À Mérignac, Thales recrute massivement et investit dans la transition écologique

INTERVIEW. Finies les années Covid ! Alors que le carnet de commandes du groupe Thales est désormais bien rempli, le campus de Bordeaux-Mérignac vise 300 recrutements en 2023 dont 100 créations nettes d’emploi. Le directeur du site, Arnaud Bergeron, confirme la croissance de l’ensemble des segments de marchés civils et militaires et Denis Bonnet, directeur innovation, la poursuite des travaux dans le contexte de la transition écologique. Tous les deux répondent aux questions de La Tribune.
À Mérignac, Thales travaille notamment sur les nouvelles mobilités telles que les taxis volants à travers la partie calculateur et les commandes de vol.
À Mérignac, Thales travaille notamment sur les nouvelles mobilités telles que les taxis volants à travers la partie calculateur et les commandes de vol. (Crédits : Thales)

LA TRIBUNE - Thales a récemment annoncé un record historique de prises de commandes, supérieures à 23 milliards d'euros. Le site de Mérignac est-il dans la même dynamique ?

Arnaud BERGERON, directeur du campus Thales de Mérignac - Le campus de Mérignac, qui emploie 2.500 collaborateurs, est effectivement en croissance sur ses activités civiles et militaires qui s'équilibrent. Sur la partie avionique civile, les équipes planchent sur des systèmes de gestion de vol, des calculateurs de vol ou encore des écrans de divertissement notamment sur les vols longs courriers dans un contexte où le marché de l'aéronautique civil a repris notamment en Asie. L'activité est donc importante. En ce qui concerne la défense, nous avons une grosse activité de radar que nous développons et produisons à Mérignac. Nous sommes aujourd'hui en phase de reprise sur l'ensemble des segments de marché, même s'il n'y a eu aucun licenciement sec pendant la période Covid.

2023 sera l'année du recrutement avec 300 embauches prévues, 200 pour remplacer les départs et 100 créations nettes d'emploi. Quels sont vos besoins ?

Arnaud BERGERON - Nous comptons entre 70 et 80 % d'ingénieurs et de cadres. Nous allons continuer à recruter dans l'ingénierie système et matérielle, mais des embauches sont également prévues dans les métiers de l'industrie avec des techniciens, des producteurs, des ingénieurs industriels et dans les métiers de support et service client. J'en profite pour préciser que l'ensemble des métiers du groupe est représenté à Mérignac ce qui permet à un collaborateur d'y opérer différents métiers au cours de sa carrière. Il faut d'ailleurs ajouter les nouveaux métiers, avec notamment une percée de l'intelligence artificielle, de la cybersécurité nécessaire pour accompagner le développement de nouveaux équipements. Nous recrutons donc aussi des profils issus du numérique.

Denis BONNET, directeur innovation du campus Thales de Mérignac - À la demande du groupe, une équipe a été créée à Mérignac pour travailler sur une brique divertissement de bord. Il est trop tôt pour en parler mais ce développement s'inscrit dans l'univers de l'avion connecté.

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En matière d'innovation, sur quels sujets travaillez-vous et selon quelle stratégie ? 

Denis BONNET - Au-delà de prendre notre part dans l'avion connecté, nous travaillons sur les nouvelles mobilités notamment les taxis volants pour lesquels nous fournissons la partie calculateur et commande de vol. Mais d'un point de vue stratégique, la transition écologique est probablement l'un des sujets les plus importants. Nous nous inscrivons dans un écosystème qui travaille sur le renouvellement des flottes, l'avion à hydrogène, les carburants durables. Quant à nous, nous travaillons sur un autre levier, bien moins connu, qui est celui de la transition environnementale des opérations. C'est un levier très intéressant car, en améliorant l'efficacité des vols, les scientifiques pensent que l'on peut réduire de 10% l'empreinte écologique des avions actuels. Thales a ainsi développé Flights Footprint, à savoir un outil de mesure de l'empreinte environnementale d'un vol du point de vue de son impact en CO2 et « non-CO2 »Les trainées de condensations, qui ont un effet majoritairement réchauffant, sont un exemple d'effet « non-CO2 » dont la science commence à mieux comprendre les principes et que Flights Footprint permet d'estimer. Actuellement l'application qui se branche sur les outils d'une compagnie, est testé en France par Amelia, très engagée dans la transition. Singapour l'utilise également pour optimiser la descente des avions.

Thales

Cliquez sur l'image pour l'agrandir. L'application Flights Footprint est actuellement en test (crédits : Thales).

Vous intervenez donc sur le volet du diagnostic. Et après ?

Denis BONNET - Le diagnostic constitue la base. À partir de là, nous développons des outils digitaux qui reposent notamment sur une amélioration de la collaboration entre compagnies aériennes et pilotes d'une part, et contrôleurs aériens d'autre part pour optimiser les vols. Dans le domaine du CO2, Thales a développé le concept de Green Flag qui permet aux pilotes, dans un contexte de faible trafic et en coordination avec le contrôle aérien, d'optimiser les paramètres du vol pour réduire son empreinte. Nous avançons !

Arnaud BERGERON - Thales investit environ 6 % de son chiffre d'affaires en R&D autofinancée, c'est-à-dire plus d'un milliard d'euros.

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