Numérique responsable : les défis d'Enter, le nouveau pôle de compétitivité néo-aquitain

« Promouvoir un numérique sobre, maîtrisé, durable, inclusif et résilient. » C'est la raison d'être du pôle de compétitivité Enter labellisé pour deux ans par l’État. Cette nouvelle structure néo-aquitaine peaufine encore sa feuille de route qui s'articulera notamment autour des logiciels libres, de la gestion des données, du recyclage et du réemploi des matériels, de la mobilité ou encore de la cybersécurité. Explications avec ses parents Digital Aquitaine et Naos.
Le pôle de compétitivité Enter sera officiellement fin 2023 pour la prendre la suite de Digital Aquitaine et de Naos.
Le pôle de compétitivité Enter sera officiellement fin 2023 pour la prendre la suite de Digital Aquitaine et de Naos. (Crédits : DR)

Cinq lettres pour un cinquième pôle de compétitivité en Nouvelle-Aquitaine. Le pôle Enter (Excellence numérique au service des transitions environnementales et responsables) a obtenu le 27 mars dernier une labellisation par l'État pour deux ans. Une sorte de période d'essai pour cette nouvelle structure dont l'histoire reste entièrement à écrire. On retrouve à la manœuvre deux structures bien connues dans le paysage régional : les clusters Digital Aquitaine, dédié aux usages numériques, et Naos, centré sur le logiciel libre. Les deux associations devraient fusionner dans les prochains mois pour laisser la place à Enter, dont la feuille de route en cours d'élaboration, doit être adoptée fin 2023.

« Le rôle d'un pôle de compétitivité est d'arriver à créer des synergies entre des PME, des grands groupes, des laboratoires, des collectivités et des associations pour répondre des appels à projets et faire émerger des projets et des produits. Ni Digital Aquitaine ni Naos n'avaient les moyens suffisants pour répondre à des appels à projets structurants », explique François Pellegrini, le co-président de Naos. Le nouveau pôle, qui porte des ambitions tant régionales que nationales et européennes, devrait notamment bénéficier des fonds de France 2030, en plus des subventions régionales et des cotisations des adhérents.

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Le numérique responsable, mode d'emploi

Si la feuille de route précise n'est pas encore arrêtée, plusieurs dossiers sont déjà en haut de la pile dans le cadre des grandes orientations « mieux vivre, mieux produire, mieux comprendre », portée par France 2030. La raison d'être du pôle, qui sera logé à la Cité numérique de Bègles, près de Bordeaux, est déjà connue : « Promouvoir un numérique sobre, maîtrisé, durable, inclusif et résilient. » Vaste programme qui devra se traduire par des projets plus concrets dans les prochains mois.

« Tous nos domaines d'expertise seront mobilisés et parties prenantes de nos travaux qui toucheront aussi à la mesure de l'impact carbone », appuie Trang Pham, la présidente de Digital Aquitaine, citant notamment la cybersécurité, l'intelligence artificielle, le stockage des données, le e-commerce, la logistique urbaine, les mobilités ou encore les objets connectés. « Sur tous ces sujets, la Nouvelle-Aquitaine est un terrain d'expérimentation remarquable avec des cas d'usages très différents, par exemple, pour travailler sur l'optimisation des flux logistiques », embraye François Pellegrini, qui insiste sur « la promotion d'outils numériques sobres, souverains et résilients, grâce notamment aux communs numériques et aux logiciels et matériels en open source. »

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Mais comme entre 70 % et 80 % de l'empreinte carbone du numérique est liée à la fabrication des matériels et terminaux, il faudra nécessairement agir sur ce levier. Ce qui n'a rien d'évident puisqu'ils sont quasi-exclusivement fabriqués à l'étranger par des grands groupes. « On n'a pas de fabricants ici, c'est vrai, mais on a des compétences de recyclage, de réemploi et de reconditionnement des matériels. On peut donc agir sur les sources d'approvisionnement et la gestion des flottes d'appareils », pointe Frédéric Pellegrini. L'entreprise girondine Ecomicro, spécialiste du recyclage et du reconditionnement est notamment associée à la démarche. « Il nous faudra mener un double travail pour sensibiliser les acteurs publics et privés et lever les obstacles au réemploi, recyclage et reconditionnement », abonde Trang Pham.

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Le premier pôle à mission

La mutualisation des ressources numériques, les coûts et infrastructures de stockage des données et leur souveraineté sont également au menu d'Enter qui choisit de mettre en lumière le poids des externalités négatives et positives des décisions. Une approche qui se traduira dans les statuts puisqu'Enter a l'ambition d'être le premier pôle de compétitivité à mission, sur le modèle des entreprises à mission.

« Le coût économique ne sera pas le seul critère d'évaluation des projets et des décisions. Nous voulons questionner toutes les externalités sur le plan environnemental et social ! », insiste le co-président de Naos. « Par exemple, les outils des Gafam [Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, NDLR] cochent beaucoup de cases mais pas toutes et certainement pas celles de la souveraineté et des externalités positives. Des alternatives existent et nous voulons les promouvoir. »

Une fois les questions de gouvernance tranchées et la feuille de route fixée, Enter doit être officiellement créé en décembre 2023. Une clause de revoyure avec l'État est ensuite prévue fin 2024 ou fin 2025 avant de décrocher une labellisation plus pérenne.

Un cinquième pôle de compétitivité néo-aquitain

Soutenu par les clusters SPN et Aliptic et 150 grandes entreprises (dont Suez, Telespazio, La Poste, Thales, EDF, Sanofi, Cap Gemini, Talan, Adista, la Camif, Serma ou encore Lectra), des startups, PME, laboratoires de recherche, universités et agglomérations, le pôle Enter est le 5e pôle de compétitivité basé en Nouvelle-Aquitaine. Il rejoint Alpha Route des lasers et des hyperfréquences, Avenia, le Pôle européen des céramiques et Xylofutur. Sept autres pôles sont actifs et représentés dans la région, bien que formellement basés ailleurs : Aerospace Valley, Agri Sud-Ouest Innovation, Cimes, Cosmetic Valley, S2E2, ID4CAR, Polymeris. Tous ont vu leur label renouvelé pour cinq ans.

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