Population : Bordeaux-centre en perte de vitesse face à ses banlieues ?

L’étude de fond, menée par l’Insee et la Dréal sur les 25 plus grandes aires urbaines de Nouvelle-Aquitaine, montre un déplacement des populations des villes-centres vers la périphérie. Un phénomène qui est toutefois à nuancer.
La croissance naturelle de la population à Bordeaux est bien plus importante que ce que l'on pourrait croire, mais les migrations ne sont pas neutres.
La croissance naturelle de la population à Bordeaux est bien plus importante que ce que l'on pourrait croire, mais les migrations ne sont pas neutres. (Crédits : Pexels)

La population de la ville-centre de Bordeaux (intra-muros) progresse désormais moins vite que celle de ses banlieues et de sa couronne. C'est l'évolution marquante que l'on peut retenir de la présentation, ce mardi 9 janvier, de la dernière analyse réalisée à ce sujet par l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) et la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) Nouvelle-Aquitaine, intitulée "En Nouvelle-Aquitaine, les banlieues et les couronnes des aires urbaines bénéficient de l'attractivité de la région".

Cette analyse porte sur les 25 plus grandes aires urbaines de Nouvelle-Aquitaine, avec notamment celles de Bordeaux, Limoges, Bayonne, Agen, Brive ou encore Guéret. Pour se faire une idée plus précise, il faut savoir par exemple que l'aire urbaine de Bordeaux englobe 252 communes sur les 538 que compte la Gironde et s'étend sur presque la moitié du département. Un périmètre très éloigné de celui de Bordeaux Métropole et de ses 28 communes. Il n'empêche, les villes centres ne sont pas oubliées.

360.000 migrations internes

Cette étude s'intéresse à la fois à l'évolution démographique portée par le solde naturel (balance entre naissances et décès) et les arrivées de nouvelles populations (migrations interrégionales), mais aussi à l'impact des déménagements d'une ville à l'autre pendant l'année à l'intérieur de la région. En 2013, année de référence de cette étude, la Nouvelle-Aquitaine a accueilli 116.000 nouveaux arrivants alors que 86.000 personnes quittait son territoire, soit un solde positif de +30.000 habitants.

Dans le même temps la Nouvelle-Aquitaine comptabilisait 360.000 migrations internes d'une ville à l'autre, liées notamment à des déménagements.

"Cette étude n'intègre pas les migrations venues de l'étranger. Les 116.000 arrivées comptabilisées sont issues des autres régions et des départements d'outre-mer. Les 360.000 migrations à l'intérieur de la région sont pour les deux tiers liées à des changements d'espace (d'urbain à périurbain ou rural -Ndlr)", a illustré Gérard Moreau, adjoint au chef du service Etudes et diffusion de l'Insee Nouvelle-Aquitaine.


La Creuse minée par les décès

L'étude montre ainsi que tous les types d'espaces étudiés gagnent de la population grâce aux migrations interrégionales malgré des baisses de population patentes notamment en Corrèze et en Creuse. "Il ne s'agit pas d'une approche géographique", a corrigé Cédric Lacour, chargé d'études à l'Insee Nouvelle-Aquitaine, avant qu'Isabelle Lasmoles, directrice adjointe de la Dreal Nouvelle-Aquitaine, ne précise que le taux de migration interrégional est toujours positif, même là où la population recule.

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La hausse de la population à Bordeaux est encore loin d'être le fait des nouveaux arrivants dans la Métropole. C'est d'abord une affaire de natalité.

Une observation validée par l'exemple de la Creuse où la population a reculé au cours des dernières années de -0,5 % par an. A cause d'un solde naturel négatif puisqu'il y a dans ce département 1.000 décès de plus que de naissances en moyenne chaque année. Alors que le solde migratoire est quant à lui positif de +0,3 % par an, soit un apport de +350 habitants. Soit, au total, un déficit annuel de 650 habitants.

L'étude épluche l'évolution de six types d'espaces différents mais tous liés entre eux : villes centres des grandes aires urbaines, banlieues des grands aires urbaines, couronnes des grandes aires urbaines, pôles des moyennes et petites aires urbaines, couronnes de moyennes et petites aires urbaines, communes isolées.

Les villes-centres touchées par un mouvement de fond

Si tous ces types d'espaces sont gagnants au regard des migrations interrégionales, il n'en va pas de même pour les migrations internes, qui génèrent des évolutions positives ou négatives en fonction des espaces. En particulier pour les villes centres, qui sont concernées par une évolution négative. Ainsi ces migrations résidentielles se font à 53,1 % à destination des banlieues de grandes aires urbaines (33,7 %) ou de leurs couronnes (19,4 %).

"Dans le cadre de ces migrations internes, les villes centres perdent des habitants au profit des banlieues et des couronnes. Dans les communes isolées les apports extérieurs compensent les déficits internes", illustre Cédric Lacour. Le tableau synthétisé à l'échelle des 25 plus grandes aires urbaines de Nouvelle-Aquitaine montre que, "sur l'ensemble des migrations, les villes-centres perdent des habitants". En 2013 le solde total des migrations internes à la région est ainsi négatif de plus de 5.000 habitants pour les villes-centres de ces grandes aires urbaines. Ce qui ne signifie pas pour autant que la population de Bordeaux intra-muros ait baissée. Entre 2010 et 2015, la ville de Bordeaux a ainsi vu sa population totale passer de 242.945 à 253.812 habitants, soit un gain net de 10.867 habitants.

Des migrations encore positives à Bordeaux

Isabelle Lasmoles estime qu'il s'agit d'un cas un peu particulier car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est un solde naturel élevé qui fait croître la population bordelaise. Ce qui est exact puisque la hausse de la population bordelaise entre 2008 et 2014 a d'abord été alimentée par les naissances, avec un taux d'accroissement naturel de +0,5 % par an.

Pour autant, l'impact des migrations est loin d'être neutre et le solde net des nouveaux arrivants est lui aussi positif, avec une hausse moyenne annuelle de +0,3 %. Une précédente étude réalisée sur la période 1999-2006 démontrait sans la moindre ambiguïté que Bordeaux faisait partie des villes-centres où la population enregistrait une croissance supérieure à celle de sa banlieue. Une comparaison faite alors par l'Insee avec la période 1982-1999. La prochaine étude portera en 2018 sur les motivations des migrations à l'intérieur de la région.

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Commentaire 1
à écrit le 23/01/2018 à 14:50
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En tout cas c'est pas moi qui vais participer a l'augmentation de population a Bordeaux, aucun risque !

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