Un élu d'opposition s’attaque à l’ “Airbnbisation” de Bordeaux

Conseiller municipal PS de Bordeaux et vice-président du Conseil départemental de la Gironde, Matthieu Rouveyre présentait ce matin une étude sur le développement d’Airbnb, de la location saisonnière à Bordeaux et propose des solutions pour rendre plus attractive la location classique.
Pendant qu'Airbnb développe sa présence dans la ville de Bordeaux, élu d'opposition à la mairie de Bordeaux, Matthieu Rouveyre pointe du doigt les menaces pour le logement des Bordelais, du développement, non encadré, de la location saisonnière.

Airbnb est très discret sur ce type de données, mais l'élu d'opposition (PS) à la mairie de Bordeaux, Matthieu Rouveyres et une équipe des Jeunes Socialistes ont  utilisé celles rendues disponibles par l'activiste canadien Tom Slee pour produire une étude et faire le constat qu'à fin mars, 3.095 logements bordelais étaient disponibles à la location saisonnières via Airbnb.
En scrutant une partie (un échantillon de 800 annonces) de ces offres bordelaise, les tarifs, les plannings de réservation qui figurent sur la plateforme, Matthieu Rouveyre et les JS mobilisés ont pu établir un constat "sans appel" selon l'élu :

Matthieu Rouveyre

Matthieu Rouveyre au centre de l'équipe des Jeunes Socialistes qui a produit l'étude concernant Airbnb à Bordeaux.

L'Airbnbisation de Bordeaux est en cours

"Il existe bien un phénomène d'Airbnbisation à Bordeaux. De très nombreux logements sont confisqués au parc traditionnel pour être mis à la location sur ce site de manière très professionnelle. Nous avons constaté que 85 % des biens immobiliers de l'échantillon étaient uniquement dévolus à Airbnb. Alors que la location très ponctuelle ne perturbe pas le marché à mon sens, la location plus de 20 jours par mois indique clairement que le bien est soustrait au marché potentiel de la location. Dans le même temps nous avons vu que pour de nombreux biens immobiliers il est plus rentable de louer 10 nuits sur Airbnb que de louer avec un bail 3/6/9. Quand un T2 rapporte en moyenne 558 euros par mois à un bailleur, le même T2, loué 10 nuits sur Airbnb, peut rapporter 560 euros... on comprend l'intérêt pour ce type de location, d'autant plus que le risque d'impayé via Airbnb est nul..."

Pour l'élu PS, ce phénomène touche tout particulièrement le parc immobilier des petits appartements, studios, T1 et T2.

"De fait, les célibataires, les étudiants, les jeunes couples ont de plus en plus de mal à résider dans Bordeaux."

"Bordeaux doit entamer des discutions avec Airbnb"

S'il ne se positionne pas en adversaire d'Airbnb dont il reconnaît aisément qu'il répond à une demande et permet à certains propriétaires d'arrondir des fins de mois difficiles, Matthieu Rouveyre se dit "surpris" par le silence de la mairie de Bordeaux et de Bordeaux Métropole sur ce phénomène qui semble accélérer à mesure que l'attractivité touristique et économique de Bordeaux se confirme.
Un silence qu'il a décidé d'occuper pour faire des propositions.
La première concerne la taxation des séjours commercialisés via Airbnb.

"Cela a été long, mais la mairie de Paris a finalement remporté le bras de fer qui l'opposait à Airbnb sur le paiement des taxes de séjour. Désormais, Airbnb récupère une taxe de séjour de 0,83 centimes par nuit, qu'elle reverse directement à la collectivité. Aux USA, à San Francisco où le phénomène Airbnb est extrêmement développé, et dans un pays connu pour être libéral, Airbnb a l'obligation d'imposer aux loueurs le paiement de la taxe de séjour... Je souhaite que le maire de Bordeaux, également président de la Métropole, engage, au plus tôt, des discussions avec Airbnb sur ce sujet. La perception de taxes gommerait une partie de l'inégalité qui pèse sur l'hôtellerie, surtout celles des hôtels une ou deux étoiles, et elle rapportera de l'argent dans les caisses... Si d'autres villes s'y mettent, Bordeaux, pour le moment, ne bouge pas !"

Une déclaration qui provoque une réponse de la part de Stephan Delaux, adjoint au maire de Bordeaux chargé du tourisme.

"Cela me fait sourire d'entendre cela. Alain Juppé, en tant que président des villes hôtes de l'Euro, s'est appuyé sur l'accord obtenu par Paris et le ministère pour faire en sorte qu'il s'applique aux villes qui accueilleront la  compétition.  Il faut savoir qu'Airbnb a accepté le paiement de la taxe de séjour pour Paris, mais a suspendu cela pour les autres villes de France, à la fourniture, par l'Etat d'un fichier comportant tous les barèmes de taxation des différentes villes... autant dire qu'il pouvait se passer des années avant que la chose soit étendue à toutes les villes de France. Après quatre mois de travail, une lettre recommandée qui rappelle que  l'article L2333 - 34 du code général des collectivités territoriales précise que tous les hôteliers, logeurs, propriétaires ou  intermédiaires doivent collecter et versé la taxe de séjour, a été envoyée, le 29 mars, à toutes les plateformes dont Airbnb. Une démarche que l'association des maires de France adopte également dans la foulée."

Quand à l'impact, évoqué par Matthieu Rouveyre, des locations Airbnb sur l'hôtellerie, notamment économique, sur les taux d'occupation des chambres, Stéphan Delaux sort des chiffres qui selon lui démontrent que, pour le moment, la catastrophe n'est pas au rendez-vous :

"Une étude Deloitte montre qu'en 2015 à Bordeaux, l'hôtellerie haut de gamme a progressé de 10,7 %. La moyenne gamme progresse de 6,7 %, et enfin l'hôtellerie économique progresse de 7 %" assure l'élu de la majorité.

Un contrôle des locations et des autorisations préalables ?

Matthieu Rouveyre propose également à la mairie de contrôler le parc des locations proposées sur la plateforme.

"Depuis mars 2014, dans les villes de plus de 200.000 habitants, les locations saisonnières doivent faire l'objet d'une autorisation attribuée par la mairie... Je ne suis pas certain que cela soit le cas actuellement..."

En plus du "bâton" dissuasif, comme celui d'une augmentation de 20 % de la taxe d'habitation pour les résidences secondaires, l'élu PS propose aussi des mesures "carottes" incitatives en faveur de la location traditionnelle.

"Le tout répressif n'est pas l'idée, c'est pourquoi je pense qu'on pourrait mettre en place des déductions fiscales pour les propriétaires qui jouent les jeu du bail 3/6/9 dans les zones en tension sur le plan du logement."

Le sujet "Airbnb", et l'élu ne s'en cachait pas ce matin, est l'occasion pour lui de "jeter un pavé dans la mare" du logement bordelais.
Le sujet Airbnb, "si les touristes ont toute leur place, ils n'ont pas toute la place à Bordeaux,"  permet à Matthieu Rouveyre d'aller sur d'autres  terrains d'opposition au maire de Bordeaux comme le logement social "qui ne fait pas face aux besoins" ou encore le logement étudiant "15.000 places pour 70.000 étudiants et un plan métropolitain de construction en rade."

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Commentaires 4
à écrit le 05/04/2016 à 9:19
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Bonjour, on ne peut pas empêcher les gens d’essayer de s'en sortir dans cette société sauvage et pillée!!! (Panama papers!!) de toute part. Pourquoi ce serait toujours les mèmes qui seraient les dindons de la farce! Aujourd'hui tout le monde est un ...

à écrit le 05/04/2016 à 7:53
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3095 logements sur 142000 (chiffre 2007) soit 2% du parc. Quel enjeu ?? Pourquoi un élu chargé de la citoyenneté mène ce genre d'étude ??

à écrit le 04/04/2016 à 19:52
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Que les locations saisonnières paient les taxes qu'ils doivent, la majorité des propriétaires et locataires saisonniers sont d'accord. Il suffit que ce soit automatique pour la taxe de séjour et si possible pour l'impôt pour éviter les fraudes et fa...

à écrit le 04/04/2016 à 18:34
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Cher député, En tant que professionnelle de la loc de tourisme sur Bordeaux je suis extrêmement épatée par votre manque d'information Remettont les choses dans l'ordre : 1 Pourquoi il y a des tensions dans le parc locatif : le prix des loye...

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