La Caisse des dépôts orchestre l'occupation temporaire de son ancien site à Bordeaux Lac

Après avoir quitté la Jallère pour rejoindre ses nouveaux locaux à Bordeaux Euratlantique, la Caisse des dépôts a confié à Plateau urbain et Aquitanis un projet d'occupation transitoire. Objectif : éviter des dégradations et accueillir des activités économiques et culturelles diverses en attendant de trouver une nouvelle affectation à ce vaste bâtiment situé dans un quartier stratégique.
Une soixantaine de personnes - associations, artistes, artisans, jeunes entrepreneurs - ont commencé à investir la partie centrale du bâtiment B libéré par la Caisse des dépôts à la Jallère, à Bordeaux Lac
Une soixantaine de personnes - associations, artistes, artisans, jeunes entrepreneurs - ont commencé à investir la partie centrale du bâtiment B libéré par la Caisse des dépôts à la Jallère, à Bordeaux Lac (Crédits : Aquitanis)

De l'autre côté de la rue, l'ancien site du GAN fait l'objet d'une occupation sauvage de caravanes depuis plusieurs semaines. Un peu plus loin, les anciens locaux de la Caisse d'épargne rue de la Jallère, longtemps squattés, sont désormais partiellement détruits. C'est pour éviter ce genre de désagréments que l'établissement bordelais de la Caisse des dépôts, dont les 1.400 collaborateurs ont quitté son site de Bordeaux Lac en novembre 2022 pour s'installer à Euratlantique, a pris attache dès 2021 avec Plateau urbain. Cette coopérative d'urbanisme transitoire est spécialisée dans la mise à disposition d'espaces vacants.

« Afin d'éviter une occupation sauvage et des dégradations que l'on observe dès qu'un bâtiment se libère à la Jallère, le meilleur moyen est de maintenir une présence sur place. C'est pour nous une double évidence. Le devenir de tous les projets que nous accompagnons nous importe, d'autant plus quand des collaborateurs y ont eu une expérience de vie, c'est une question d'image », commente Rémi Heurlin, directeur régional adjoint de la Banque des territoires, filiale de la Caisse des dépôts. « Nous sommes par ailleurs partie prenante de l'économie sociale et solidaire (ESS) et avons identifié un besoin des acteurs de l'ESS d'avoir accès à des locaux bon marché. »

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« La liberté d'explorer de nouvelles activités »

Dans la métropole bordelaise, l'office public de l'habitat Aquitanis pilote depuis 2018 ce genre de projets pour le compte de Plateau urbain. « Tout est parti d'un projet d'entreprise en 2017, après la crise liée à la réduction du loyer de solidarité, dans lequel on s'est donné la liberté d'explorer de nouvelles activités », explique Claire Gelain, directrice habitats solidaires, en charge notamment du développement économique et de l'occupation transitoire chez Aquitanis. À partir de 2019, plusieurs sites d'occupation temporaire sont ouverts, dans un immeuble de Nexity cours d'Alsace-Lorraine, dans un ancien Lidl aux Chartrons ou encore dans le patrimoine propre d'Aquitanis aux Aubiers et à Lormont... Au fil des années, l'activité a trouvé son modèle économique (louer à bas prix des locaux mis à disposition gratuitement ou en contrepartie d'un loyer d'occupation), mais il reste fragile.

« Avec le projet de la Jallère, nous changeons d'échelle en doublant la surface des espaces vacants gérés ! », poursuit Claire Gelain. De fait, sur son ancien site de 28.000 m2 de locaux et dix hectares d'espaces verts, la Caisse des dépôts a mis à disposition gratuitement 13.000 m2 de bâtiments, via le cadre juridique d'un commodat. Charge à Aquitanis de recruter des occupants et d'animer le lieu en impulsant une dynamique collective. Au tarif de 11 €/m2 pour des bureaux meublés et 6 €/m2 pour du stockage, le lieu bien qu'excentré, séduit. « Le prix comprend la consommation des fluides et l'entretien. La Caisse des dépôts continue d'assurer de son côté les frais de maintenance et de sécurité », note Laura Courbe, responsable de projet chez Plateau urbain, à temps complet sur le site.

Habilitation pour recevoir du public

Fondation des apprentis d'Auteuil, grapheur Jean Rooble, association Échange Nord-Sud - « Confitures solidaires »... une soixantaine de personnes, associations, artistes, artisans, jeunes entrepreneurs, ont commencé à investir la partie centrale du bâtiment B. Ils ont été sélectionnés à la suite de deux premiers appels à candidatures, en janvier puis avril. Des affiches appelant à un afterwork ou retraçant les réflexions pour trouver un nouveau nom au lieu, rebaptisé Lac-C, traduisent la nouvelle identité de ce qui s'apparente désormais à un tiers-lieu. Elles côtoient le logo de la Caisse des dépôts, encore présent en façade, dans le hall d'entrée ou des salles de réunions. « Les bâtiments sont en très bon état et le propriétaire nous a laissé du mobilier parfaitement opérationnel », se félicite Anne-Lise Salin, responsable de site en transition chez Aquitanis, qui travaille désormais presque à plein temps à Lac-C.

Les premiers occupants ont été regroupés au 4e et désormais au 5e étage, où ils ont pris possession de bureaux ou ont aménagé des ateliers, le 1er étage étant réservé à du stockage de matériel. Mais ils peinent à remplir un espace qui accueillait il y a encore quelques mois 1.400 salariés. Certains plateaux sont dans l'attente de leur affectation, comme la cuisine collective, l'open-space de 600 m2 auparavant dévolu à une plate-forme téléphonique ou d'immenses salles de réunion. « Nous allons déposer un dossier pour être habilité établissement recevant du public, ce qui nous permettra de développer de nouvelles activités. Certains acteurs de la formation ou de l'insertion ont déjà fait part de leur intérêt pour disposer de salles de formation. La cuisine pourrait accueillir des cuisines partagées et la salle du conseil des assemblées générales », projette Anne-Lise Salin.

Autant de projets dont Aquitanis espère qu'ils pourront influer sur le devenir à plus long terme du site de la Jallère.

Le devenir de la Jallère encore à préciser

De premières annonces pourraient tomber d'ici fin juin 2023, notamment sur la possible construction de logements en lieu et place du grand parking de l'ancien site de la Caisse des dépôts proche du stade Matmut. « Un projet conforme au plan local d'urbanisme », commente Rémi Heurlin. Pour le reste, le futur aménagement des 35 hectares désormais inoccupés du site de la Jallère reste encore à écrire, d'autant qu'il comprend des zones humides. Un protocole d'intention a été signé le 2 décembre 2022 lors de l'inauguration du nouveau bâtiment de la Caisse des dépôts à Euratlantique entre l'établissement, la mairie de Bordeaux et la Métropole. « Via Urbain des bois, qui est une filiale d'Icade, elle-même filiale de la Caisse, et qui reprendra la propriété du site de la Caisse des dépôts, ces échanges associent également d'autres entreprises propriétaires de bâtiments comme la Caisse d'Épargne et GAN de façon à favoriser une approche globale », poursuit Rémi Heurlin.

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