L'accord-cadre d'Europlasma avec Orano Cycle devient opérationnel

Spécialiste des technologies vertes utilisant la torche à plasma, Europlasma démarre une toute nouvelle collaboration avec le groupe Orano (ex-Areva) spécialiste du nucléaire. Partenariat qui devrait ouvrir de nouveaux horizons à Europlasma.
L'usine Cho Power, de production d'électricité par gazéification de déchets et biomasse n'est plus la première priorité d'Europlasma.

Ce mardi 17 septembre 2019 le groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), a annoncé l'entrée en vigueur d'un contrat-cadre de partenariat avec Orano Cycle (groupe Orano : ex-Areva-NDLR). Spécialiste des technologies vertes utilisant la torche à plasma, Europlasma assure en particulier la neutralisation définitive des déchets d'amiante ainsi que celle des objets faiblement et moyennement radioactifs. Cet accord-cadre de partenariat, conclu pour une durée de quatre ans, s'articule tout d'abord sur un volet industriel, qui consiste à développer "de nouvelles installations de traitement de déchets dangereux conventionnels (amiante, cendres volantes, gaz toxiques...) et de déchets nucléaires".

Il est complété par un volet recherche et développement qui va se traduire, et c'est une très bonne nouvelle, par un investissement direct sur le site de Morcenx, propriété d'Europlasma, avec la construction d'un centre de recherche et développement commun aux deux partenaires. Ce centre de R&D va à la fois travailler sur des domaines connus d'Europlasma, comme la vitrification d'amiante, mais aussi tester le développement « de solutions de traitement pour de nouveaux déchets conventionnels » et s'intéresser aux déchets nucléaires de moyenne, faible ou très faible activité.

Inertam : la priorité court terme d'Europlasma

Si l'accord-cadre est devenu actif dès sa communication officielle, il faudra tout de même attendre un peu avant que toutes les actions soient lancées et connues en détail.

"Orano a de très grandes capacités d'ingénierie. Du point de vue des investissements tout est possible, rien n'est exclu. Un comité de pilotage va orchestrer le partenariat sur le volet industriel et en recherche et développement" évoque pour La Tribune Olivier Pla, nommé directeur général adjoint d'Europlasma le 1er août et lui-même ancien cadre du groupe Areva.

Pièce maîtresse de l'activité d'Europlasma la société Inertam, spécialisée dans l'inertage des déchets d'amiante, qui a toujours généré le chiffre d'affaires le plus élevé du groupe est à l'arrêt. Elle devrait redémarrer courant 2020.

"Intertam va bénéficier d'un programme de réparation. La précédente direction avait centré son attention sur la production d'électricité par gazéification de déchets et biomasse, avec Cho Power. Nous, nous allons mettre l'accent sur Inertam, pour que cette unité puisse tourner au maximum de ses capacités" éclaire Olivier Pla.

L'annonce de l'activation de cet accord-cadre a provoqué un coup de fièvre boursier de très grande ampleur le 18 septembre, conformément à la culture spéculative atypique de ce groupe sur le marché français, avec une hausse de +29 % du titre, à 0,031 €, et l'échange de 82,5 millions d'actions dans la journée ! Pour comprendre les raisons de cet accès d'euphorie boursière il vaut mieux savoir que l'activation de cet accord-cadre couronne l'issue positive d'un parcours chaotique entamé fin 2018 par un groupe Europlasma alors au bord de la liquidation judiciaire.

Zigi Capital : l'indispensable actionnaire

En septembre 2018 Europlasma avait conclu un accord de partenariat presqu'identique à celui qui vient d'être activé, qui était devenu caduc au mois de décembre suivant à cause des grandes difficultés que rencontrait le groupe landais. Pour bénéficier de cet accord, auquel Orano Cycle n'a finalement pas renoncé, Europlasma a dû réaliser un premier exploit : finaliser le renforcement de son capital -à deux doigts de l'effondrement- avec l'arrivée "d'un actionnaire de référence sur le long-terme". Cet exploit est devenu possible grâce à la volonté des codirigeants (à parts égales) de la société d'investissement luxembourgeoise Zigi Capital SA : Jérôme Garnache-Creuillot, devenu PDG d'Europlasma, et l'investisseur suisse Alexandre-Henri Lacarré, président d'A&A Development Group SA à Genève.

Car c'est grâce à Zigi Capital, qui s'est imposé comme l'actionnaire de référence d'Europlasma avec près de 20 % du capital, que le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan a été convaincu de la qualité du plan de poursuite d'activité présenté. Une opération qui n'aurait elle-même pas pu être mise en place sans le très vif intérêt manifesté pour ce dossier industriel par Pierre Vannineuse, dirigeant de la société ABO (Alpha Blue Ocean advisors), à Londres, qui est intervenu par le biais de son fonds d'investissement European high growth opportunities securization" (Titrisation d'actifs européens à croissance élevée - NDLR, soit l'acronyme Ehgos), logé de son côté au Luxembourg.

Pourquoi Pierre Vannineuse a fait la différence

Pierre Vannineuse, qui se définit comme le chevalier blanc de cette opération, est convaincu du fort potentiel d'Europlasma.

"Je suis intervenu dans ce dossier parce qu'Europlasma détient des technologies uniques au monde, comme la neutralisation des déchets d'amiante et celle des déchets faiblement ou moyennement radioactifs. Avant d'intervenir avec mon fonds d'investissement j'étais un actionnaire individuel d'Europlasma. Société à laquelle je m'intéresse depuis que j'ai été étudiant. Et puis je me suis aperçu l'an dernier qu'Europlasma était attaqué par des hedge funds, des fonds spéculatifs qui ne voulaient qu'une chose : s'emparer des technologies. Le groupe a subi quatre attaques de ce type avant que je commence à intervenir à son capital, courant 2018" rembobine pour La Tribune Pierre Vannineuse.

Avec la mise en redressement judiciaire une grosse partie des dettes a pu être effacée ou réduite. Le groupe Europlasma est loin d'être tiré d'affaire mais il a incontestablement fait le pas en avant qui était attendu pour sortir de l'ornière. La réussite technologique d'Europlasma dans la centrale nucléaire bulgare, dégradée puis réhabilitée de Kozloduy (équipée d'un réacteur russe de l'époque soviétique) où le groupe landais a qualifié son four de fusion de déchets nucléaires faiblement actifs, aux côtés des sociétés Iberdrola (Espagne) et Belgoprocess (Belgique), sous le patronage de l'Union européenne, n'est pas passé inaperçue.

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Commentaires 3
à écrit le 29/06/2020 à 19:54
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La technologie ??? Le laser "of course"

à écrit le 23/09/2019 à 19:27
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Bravo et à quand la transmutation des déchets Radioactifs..Plutôt que de les "oublier"..

le 04/10/2019 à 10:34
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On attend vos suggestion sur la technologie, Mr Einstein ;)

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