Immobilier : l’euphorie actuelle du marché bordelais va-t-elle survivre à l’été ?

Le marché immobilier bordelais a retrouvé un fort dynamisme depuis le mois de mai et la fin du confinement, confirme l'Unis (Union des syndicats de l'immobilier) de Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs facteurs alimentent ce décollage des transactions qui pourrait se heurter au mur de la crise économique après la fin de l'été.
Le  nombre de nouveaux projets immobiliers lancés devrait bientôt à commencer à diminuer à Bordeaux Métropole.
Le nombre de nouveaux projets immobiliers lancés devrait bientôt à commencer à diminuer à Bordeaux Métropole. (Crédits : DR)

La crise provoquée par la pandémie de coronavirus n'a pas enrayé les transactions immobilières à Bordeaux Métropole. Ces dernières n'ont subi qu'un léger coup de gel avant de reprendre de plus belle. Et cette séquence de dégel du marché immobilier bat désormais son plein.

"Les transactions sont très dynamiques. Les prospects d'avant la période de confinement ont muri leurs projets et en mai tout le monde a confirmé. Le marché immobilier est reparti de plus belle. Le nombre de mandats, c'est-à-dire de ventes, a été multiplié par deux par rapport à la même période en 2019", recadre Catherine Coutellier, membre de l'Union des syndicats de l'immobilier (Unis) de Nouvelle-Aquitaine (qu'elle a auparavant présidé), dont Camille Faloci est la nouvelle présidente depuis le 19 juin dernier.

Le coup d'accélérateur que connaît le marché immobilier bordelais est bien sûr lié à la fin de la période de confinement, à la reprise des affaires, mais aussi à un phénomène cyclique de grande ampleur : celui de la défiscalisation.

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Encore un peu de flou sur la question des prix

"La demande est soutenue parce qu'il y a beaucoup de personnes qui arrivent en fin de défiscalisation et qui mettent leurs biens immobiliers en vente. Si les transactions sont dynamiques c'est que ces vendeurs trouvent des acheteurs. Et le marché fonctionne bien parce que les vendeurs pratiquent des prix plus proches de la réalité", observe Catherine Coutellier.

Cette dernière n'entre pas dans le détail, et estime que ce réajustement mêle la stabilisation des prix à leur légère érosion. Une approche nuancée par Elisabeth Chaminade, spécialiste transaction Unis Nouvelle Aquitaine.

"En ce qui concerne les prix, il est encore un peu tôt pour se prononcer sur une éventuelle variation due à la crise sanitaire, mais nous pouvons affirmer que les petits biens comme les plus importants se vendent ! Il est à noter que nous sommes toujours sur un manque de foncier, avec une demande supérieure à l'offre, donc du studio au T4, tout se vend. Pas de grand changement majeur donc. En revanche, il faut rester vigilant sur le prix pratiqué, il faut être au prix", observe ainsi Elisabeth Chaminade.

La crainte d'un contre-coup économique ravageur en automne

La forte tonicité de ce marché immobilier de sortie de confinement, Catherine Coutellier le voit aussi dans l'important volume des demandes d'estimations. Des demandes générées par des propriétaires désireux de connaître la valeur de leurs biens immobiliers pour pouvoir le vendre. "Ces demandes d'estimations sont souvent suivies d'un mandat de vente" relève cette dernière. Etant donné les circonstances, l'euphorie béate n'est pas de mise et Catherine Coutellier n'est pas franchement optimiste.

"D'ici septembre ou octobre je pense que cette fenêtre de tir sur le marché immobilier va se refermer. L'euphorie que nous connaissons devrait durer tout l'été, jusqu'en septembre. On ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé, comme si les commerçants, les restaurateurs n'avaient pas trois ou quatre mois de chiffre d'affaires à rattraper, comme si les licenciements n'allaient pas se multiplier. Etant donné les contraintes sanitaires on ne voit pas très bien comment ils vont pouvoir faire, puisqu'ils n'ont plus la même place disponible qu'avant. Sans compter que les gens ont du mal à sortir, ils ont peur de se contaminer", déroule cette dernière, qui préfère ne pas jouer avec l'idée d'effondrement.

Quelques exemples de prix retenus par l'Unis à Bordeaux

  • 7.000 €/m2 pour une petite surface dans le Triangle d'Or, Saint-Seurin, Saint-Pierre
  • 6.000 €/m2 pour une plus grande surface dans ces mêmes quartiers
  • Entre 4.200 € et 4.400 €/m2 à Saint-Michel, selon la surface
  • Saint-Augustin, Ornano et Nansouty sont des quartiers qui ont toujours le vent en poupe, les échoppes s'y vendent en général entre 3.800 € et 4.000 €/m2

Pour l'Unis, la Métropole va manquer de logements

De son côté le marché locatif reste aussi dynamique que l'an dernier, souligne l'ancienne présidente régionale de l'Unis. Il n'en reste pas moins que Bordeaux est toujours une place tendue également sur le plan du marché locatif. Seul point d'amélioration potentiel : la chute des locations aux touristes par la plateforme Airbnb. L'activité touristique ayant été touchée de plein fouet, Catherine Coutellier estime qu'une partie des biens immobiliers loués par ce moyen vont revenir sur le marché de la location traditionnelle.

Alors que le nouveau maire de Bordeaux, l'écologiste Pierre Hurmic, annonce une mise au régime sec du marché immobilier neuf non encore validé par des permis de construire, Catherine Coutellier, sans évoquer cette réalité politique, insiste sur le fait que, à cause d'une baisse des constructions l'an dernier, Bordeaux Métropole va manquer de logements.

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Les prix immobiliers se maintiennent à Bordeaux selon Seloger

Selon le baromètre mensuel des prix immobiliers du réseau Seloger, les prix des appartements dans l'ancien ce maintiennent à fin mai 2020 à Bordeaux et continuent de bondir dans la métropole. "La crise paralyse le marché des appartements anciens et pourtant les baisses de prix sont rares : à Bordeaux où la baisse s'était amorcée en décembre 2019, les prix ne reculent plus que de 0.7 % sur un an et ils remontent depuis mars, même si cette remontée est encore modeste", souligne Michel Mouillart, le directeur scientifique du réseau. Voici les principales évolutions constatées :

  • Bordeaux : évolution de -0,7 % sur un an à 4.856 €/m2
  • Mérignac : évolution de +8,6 % sur un an à 3.899 €/m2
  • Pessac : évolution de +14,9 % sur un an à 3.516 €/m2

Ailleurs en Nouvelle-Aquitaine, voici les prix relevés par Seloger :

  • Bayonne : évolution de +4,6 % à  3.481 €/m2
  • La Rochelle : évolution de +10,1 % sur un an à 4.036 €/m2
  • Limoges : évolution de +4,9 % à 1.659 €/m2
  • Niort : évolution de -2,1 % à 1.746 €/m2
  • Pau : évolution de +4,4 % à 1.862 €/m2
  • Poitiers : évolution de -4,7 % à 1.917 €/m2

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