Pollution : à Bordeaux, l'opposition défend une ZFE allégée et pas avant 2025

Ne pas faire de zèle avant la date légale de 2025, réduire largement les horaires et accompagner financièrement particuliers et professionnels : les élus de droite et du centre du groupe Métropole Commune(s) présentent leur vision très souple de la zone à faibles émissions (ZFE) dans l'agglomération bordelaise. Au risque de la vider de sa substance ? Prévue pour le 1er janvier 2025 au plus tard, cette mesure interdira les véhicules les plus polluants du périmètre intra-rocade.
La zone à faibles émissions restreindra la circulation des véhicules polluants dans le périmètre intra-rocade de Bordeaux Métropole à compter du 1er janvier 2025 au plus tard.
La zone à faibles émissions restreindra la circulation des véhicules polluants dans le périmètre intra-rocade de Bordeaux Métropole à compter du 1er janvier 2025 au plus tard. (Crédits : PC / La Tribune)

En matière de restriction de circulation pour les véhicules particuliers et professionnels les plus polluants, Bordeaux Métropole n'a pas pris le wagon des pionniers. Si plusieurs agglomérations françaises, dont Toulouse Métropole, ont déjà appliqué à des degrés divers cette mesure prévue par la loi Climat de 2021, Bordeaux Métropole n'en est encore qu'à l'étape de la concertation publique et n'envisage pas d'entrée en vigueur avant 2024, voire plus probablement 2025, date butoir fixée par la loi. Les élus de Métropole Commune(e), qui rassemble l'opposition de droite et du centre, ont présenté leur propositions ce 9 décembre. Et ils n'entendent surtout pas accélérer le tempo préférant s'en tenir à cette date du 1er janvier 2025 :

"Il y a une urgence sanitaire indiscutable mais il faut bien prendre le temps de réfléchir et d'associer les territoires voisins, d'expliquer largement cette mesure à nos concitoyens et de prévoir un accompagnement financier suffisant", justifie ainsi Patrick Bobet, chef de file de l'opposition de droite et du centre, maire du Bouscat et ancien président de la Métropole.

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Les élus de Métropole Commune(s) formulent douze propositions pour accompagner la mise en œuvre de cette mesure qui concernera les 14 communes du périmètre intra-rocade, mais pas la rocade elle-même. Ils préconisent ainsi des "points info" sur la ZFE dans toutes les communes et une association étroite de Keolis, le délégataire des transports publics, à ces réflexions pour adapter le réseau et créer des parkings-relais aux entrées de la rocade.

Autre piste : une application partielle du dispositif :

"On propose de limiter la ZFE de 8h à 20h du lundi au vendredi pour prendre en compte les contraintes du travail de nuit et parce qu'il y a moins de trafic et donc moins de pollution le weekend", explique Emmanuel Sallaberry, le maire de Talence.

Une mesure qui "réduirait d'environ 30 % l'efficacité globale de la ZFE", selon les calculs de Métropole Commune(s). S'ajouterait à cette souplesse déjà très large, des dérogations pour les visiteurs occasionnels jusqu'à douze jours par an, pour les rendez-vous médicaux et pour les marchés.

Crit'air 3 et guichets uniques

Concernant les types de véhicules concernés sur la base de la vignette Crit'Air, l'opposition plaide pour exclure seulement les Crit'Air 4, 5 et au-delà en 2025 puis, éventuellement, d'étendre la mesure aux Crit'Air 3 seulement à l'horizon 2028 ou 2029. De son côté, la majorité de gauche aimerait avancer plus vite jusqu'au niveau 3, pointant les gains en termes d'efficacité de la mesure, avec possiblement une application blanche en 2024 avant un entrée en vigueur en 2025.

Pour rappel, les véhicules Crit'Air 3 et au-delà pèsent 34 % du parc automobile local et 45 % des poids lourds tandis qu'une limite fixée seulement au Crit'Air 4 et au-delà ne concernerait plus que 11 % du parc et 25 % des poids lourds, même s'il s'agit par définition des véhicules les plus polluants. A Toulouse, la ZFE est entrée en vigueur pour les Crit'Air 4 et 5 dès 2022 pour les professionnels et concernera les particuliers au 1er janvier 2023. Le durcissement au Crit'Air 3 est programmé dès 2024.

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Quel que soit le calendrier retenu, "il faut prévoir un guichet unique et des aides, sur critères de ressources, suffisamment incitative pour les ménages comme pour les professionnels", insiste Emmanuel Sallaberry, citant l'exemple toulousain qui prévoit des aides jusqu'à 7.000 euros pour changer de véhicules avec une moyenne calée à 3.000 euros. "Nous demandons aussi à ce que ces aides concernent l'achat de véhicules d'occasion, de véhicules Crit'Air 2, le bioéthanol et le retrofit [véhicules thermiques convertis à l'électrique]", complète Christophe Duprat. La facture pour la Métropole pourrait alors osciller entre 30 et 50 millions d'euros. "Il est aussi essentiel d'obtenir la participation financière du Département et de la Région pour aider nos concitoyens qui n'habitent pas à Bordeaux Métropole mais qui y viennent ou y travaillent", souligne également Patrick Bobet.

Faire de la ZFE une coquille vide ?

Au total, avec une mise en œuvre tardive, des horaires et critères allégés et des dérogations multiples, le risque est de sérieusement détricoter ce dispositif qui vise pourtant à éviter 250 morts prématurées chaque année dans l'agglomération bordelaise. "Il y a l'urgence sanitaire et il y a l'acceptabilité sociale de ces mesures, c'est important. Il faut se souvenir des Gilets jaunes !", répond Emmanuel Sallaberry. Pour Patrick Bobet, qui se veut réaliste plus que minimaliste, "l'enjeu est d'aller vite sur les plus gros pollueurs et d'apporter ensuite de la progressivité et de la visibilité".

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Une fois fixés tous ces critères, il restera encore à résoudre l'épineuse et coûteuse question du contrôle des véhicules. En théorie, les contrevenants s'exposeront à des amendes de 68 à 135 euros, en pratique il y aura deux cas de figures : soit l'Etat finance une aide pour mettre en place des contrôles automatisés par caméra ; soit les communes et la Métropole n'auront pas les moyens humains ni financiers pour mener de vrais contrôles.

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Commentaire 1
à écrit le 09/12/2022 à 17:38
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Comme d'habitude les hommes politiques de droite n'ont aucune ambition. Surtout faire comme avant, ne pas favoriser le vélo, continuer à s'intoxiquer, à créer des bouchons etc. Pensent-ils qu'ils vont vraiment convaincre un citoyen lambda?

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