Immeuble Le Signal : le préfet désamiante pour éviter un sinistre à 26 M€

Didier Lallement, préfet de la Gironde, a convaincu l’Etat de payer le désamiantage de l’immeuble Le Signal, au nord du Médoc, qui pourrait s’effondrer sur la plage. Expropriés en 2014, ses copropriétaires veulent toujours être indemnisés.
Le bord de la dune qui sépare Le Signal de la plage et de l'océan recule de trois à quatre mètres par an.
Le bord de la dune qui sépare Le Signal de la plage et de l'océan recule de trois à quatre mètres par an. (Crédits : Agence Appa)

Le préfet du département de la Gironde, Didier Lallement, a annoncé ce mardi matin qu'il amorçait une procédure pour faire désamianter, aux frais de l'Etat, l'immeuble Le Signal. Construit dans les années 1960 sur une dune de la cité balnéaire de Soulac (nord Médoc) cet immeuble de 78 appartements et quatre étages, menacé depuis plusieurs années par le recul du trait de côte, a été vidé de ses habitants en 2014 pour risque de péril imminent.

Expropriation générale qui a déclenché une bataille juridique, qui continue toujours, entre les copropriétaires, qui s'estiment lésés par les conditions financières, et l'Etat. Le fonds Barnier créé pour couvrir financièrement les expropriations dues à des risques naturels majeurs n'intègre pas dans la sa liste l'érosion du cordon dunaire. Et la loi de 1807, qui fait référence, stipule que la protection d'une habitation de l'érosion de la côte est à la charge du propriétaire. Ce qui a sans doute valu aux plaignants du Signal d'être déboutés de leur demande par le Conseil constitutionnel au mois d'avril dernier. Quatre ans et demi après le début de ces hostilités ils ne désarment pas et vont porter l'affaire devant le Conseil d'Etat.

12.000 tonnes de gravats contaminés

"Ce que je vais dire est étanche à ce dossier de l'indemnisation", a tenu à recadrer d'emblée Didier Lallement avant de détailler sa démarche. "Personne ne peut dire", a-t-il poursuivi, "combien de temps cet immeuble va encore tenir debout. Même si la mer a cessé depuis quelque temps d'éroder la dune, il pourrait suffire d'une tempête pour abattre l'immeuble. Aucun spécialiste n'a pu m'assurer du contraire. Le problème c'est que ce bâtiment est amianté et que l'amiante se dissémine dans l'air et dans l'eau. On ne peut pas attendre qu'il y ait une catastrophe pour passer à l'action".

Même si l'érosion a, de façon ponctuelle, quasiment cessé, la tendance est lourde. L'immeuble se trouve ainsi à une douzaine de mètres du bord de la dune qui recule de trois à quatre mètres par an. Le préfet, qui a saisi l'administration centrale de cette affaire, a convaincu les services de l'Etat de régler la facture avec l'appui du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui s'est emparé du dossier.

"Je ne peut pas agir directement. J'adresse ce mardi matin un courrier au maire de Soulac pour lui demander de faire désamianter Le Signal. Il va me répondre qu'il n'en a pas les moyens et alors je le ferai. Il ne s'agit pas d'une procédure d'exception, mais d'une procédure inhabituelle. Si l'immeuble s'effondre c'est 12.000 tonnes de gravats amiantés qui vont s'écrouler sur la plage. Pollution qui se solderait par un sinistre à 26 M€. C'est pourquoi nous allons tout d'abord localiser l'amiante dans le bâtiment puis le désamianter. Il faudra aussi renforcer ponctuellement le cordon dunaire pour protéger l'immeuble pendant les travaux", déroule Didier Lallement.

 Amiante : enfouissement ou vitrification ?

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a provisionné 150.000 euros de crédits pour couvrir les frais d'étude avant travaux de désamiantage. Puis un appel d'offre sera passé. Il est trop tôt pour que la préfecture puisse indiquer un montant pour les travaux, qui pourraient démarrer fin 2018 et s'achever en 2019. La question des déchets amiantés n'a pas non plus été encore abordée. Ces déchets peuvent être enfouis, moyennant quoi la responsabilité juridique de leur propriétaire reste engagée pendant de nombreuses années, l'amiante continuant à constituer un risque, ou alors neutralisés par vitrification.

Dans ce cas la responsabilité juridique du propriétaire n'est plus engagée mais cette vitrification, que seule Inertam (groupe Europlasma), à Morcenx (Landes), est en mesure d'accomplir, coûte près de trois fois plus cher que l'enfouissement. Ainsi l'option retenue à ce sujet par la préfecture n'aura rien d'anodin. Le démantèlement dans le port de Bordeaux de l'ex-croiseur Colbert (Q683) et de l'ex-porte-hélicoptère Jeanne d'Arc (Q860), qui contenaient chacun une dizaine de tonnes d'amiante, donne toutefois une indication : Veolia Propreté, retenue pour ces deux marchés, a enfoui ces déchets hautement toxiques.

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