"On ne va pas se mentir, la recherche de logement tient un peu du parcours du combattant." Même sur le site de la région Nouvelle-Aquitaine, en tête d'une page dédiée, on reconnaît que des milliers d'étudiants et de jeunes actifs galèrent chaque année pour se loger à proximité de leur lieu d'études ou de travail. Pour proposer une alternative à la pénurie structurelle dans le parc locatif privé, les acteurs sociaux trouvent de nouveaux moyens pour proposer des solutions adaptées à ce public.
Yellome inaugure sa plateforme digitale
Lancée à la rentrée 2018, Yellome, filiale du groupe Action Logement, dispose d'un parc locatif dédié aux étudiants et aux jeunes actifs de moins de 30 ans. La structure propose des résidences dans six départements de Nouvelle-Aquitaine (Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne et Haute-Vienne) où la dynamique d'enseignement et de formation est élevée. Les loyers encadrés tournent autour de 400 euros mensuels charges comprises pour un studio.
"L'objectif est d'accéder rapidement au logement et pouvoir en partir tout aussi rapidement. Les 18-30 ans sont un public où tout doit aller très vite", cadre Catherine Chargelègue, directrice générale adjointe de Noalis, dépositaire de la marque Yellome. Les préavis de départ sont donc réduits à une semaine et les logements sont toujours proposés meublés. De quoi offrir une flexibilité capitale pour étudiants, alternants et autres primo-salariés.
Le bailleur social a par ailleurs lancé, au 1er septembre 2021, sa plateforme digitale permettant aux demandeurs de s'identifier et de postuler directement en ligne. Résultat : entre septembre et octobre, Yellome a recueilli 1.500 demandes de logement pour toute la Nouvelle-Aquitaine, pour un parc de 1.600 lits déjà en location. Ces demandes se concentrent principalement sur l'agglomération bordelaise, et si le bailleur y dispose de deux tiers de son parc locatif, il ne peut toutes les contenter. "A l'échelle de la région, c'est sur Bordeaux métropole que nous connaissons les situations les plus tendues", déplore Catherine Chargelègue. A elle seule, l'intercommunalité bordelaise capte 37 % des 200.000 étudiants néo-aquitains (Insee, 2017). Sans compter qu'elle ne dispose que de 8.5 logements sociaux pour 100 étudiants, quand la moyenne nationale se situe à 10.
L'Urhaj travaille sur le logement partagé
Une situation bien connue du côté de l'Union régionale pour l'habitat des jeunes Nouvelle-Aquitaine (Urhaj). L'association opère sur deux volets : elle accompagne des gestionnaires de foyer de jeunes travailleurs et pratique l'intermédiation locative en proposant des logements du parc public en sous-location. "Nous accueillons des étudiants bien sûr, mais aussi des jeunes travailleurs, des jeunes en formation ou en insertion professionnelle", complète Martial Chateigner, directeur régional de l'Urhaj.
Au total, 3.600 logements sont liés à l'association dans la région, pour des loyers modérés bénéficiant du PLAI (Prêt locatif aidé d'intégration), destiné aux personnes en situation de précarité, et d'une majoration de l'aide pour le logement (APL). "On est sur des logements faciles d'accès pour les jeunes, qui excluent les galères qu'ils peuvent rencontrer avec les bailleurs classiques. Ils bénéficient aussi d'un accompagnement professionnel pour accéder à l'habitat", défend Martial Chateigner.
Mais comme pour les autres acteurs du logement jeunes, le parc locatif de l'Urhaj est trop limité par rapport au volume de demandes. L'association travaille donc sur le logement partagé. "Les personnes de plus de 60 ans en bail social disposent souvent d'un logement trop grand pour elles. Depuis un arrêté relatif à la loi Elan, elles peuvent accueillir un jeune en colocation", explique le directeur régional. Une initiative bien insuffisante pour contrer la crise structurelle du logement, "que seule la construction de nouveaux habitats pourra résoudre", catégorise-t-il.
"Il faut construire du logement. Pourtant nous rencontrons des difficultés majeures à surmonter l'ensemble des procédures légales des projets bâti. Lorsqu'on commence à développer une solution pour l'habitat jeune, cela met cinq à sept ans avant d'aboutir", lâche Martial Chateigner.
Si la dynamique de constructions ne parvient pas à suivre le rythme de croissance des besoins jeunes, de nombreux projets sont en route. Yellome, qui avait annoncé 1.000 nouveaux logements pour 2021, a subi des retards dans les chantiers "à cause de la période Covid". 1.200 logements sont désormais attendus pour la tranche 2023-2024. Chez l'Urhaj, on compte 35 projets en cours de développement et on se félicite de l'ouverture de deux foyers de jeunes travailleurs en septembre dernier. L'un dans le quartier des bassins à flot à Bordeaux, l'autre à Celles-sur-Belle dans les Deux-Sèvres, qui, raison des conjonctures et lourdeurs administratives, aura mis 15 ans avant de se concrétiser.
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