Logement : la Fondation Abbé Pierre pointe une Nouvelle-Aquitaine à deux vitesses

Si les situations de mal-logement touchent les quatre coins de la Nouvelle-Aquitaine, la Fondation Abbé Pierre alerte sur la fracture territoriale entre l'agglomération bordelaise et le littoral, emportés par un siphon métropolitain, et le nord-est de la région marqué par un parc en mauvais état et frappé de vacance. La Fondation en appelle à l'aménagement du territoire.
Le dynamisme du marché immobilier bordelais ne se retrouve pas dans toute la Nouvelle-Aquitaine.
Le dynamisme du marché immobilier bordelais ne se retrouve pas dans toute la Nouvelle-Aquitaine. (Crédits : Thomas Sanson / Ville de Bordeaux)

"La principale évolution récente est la prise de conscience généralisée de la nécessité de construire du logement locatif social, notamment à Bordeaux, et d'augmenter le rythme de production de logements pour répondre à la demande même si ce n'est pas suffisant", considère Pascal Paoli, le directeur général de la Fondation Abbé Pierre en Nouvelle-Aquitaine, en marge de la présentation du rapport 2019 de la Fondation sur l'état du mal-logement en France, le 23 mai dernier. Résolument optimiste malgré les vives tensions sur le marché immobilier survenues ces dernières années en particulier à Bordeaux Métropole, le dirigeant associatif met aussi en avant deux autres traits marquants : "La prise de conscience que les métropoles ont un devoir de fraternité avec les autres territoires et la prise de conscience environnementale et écologiste qui se traduit par davantage d'espaces verts.

Le double effet de l'attractivité

Pour autant, le tableau dépeint par Pascal Paoli est bien loin d'être idyllique pour le marché néo-aquitain malgré ou en raison de son attractivité. "La région est peu dense et très attractive. Il faut impérativement réfléchir à l'aménagement du territoire sous peine de voir le gouffre entre les offres et les demandes s'accroître toujours plus", alerte-t-il.

Lire aussi : "Le vrai défi du logement en Nouvelle-Aquitaine est de répondre à la croissance démographique"

D'autant que la situation régionale masque en réalité au moins deux marchés bien distincts en termes de demandes, de prix immobilier, de vacance et d'état du parc mais aussi de services, comme le souligne le responsable de la Fondation :

"C'est une dynamique similaire à celle constatée au niveau national. Plus on va vers le nord-est de la région, plus on rencontre des territoires de dépeuplement, avec un niveau de pauvreté croissant, une tension immobilière faible et un parc en mauvais état. Ces territoires sont dans l'angle mort des politiques publiques en termes de commerces, de services et de transports en commun. A l'inverse, plus on va vers le sud-ouest, on tombe sur l'attractivité du littoral et de la métropole bordelaise avec un phénomène de siphon attirant toutes les populations : migrants, sans-abri, jeunes actifs, étudiants, ménages installés et retraités. Avec pour résultat de renforcer la demande immédiate de logements sans être capable d'y répondre."

D'autant que face à la vive tension immobilière constatée dans la région bordelaise et certaines zones littorales, la Nouvelle-Aquitaine compte également près de 300.000 logements vacants, selon l'Insee, dont 22.000 à Bordeaux Métropole et 10.000 à Bordeaux.

"Tous ces logements ne sont pas mobilisables immédiatement mais c'est un gisement à exploiter, à condition d'y mettre un minimum de volonté politique, qui permettrait de créer des logements sans consommer de foncier et avec des travaux de remise en état plus rapides qu'une construction neuve", soutient Pascal Paoli.

L'aménagement du territoire : un impératif

Il reste que la plupart de ces logements vacants ne sont pas localisés là où la demande est est la plus forte. En filigrane, c'est donc à nouveau le développement économique et territorial des petites villes et des villes moyennes qu'il faudrait accroître pour convaincre les ménages d'y rester ou d'aller s'y installer. "Il faut graver dans le marbre le principe de l'aménagement du territoire adossé à des financements fléchés et pluriannuels. C'est une mise en œuvre de long terme mais elle doit débuter dès maintenant", demande le responsable de la Fondation.

Pascal Paoli mise également sur un cercle vertueux autour de l'accompagnement des personnes âgées. "Le maintien à domicile c'est bien mais ça suppose, d'une part, d'avoir un logement et qu'il soit décent et adaptable et, d'autre part, d'avoir des services à la personne accessibles", fait-il remarquer, appelant ainsi à un grand plan de rénovation énergétique de ces logements et à la création d'emplois et d'équipements de services à la personne au plus près des besoins des seniors dans tous les territoires. Un retour de l'emploi censé attirer ensuite de nouveaux services, commerces et ainsi de nouveaux emplois et habitants permettant de desserrer l'étau de congestion sur la métropole.

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