
Jean Fourche s'est fait connaitre il y a deux ans avec un vélo de ville léger, maniable, compact et constitué de plus de 80 % de composants issus de la fabrication européenne. À l'époque, le fabricant de vélos bordelais n'envisageait pas d'électrifier son deux roues. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisqu'il sort son premier modèle électrique et l'explique en toute transparence. « Nous restons persuadés par le fait que le vélo musculaire est une très bonne option mais que cela dépend de l'usage de chacun », explique Benoit Maurin, co-fondateur de la marque de vélo Jean Fourche. S'il se lance dans l'électrique aujourd'hui, c'est donc surtout pour répondre à la demande. « Le marché du vélo explose mais il est dopé à l'électrique, or nous ne proposions qu'un seul modèle, sans assistance. Pas évident pour une jeune entreprise. » Selon l'Union Sport et Cycles, 2,79 millions de vélos se sont vendus en France en 2021, la vente de vélos électriques ayant connu une croissance de 28% par rapport à 2020.
Un partenariat industriel clé
Mais si Jean Fourche propose aujourd'hui un modèle électrique, c'est uniquement parce qu'il a réussi à développer un vélo en restant fidèle à ses valeurs de durabilité et de réparabilité. « Ce qui n'aurait pas été possible il y a deux ans », précise Benoit Maurin. Pour cela, le fabricant a créé un partenariat industriel avec deux acteurs français : le motoriste Virvolt et le fabricant de batterie Gouach, également bordelais. Une manière aussi de répondre au modèle électrique déployé par la société bordelaise Gaya, déjà en partenariat avec Gouach. « Alors que les batteries sont aujourd'hui difficilement réparables et ont une durée de vie de trois à cinq ans, celles que proposent Gouach sont réparables car sans colle, sans câbles, sans soudure et entièrement démontables », explique Benoit Maurin. Les batteries utilisées par Jean Fourche sont assemblées au Haillan, dans la métropole bordelaise, à partir de cellules de seconde vie issues des batteries des flottes en libre service.
L'intégralité des pièces du moteur de Virvolt peut également être changée et réparée. Le moteur n'est par ailleurs pas intégré au cadre pour pouvoir passer de l'électrique au mécanique et inversement. « On n'est pas venu designer un cadre spécifiquement pour un moteur, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui. On a sorti le moteur du cadre. C'est le moteur qui s'adapte au cadre et non l'inverse », explique Benoit Maurin. Le résultat, c'est un vélo dont Jean Fourche est fier. « Nous n'avons pas honte de ce vélo électrique là ! »
800 vélos en 2023
Les perspectives de Jean Fourche sont bonnes, précisément du fait de la sortie de son vélo électrique. « C'est le vélo électrique qui va nous développer en puissance. Nous avons vendu 300 vélos en 2022 et visons les 800 vélos », dévoile Benoit Maurin. Le prix du vélo électrique ? 2.300 euros l'unité. « C'est le prix que nous ne voulions pas dépasser pour rester accessible. »
Pour adapter la cadence, l'entreprise qui compte trois associés et trois salariés prévoit de recruter six personnes cette année. Jean Fourche commence également à travailler avec un établissement et service d'aide par le travail (Esat), l'Institut régional des sourds et des aveugles (Irsa) qui pourrait fabriquer des sous-ensembles pour aider Jean Fourche dans l'assemblage des vélos.
« Jean Fourche est une entreprise de l'économie sociale et solidaire parce que nous voulons prouver qu'il est possible d'entreprendre différemment. Nous pouvons avoir une activité économique viable tout en ayant des pratiques plus vertueuses d'un point de vue social », insiste Benoit Maurin.
Les premiers vélos électriques Jean Fourche seront livrés au printemps.
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