Retrofleet fabriquera ses packs batteries à Bordeaux pour remotoriser les flottes de bus

Spécialiste du rétrofit et de solutions de recharge, Retrofleet va s’implanter en région bordelaise. La société parisienne prévoit l’installation en 2023 près de Bordeaux d’une ligne de fabrication de packs batteries et de systèmes de rétrofit pour les flottes de véhicules de Nouvelle-Aquitaine, en particulier les bus et les cars. Une quinzaine d’embauches sont annoncées.
Le car prototypé terminé est en phase de test à l'Utac.
Le car prototypé terminé est en phase de test à l'Utac. (Crédits : Retrofleet)

Emmanuel Flahaut, co-fondateur de Retrofleet, en est convaincu : « Les mutations passent par les régions. Ce sont les régions, les acteurs régionaux qui décident à un moment donné de basculer dans des énergies plus maitrisées parce qu'ils y voient un intérêt ! » C'est dans cette logique que l'entreprise parisienne spécialisée dans le rétrofit, la remotorisation électrique d'un moteur thermique, a choisi de se développer en région. Après avoir ouvert un centre de R&D en Savoie, Retrofleet annonce l'ouverture cette année, « en deuxième partie de 2023 », d'une usine modulaire à Bruges, au nord de Bordeaux. Un secteur où sont également installées les équipes R&D d'ACC.

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Retrofleet y installera une ligne d'assemblage de packs batteries ainsi qu'une base de service après-vente sur le terrain de l'entreprise Bacqueyrisses, spécialisée dans la vente et le service après-vente (SAV) de bus et de cars. « Nous sommes sur un partenariat et non une joint venture [co-entreprise, NDLR] », précise Emmanuel Flahaut, co-fondateur de Retrofleet. Mais un partenariat qui fait sens. « Nous avons une licence commerciale et technique avec le constructeur Iveco. Or, Bacqueyrisses est concessionnaire Iveco », explique Emmanuel Flahaut.

« Ce qui nous guide, c'est de tirer le meilleur parti des partenaires des territoires pour un marché donné. Dans les Hauts-de-France, où nous installerons une autre ligne de production, nous nous positionnerons sur les véhicules utilitaires légers car il y a un gros déploiement industriel dans ce secteur. À Bordeaux, il y a un intérêt à positionner une ligne de production dans une région favorable à l'écosystème batterie. Il y a un intérêt des décideurs publics pour la décarbonation », explique Emmanuel Flahaut, co-fondateur de Retrofleet.

200 véhicules à l'année

Si Retrofleet a opté pour une implantation à Bordeaux, c'est aussi parce que le transport logistique y est fortement représenté et qu'en matière de recrutement les opportunités y seront plus nombreuses. Avec ce projet en région bordelaise, la société ambitionne la création d'une quinzaine d'emplois à l'horizon du premier trimestre 2024. Elle prévoit d'embaucher des ingénieurs en génie production et des opérateurs de production.

À Bordeaux, Retrofleet cible la transformation de 200 véhicules à l'année, des véhicules lourds, cars et bus, mais aussi des pick-up pour un usage professionnel. Spécialisée dans la fabrication des packs batteries, elle s'appuiera sur des partenaires pour l'intégration. Bacqueyrisses en premier lieu. « Pour des entreprises qui réalisent du SAV sur des véhicules thermiques, c'est un relais de croissance intéressant dans un monde qui change très vite », assure Emmanuel Flahaut qui affirme avoir déjà reçu des commandes fermes d'acteurs du transport en commun de personnes et de la logistique notamment.

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Gain économique et gain carbone

Recourir au rétrofit est pour lui doublement intéressant :

« D'après une étude de l'Ademe de mars 2021, conserver un bus en remplaçant son moteur diesel par un nouveau système électrique à zéro émission permettrait de baisser ses émissions polluantes de 87 %. Le rétrofit garantit également un gain économique certain, avec un cout de la conversion globalement deux fois moins cher qu'un véhicule équivalent électrique neuf. »

Alors que l'arrêté du 13 mars 2020 a reconnu et encouragé la filière du retrofit à grande échelle, les batteries de Retrofleet sont aujourd'hui homologuées. Le car prototypé entre quant à lui en phase de test à l'Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle (Utac). « Son homologation devrait intervenir au printemps. Après les phases de prototypage de ces dernières années, le temps est venu pour du déploiement en série », s'enthousiasme Emmanuel Flahaut qui défend un modèle qui va plus loin que le rétrofit des véhicules et transports collectifs.

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Mobilité et énergie

« Notre axe est double. Nous transformons les flottes de véhicules et nous fournissons des solutions de recharges pilotées et éventuellement solarisées, c'est-à-dire que nous associons les briques de mobilité et d'énergie jusqu'à présent déconnectées. Or je pense que, davantage qu'une contrainte, c'est une opportunité pour un gestionnaire de flotte qui va lui-même pouvoir fournir de l'énergie », explique Emmanuel Flahaut, ancien du monde de l'énergie.

À Bordeaux, Retrofleet annonce un investissement de l'ordre de un million d'euros sur une enveloppe globale de 15 millions d'euros pour l'ensemble du groupe. À ce stade, elle se fournit en cellules de batteries à l'international mais a déjà concrétisé un accord avec la future gigafactory de Verkor à Dunkerque. Rien n'a encore été signé avec ACC, en Nouvelle-Aquitaine.

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