelle vitesse cette technologie sera déployée. La Norvège va interdire aux motorisations thermiques l'accès à certains de ses fjords d'ici 2030 donc ça pourrait aller plus vite qu'on ne le pense. Notre enjeu est de pouvoir répondre à la demande en étant prêt à produire de grands volumes à prix bas le moment venu", avance Damien Havard. Et si le dimensionnement de la future usine bordelaise autour d'une centaine de salariés avait déjà pris en compte ce marché potentiel, sa montée en puissance pourrait entraîner, à terme, un doublement des effectifs.

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Commentaires 4
à écrit le 21/04/2020 à 10:25
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Ce qui a fait la force des asiatiques, des japonais, fût de chercher d'abord les synergies des compétences existantes..., avant de développer, de bidouiller des solutions séparées...!§! _____ Les chantiers de St Nazaire développent déjà des navires f...

à écrit le 21/04/2020 à 10:11
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Comment sont traitées les fuites d hydrogène. La moindre fuite crée un point chaud puisque la detente de l hydrogène est exothermique

à écrit le 21/04/2020 à 10:11
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Pourquoi pas plutôt des piles à combustible au METHANE NATUREL (GNV) issus de nos déchets végétaux du monde entier et de bétail, et même plutôt de torchères de puits de pétrole le dissipant à l'air libre, alors que c'est un gaz 25 fois plus à effet d...

le 22/04/2020 à 8:29
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Bonjour Jack Par ce que le méthane pollue. C'est peu connaitre le cycle de l'écosystème hydrogène qui est à l'origine des grands réservoirs naturels de la planète et même de votre vie. Je propose des informations pour découvrir tout l'intérêt que ...

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