Ford Aquitaine Industries : un plan B pour éviter la friche industrielle

Le ministère de l'Economie et des Finances devrait faire savoir ce lundi s'il existe un plan B à la fermeture par Ford, en août prochain, de sa filiale girondine Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort. Propriétaire de l'usine, Ford refuse pour le moment la poursuite de toute activité industrielle dans sa filiale. Cette dernière est condamnée à devenir une friche industrielle. Ce dont ne veulent à aucun prix l'intersyndicale de FAI et les élus locaux.
Jean-Michel Caille (CFE-CGC) face à Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, devant le préfet de la Gironde, Didier Lallement, au côté du député Benoit Simian.
Jean-Michel Caille (CFE-CGC) face à Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, devant le préfet de la Gironde, Didier Lallement, au côté du député Benoit Simian. (Crédits : Agence Appa)

C'est bien ce lundi 25 février à 17 heures que Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, va rencontrer les représentants de l'intersyndicale FO, CFE-CGC, CGT de Ford Aquitaine Industries (FAI) ainsi que plusieurs élus qui devraient représenter la Ville de Bordeaux, le Conseil départemental de la Gironde, avec Christine Bost (PS), 1ère vice-présidente, la Région Nouvelle-Aquitaine, ainsi que la 5e circonscription de la Gironde (Médoc) et son député (LREM) Benoit Simian. En déplacement à Varsovie vendredi 22 février, Bruno Le Maire n'a pas officiellement réagi au rejet par Ford (jeudi en fin d'après-midi) de la dernière mouture du plan de reprise de Ford Aquitaine Industries présenté par le groupe Punch.

Un plan de reprise sévèrement taclé par la CGT de FAI, étant donné que le repreneur n'a pas informé l'intersyndicale sur le contenu de son plan ni sur les raisons de cet échec. L'abandon prévisible par le groupe Ford de cette usine girondine de fabrication de boîtes de vitesses, inaugurée en 1973 (et ouverte en 2012), a provoqué de nombreuses réactions hostiles, dont celle d'Alain Juppé, futur ex-maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, dont nous avons rendu compte.

Il est temps de passer à autre chose

A cette réaction du maire sortant il faut en ajouter d'autres, dont celle du Conseil départemental de la Gironde, présidé par Jean-Luc Gleyze (PS). Dans le communiqué qu'ils ont rendu public le président du Conseil départemental et sa première vice-présidente, Christine Bost, accusent ainsi "la direction de Ford d'être des patrons voyous, cyniques et uniquement motivés par le profit de leurs actionnaires, tandis que les salariés de Ford Blanquefort, leurs familles et, au-delà, une grande partie de la Gironde vont payer au prix fort cette décision indigne et scandaleuse".

La situation de FAI n'a sans doute jamais été aussi périlleuse et il semble bien que tout le monde en ait tiré les conséquences. Le futur, s'il en reste encore un pour l'usine, va nécessiter une bonne dose de pragmatisme. Car sans trahir de secret ni trop s'avancer, il semble bien que tous les acteurs néo-aquitains du dossier aient intégré le fait que Ford allait réellement mettre la clé sous la porte. Cette menace, identifiée par les salariés depuis 2016, est désormais une évidence. Après que l'état-major de Ford Motor Company (FMC) a pendant des mois joué au chat et à la souris, en laissant croire à l'éventualité du lancement d'un nouveau programme industriel dans l'usine.

Christine Bost 2

Christine Bost (Département de la Gironde)

Le groupe Punch pourrait refaire surface

"Il devrait nous rester jusqu'au 4 mars avant l'homologation du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de Ford. Nous allons à Paris ce lundi avec les élus pour rencontrer le ministre Bruno Le Maire. Ce que nous attendons désormais c'est qu'il soit possible de créer un groupe de travail sur l'avenir de FAI. Pour que, même sans accord avec Ford, nous puissions soutenir une nouvelle proposition industrielle de la part du groupe Punch, en lui laissant deux ou trois mois de plus pour présenter une offre solide, avec des lettres d'intention", déroule Jean-Michel Caille, délégué syndical CFE-CGC à FAI.

Ce dernier espère d'autant plus que cette solution va pouvoir émerger que, comme il le précise ensuite, les premiers départs des salariés de FAI ayant choisi la préretraite vont commencer dès le mois de mars. Sur 850 salariés actifs, les préretraités devraient représenter plus de 300 personnes. Sachant que 150 salariés de FAI devraient être mutés dans l'usine sœur de Getrag Ford Transmissions (GFT), filiale à 50 % de Ford et du groupe canadien Magna, qui fabrique des boîtes de vitesses manuelles et se trouve à quelques centaines de mètres. Le nombre de licenciés, qui seront couverts par le PSE, devrait ainsi être inférieur à 400.

Vers un projet orienté énergies renouvelables ?

Christine Bost, également du voyage pour Bercy, a accepté de répondre aux questions de La Tribune. Comme elle l'avait précédemment souligné, le Conseil départemental de la Gironde a déjà envoyé, à l'instar de Bordeaux Métropole, un avocat récupérer une partie de l'aide financière octroyée par l'assemblée départementale à Ford.

"Nous avons émis un titre de recette que nous avons envoyé à Ford. Cette émission signifie que Ford doit nous rembourser le montant indiqué, c'est-à-dire 1,3 M€. Ils ne sont pas d'accord et les discussions se passent entre avocats. La question que j'ai déjà posée au ministre reste d'actualité. Elle tient au fait de savoir quelle méthodologie nous allons mettre en œuvre avec Ford. Ensuite la grande question est celle de la revitalisation du site de FAI. Comment allons nous pouvoir négocier avec Punch, qui a montré depuis le début son envie de reprendre l'usine. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre toutes ces compétences, tout ce savoir-faire qu'il y a à FAI et voir l'usine devenir une friche industrielle", recadre Christine Bost.

Quant au député Benoit Simian, il est de son côté favorable au lancement à FAI d'un plan de réindustrialisation axé sur les énergies renouvelables appliquées à la voiture, comme la propulsion par pile à hydrogène. Pas sûr que ce genre d'initiative enthousiasme Ford...

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Commentaires 6
à écrit le 26/02/2019 à 14:31
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POUTOU Extrême-Gauche Communiste et leader CGT : çà explique tout coté USA

à écrit le 26/02/2019 à 14:19
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Merci Ford de mettre notre gouvernement devant le choix industriel des technologies du passé. La boite de vitesse est complètement liée aux moteurs thermiques qui sont en voie de disparition. Il est temps de former le personnel français de Ford aux n...

à écrit le 26/02/2019 à 12:05
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On manque de repères dans cette affaire, pourquoi Ford compte baisser la fabrication de boîtes de vitesses? Est-ce la fin prévue de ce mode de transmissions, automatiques, manuelles, il faut penser évidement aux boîtes autos liées à l'IA, ou l'électr...

à écrit le 26/02/2019 à 10:59
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rassurez vous les delegues syndicaux d'ultra neo gauche seront recases par leur centrale dans d'autres boites, bien payes, pour y faire la lutte des classes, couler la boite, et expliquer que c'est le patron voyou le coupable........ certains ont o...

à écrit le 26/02/2019 à 10:07
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bruno lemaire prouve son impuissance c'est l’Europe de macron Ford arcoval seimens la france c'est l'europe liberal de macron il faut changer ça aux européenne et surtout ne pas voter pour la république en marche c'est des beaux parleurs ,qui ne pen...

à écrit le 26/02/2019 à 9:40
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Madame Pannier-Runacher, je pense que vous vous êtes sincèrement battue dans le dossier Ascoval. Ce qui s'est produit là bas aurait été évité si vous aviez fait appel à un cabinet conseil sérieux. RB a commis plusieurs fautes majeures: 1- pérorer sur...

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