Habitat et Humanisme mobilise tous azimuts pour créer des logements

Le mouvement Habitat et Humanisme lutte contre le mal-logement en utilisant tous les outils juridiques et économiques disponibles. Un combat où il est question de loger les plus démunis en centre-ville, de trouver un toit au plus âgés et aux réfugiés. Prêtre issu de la promotion immobilière, Bernard Devert, fondateur et président du mouvement, a une vision ambitieuse des enjeux.
Bernard Devert et Bruno Martin
Bernard Devert et Bruno Martin (Crédits : Agence Appa/Thibault Moritz)

L'association Habitat et Humanisme, qui a été fondée en 1985, participe à la lutte contre le mal-logement en s'appuyant de façon originale sur une société foncière. Une stratégie qui doit beaucoup à son fondateur et président, Bernard Devert, qui, après une solide carrière dans l'immobilier, a changé de trajectoire alors qu'il était promoteur, pour être ordonné prêtre par le cardinal Decourtray. Avec au plan national 8.200 logements en gestion ou acquis en propre, 1.700 nouvelles familles logées l'an dernier, 1.500 salariés et 160 M€ de chiffre d'affaires en 2018, la fédération Habitat et Humanisme, qui mobilise plus de 5.000 bénévoles et autour de laquelle gravitent 57 associations locales réparties dans toute la France, dont celle de Gironde, ne fait pas dans la figuration.

"Nous sommes organisés autour de trois pôles d'activité. Nous proposons tout d'abord des logements à vocation d'insertion pour des gens socialement très fragiles, au cœur des villes et pas dans des quartiers défavorisés. Ce n'est pas facile mais une ouverture s'est créée. Notre deuxième pôle manifeste notre attention au vieillissement et à la grande dépendance, avec des logements adaptés. Habitat et Humanisme gère 47 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) éligibles à l'aide sociale. Notre troisième pôle, créé depuis quatre ans, est dédié aux réfugiés. Ce pôle s'appuie sur la mobilisation de logements pour les réfugiés en Ile-de-France. Un ancien monastère a été mobilisé", déroule Bernard Devert.

Une résidence sociale place des Vosges à Paris

Globalement Habitat et Humanisme assure aujourd'hui le logement pour 23.000 familles et 4.000 personnes âgées. Le mouvement piloté par Bernard Devert a prouvé son efficacité et c'est à Habitat et Humanisme Ile-de-France que la mairie de Paris a confié la gestion de la partie gîte urbain et résidence sociale du futur Gîte de Fourcy. Avec au final la mise à disposition de 13 logements en résidence sociale et 28 lits en chambres d'hôte.

Ce programme articulé sur la mixité sociale doit voit le jour en 2023 sur la très chic Place des Vosges, dans le cadre du projet "Habiter Demain". Habitat et Humanisme Ile-de-France est l'un des porteurs de cette initiative avec Quartus, l'Institut des Futurs Souhaitables et l'Atelier d'architecture Philippe Prost. Habitat et Humanisme, qui compte déjà trois centres d'accueil pour demandeurs d'asile en Aveyron, dans l'Essonne et les Yvelines est également impliqué dans la création à Lyon, en coopération avec Bouygues Immobilier, d'une nouvelle infrastructure mobile constituée de conteneurs aménagés capables de recevoir 80 familles de réfugiés.

Les centres du mouvement ont accueilli 1.365 réfugiés

Cette stratégie, Habitat et Humanisme la mène au-delà de l'accueil.

"Un ancien monastère a été mobilisé en Ile-de-France pour offrir des logements aux réfugiés, et nous nous appuyons sur un contrat avec la Fédération française du bâtiment (FFB) pour proposer en plus des formations afin qu'ils puissent apprendre un métier. Nous apportons aussi notre soutien aux mineurs non accompagnés, les MNA, pour qu'ils puissent se former dans un centre d'apprentissage", éclaire le président, dont les centres ont accueilli 1.365 réfugiés, dont plus de 180 jeunes mineurs non accompagnés.

Habitat et Humanisme reçoit des familles mais aussi des personnes seules et vulnérables, comme en Gironde. "Nous disposons en particulier d'une maison relais qui accueille 21 résidents qui ont eu des problèmes de santé, liés à l'addiction ou à la psychiatrie, qui sortent de centres très médicalisés et doivent être accompagnées", éclaire Bruno Martin, président d'Habitat et Humanisme Gironde.

Bruno Martin veut doubler le nombre de logements

Dans le département, le mouvement compte 100 logements, 280 familles logées depuis la création en 1993, une pension de famille, 60 bénévoles et 7 salariés. Lors de son passage à Bordeaux, Bernard Devert a souligné à La Tribune qu'il n'était pas facile de créer des places de logements pour les plus démunis en centre-ville ou dans les beaux quartiers. Un phénomène confirmé par Bruno Martin, qui rencontre des difficultés à construire de nouvelles maisons relais en Gironde.

"Actuellement nous réfléchissons à de nouveaux projets mais rien n'est engagé. Ces dernières années nous avons rencontré des difficultés à produire de nouveaux projets. Entre l'opposition des riverains, les conditions de rachat et de construction, et la vision locale qu'ont les élus du marché, c'est parfois compliqué. Nous devons travailler en bonne entente avec les élus. Notre objectif en Gironde est de doubler le nombre de nos logements, pour le porter à 200 d'ici trois ans, en 2022", dévoile Bruno Martin, dont l'association dispose d'un budget annuel d'environ 700.000 euros.

Prêtre doté d'une forte culture entrepreneuriale dans l'immobilier, Bernard Devert sait parfaitement utiliser les outils juridiques et financiers nécessaires au financement des actions de son mouvement, qui est structuré en fédération nationale.

Une foncière solidaire qui joue sur les effets de levier

Habitat et Humanisme s'appuie en particulier sur une foncière qui permet d'acquérir les terrains où seront construits les programmes immobiliers pour les plus fragiles. Acteur de la maîtrise d'ouvrage sociale, agréée Esus (entreprise solidaire d'utilité sociale) et dotée d'un statut de service d'intérêt économique général (Sieg) cette foncière apporte 40 % du financement d'un projet en fonds propres et profite d'effets de levier. Comme le précise la direction d'Habitat et Humanisme, un quart des fonds est ainsi apporté en moyenne via des subventions en faveur du logement social par l'Etat et les collectivités, tandis que 35 % vient des prêts des organismes collecteurs de la Caisse des dépôts "et autres établissements financiers".

Pour faciliter l'accès au logement des plus démunis, Habitat et Humanisme s'appuie aussi sur la participation des propriétaires solidaires. Ces derniers peuvent mettre des logements en location en bénéficiant d'une défiscalisation et de la prise en main de la gestion du bien loué par Habitat et Humanisme. La volonté de Bernard Devert d'utiliser tous les outils existants au service de la cause du logement pour les plus démunis est entière.

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