Immobilier : à Bordeaux Métropole, les promoteurs (FPI) craignent une année blanche

La crise provoquée par la pandémie de Covid-19 est venue percuter une année d'élections municipales, qu'elle a littéralement coupée en deux avec le début du confinement. Après la vertigineuse chute d'activité liée à l'obligation de confiner pour protéger les personnels du BTP, les promoteurs immobiliers craignent de voir les dossiers d'instruction des permis de construire gelés par les enjeux d'élections municipales hors normes. Ce qui pourrait conduire à une année blanche jugée catastrophique par Arnaud Roussel-Prouvost, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Nouvelle-Aquitaine.
Arnaud Roussel-Prouvost
Arnaud Roussel-Prouvost (Crédits : Agence APPA)

Soumis à de très fortes contraintes sanitaires, en particulier avec l'interdiction de la coactivité, qui veut par exemple que plâtriers et électriciens interviennent en même temps sur un chantier, le marché du BTP continue à s'organiser. La bataille sur la bonne pratique sanitaire a dans un premier temps fait craindre un blocage total de la reprise d'activité. Un premier obstacle qui semble en bonne voie pour être surmonté par les professionnels.

"Au 12 mai nous avions répertorié un taux de reprise des chantiers de 83 % en Nouvelle-Aquitaine. Taux qui devrait atteindre 95 % à fin mai. Pour autant je ne suis pas en mesure de vous préciser la proportion de chantiers qui ont repris en partie ou en totalité. Autrement-dit, je ne connais pas le taux d'effectivité de cette reprise. Il n'est pas encore possible de savoir si ces chantiers tournent à 10, 20, 30 ou 100 % et donc de connaitre l'intensité de la reprise", recadre Arnaud Roussel-Prouvost, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Nouvelle-Aquitaine (FPINA).

 Des surcoûts inégaux en fonction des chantiers

Très attentif à la dynamique du marché, ce dernier tient à rappeler que le l'immobilier privé a été totalement arrêté en mars et qu'il connait une reprise très progressive, au cas par cas. Tout en précisant que l'intensité peut varier d'un chantier à l'autre puisque les travaux n'en sont pas tous au même point. Entre ceux qui sont en cours de finition et ceux qui démarrent les enjeux ne sont pas les mêmes. Car certains chantiers ont peu de surcoûts, ne serait-ce que parce qu'il n'y a plus autant de corps de métiers à mobiliser, en particulier quand un bâtiment est en passe d'être livré.

"Les négociations lancées sur la question des surcoûts se jouent elles aussi au cas par cas. Les chantiers en voie de livraison, avec une faible coactivité, peu de compagnons à mobiliser et peu d'impact sur les délais génèrent très peu de surcoûts. Tandis que la réalisation de beaucoup d'autres va se rallonger et générer des surcoûts pour tout le monde, qu'il s'agisse de maîtres d'ouvrage, de maîtres d'œuvre, des entreprises, etc." observe le patron des promoteurs néo-aquitains, qui souligne que nous vivons une période sans précédent.

Les services de l'Etat mobilisés pour la concertation

"Le problème global que nous subissons, c'est la perte de compétitivité à cause d'une longue période d'immobilisation" expose ce dernier. Les services de l'Etat sont parfaitement conscients de la situation puisque, comme le précise Arnaud Roussel-Prouvost, des réunions sont régulièrement organisées par la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) de la Gironde, avec la plupart des structures représentants les intervenant dans cette filière, qu'il s'agisse de la Capeb (Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment), de la FFB (Fédération française du bâtiment), de la FRTP (Fédération régionale des travaux publics) ou encore des représentants des maîtres d'ouvrage ou des maîtres d'œuvre.

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"Ces rendez-vous ont démarré en avril. Et une plateforme accessible par Internet permet désormais d'identifier tous les points de blocage à une reprise de chantier", éclaire Arnaud Roussel-Prouvost.

Une façon comme une autre de revenir sur une vieille préoccupation des promoteurs immobiliers : la gestion des permis de construire par les mairies de la Métropole.

Une chaine de production mise à rude épreuve

"L'instruction des permis de construire et la poursuite des instructions d'urbanisme constituent le second volet de la reprise du marché. D'autant plus qu'en 2019 le marché a été peu productif, avec un recul de 30 % des mises en ventes, à cause des élections municipales. Et puis il y a eu la pandémie de Covid-19, qui est venue aggraver la situation. Nous sommes dans une chaîne de production. Si un maillon coince alors tous les permis de construire en cours d'instruction sont bloqués" martèle Arnaud Roussel-Prouvost.

En plus de l'arrêt des chantiers, le confinement a déclenché un choc supplémentaire avec l'obligation du télétravail. Les procédures administratives d'instruction des permis de construire sont complexes et apparemment beaucoup de mairies ne disposaient pas des outils numériques nécessaires pour assurer un traitement des dossiers à distance. "La dématérialisation est en retard et beaucoup de collectivités ne sont pas sorties du papier. Aujourd'hui nous avons la réponse des communes, via Bordeaux Métropole, et nous y voyons plus clair mais il reste beaucoup à faire" résume le président régional de la FPI.

La crainte d'un deuxième choc électoral négatif

La suspension en mars du deuxième tour des élections municipales, à une date qui n'est pas encore connue, est une autre épée de Damoclès au-dessus de la tête des promoteurs immobiliers et de la filière.

"La quasi-totalité des communes de Bordeaux Métropole va connaître un deuxième tour électoral. S'il n'est pas organisé avant octobre et qu'il faut attendre la fin de l'année pour l'instruction des permis de construire, alors nous allons droit vers une année blanche ! Une année avec zéro nouveau programme immobilier, ce qui serait mortifère pour la filière du bâtiment !" s'inquiète Arnaud Roussel-Prouvost.

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