Cinq ans après, les freelances de Cosme entrent dans la galaxie coopérative

Partager le projet et l'inscrire dans le temps. C'est l'objectif du collectif Cosme qui fête ses cinq ans d'existence en se transformant en société coopérative d'intérêt collectif (Scic). Une première pour ces métiers du numérique et de la communication. Ce collectif de freelances bordelais, piloté par Pauline Trequesser, a éprouvé sa pertinence et sa robustesse alors que les travailleurs indépendants se multiplient. Solo&Co Days, un salon dédié, se tiendra d'ailleurs à Bordeaux le 6 avril.
Les douze associés du collectif Cosme qui, cinq ans après sa création, devient une société coopérative d'intérêt collectif.
Les douze associés du collectif Cosme qui, cinq ans après sa création, devient une société coopérative d'intérêt collectif. (Crédits : Noémie Le Calvez)

Si le freelance, le travail indépendant, a désormais le vent en poupe à Bordeaux et ailleurs, Pauline Trequesser a saisi cette tendance très tôt. Tout en la prenant à contrepied dès 2018 en créant Cosme, un collectif souple de douze freelances bordelais aux compétences complémentaires dans les métiers de la communication, création et conception numériques. Autour de ce premier cercle « décidé à travailler ensemble tout en restant libre » gravitent plusieurs dizaines « d'ambassadeurs », des travailleurs indépendants avec qui Cosme collabore de manière plus ponctuelle. Les membres du collectif conservent leur statut indépendant et leurs clients par ailleurs et constituent des équipes à géométrie variable pour répondre à chaque projet accepté par Cosme. Jusque-là une simple EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) servait de support juridique au collectif qui affiche 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires depuis 2018 auprès de clients tels qu'HelloAsso, le Smicval, Newheat, la French Tech Bordeaux ou encore le CHU.

Gouvernance partagée et indépendance

« Ce modèle de gouvernance flexible, numérisé et à distance fonctionne bien mais on a ressenti le besoin de graver dans le marbre cette organisation originale du travail. On a opté pour la création d'une société coopérative d'intérêt collectif à laquelle nous donnerons la marque et l'identité de Cosme. Elle a été officiellement créée le 16 mars », explique Pauline Trequesser à qui le statut coopératif faisait de l'œil depuis 2019.

Un statut juridique coopératif pas simple à appréhender ni à manœuvrer mais qui offre des opportunités nouvelles. « La Scic est forcément plus lourde à gérer mais elle permet d'associer réellement à la gouvernance toutes les parties prenantes : les freelances du premier cercle, les clients, les partenaires et les ambassadeurs », éclaire Sébastien Chenot, délégué de l'Union régionale des Scop, qui accompagne le Cosme depuis six mois. « L'autre force c'est la garantie de l'indépendance : la Scic peut être transmise de coopérateurs en coopérateurs mais il n'y a pas de vente possible à un tiers. »

Une société, trois collèges

Pour débuter, la société coopérative s'appuiera sur trois collèges : celui des douze associés de Cosme, celui des ambassadeurs qui comptera deux membres au départ, et celui des clients qui seront incarnés par l'entreprise NewHeat. Cette entreprise spécialiste de la chaleur renouvelable détient désormais, en tant que sociétaire, une part, au montant purement symbolique, du capital de Cosme. « On est un client satisfait depuis des années mais c'est surtout le modèle collectif proposé qui nous semble pertinent à promouvoir. Quand Pauline nous a proposé on a tout de suite dit oui. Maintenant on va découvrir notre rôle au sein de tout ça ! », explique Hugues Defréville, le fondateur et dirigeant.

Le Solo&Co Days le 6 avril à Bordeaux

Créé en 2022 par trois travailleuses indépendantes dans la communication et l'évènementiel - Anne Corsello, Catherine-Elise Guillaumin et Alexandra Lugas - cet évènement gratuit dédié aux freelances revient le 6 avril. « L'objectif c'est de réunir un maximum d'acteurs publics et privés pour répondre à toutes les questions que se posent les freelances et faciliter les liens », avance Catherine-Elise Guillaumin, qui attend plus de 600 visiteurs sur la journée du 6 avril à l'hôtel de Bordeaux Métropole.

Pauline Trequesser a été élue présidente pour trois ans de la Scic mais s'appuiera davantage sur le collectif et sur Alice Garnier, désignée directrice générale. « L'objectif c'est que tout le monde s'approprie la gouvernance et y trouve sa place. Cette nouvelle feuille de route nous redonne de l'énergie pour cinq ans », s'enthousiasme la présidente, qui fourmille d'autres projets parallèles à Cosme. Elle lancera prochainement « Planète Freelance », « une association pour fédérer les freelances et les aider à sortir de l'isolement », tout en continuant le podcast « Puissance Care » qui aborde notamment les questions de santé des entrepreneurs.

Et si Cosme tient à conserver sa taille humaine et n'ambitionne pas de se développer ailleurs en France, le modèle pourrait donner des idées. « Il y a déjà des Scic dans l'artisanat ou le conseil mais, à ma connaissance, c'est la première à se créer en France sur ce type de métiers du numérique qui sont par nature indépendants », précise Sébastien Chenot. « Cosme est passé de précurseur à un collectif qui fonctionne dans la durée, ce qui est gage de qualité. C'est une vraie réponse à l'isolement des travailleurs indépendants », abonde Catherine-Elise Guillaumin, la cofondatrice de Solo&Co Days.

20.000 freelances en Nouvelle-Aquitaine

Selon la plateforme Malt, qui a ouvert un bureau à Bordeaux l'an dernier, ces travailleurs indépendants seraient plus de 20.000 en Nouvelle-Aquitaine, troisième région française en volume. Ce sont à 93 % des anciens salariés, disposant en moyenne de neuf ans d'expérience. Ils opèrent aussi bien dans des métiers liés au numérique et à la donnée (29 %), à la création visuelle et audio (29 %) qu'à la communication et au marketing. « 84 % d'entre eux souhaitent conserver leur statut de freelance malgré la crise », assure Malt.

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