Isolation en paille : la coopérative ielo prête à se lancer sur le marché d'ici un an

Avec une première appréciation technique d'expérimentation obtenue dans le cadre de la rénovation du restaurant universitaire du Crous de Poitiers, la société coopérative ielo franchit un pas de plus vers l'utilisation de la paille hachée pour isoler les bâtiments. Son objectif : pouvoir commercialiser son procédé d'ici fin 2023, et l'essaimer tant que possible dans toute la France.
(Crédits : ielo)

Alors que l'efficacité énergétique et l'empreinte carbone des bâtiments s'imposent désormais comme deux enjeux aussi urgents que fondamentaux pour les acteurs de la construction, la Scic viennoise ielo vient de franchir un pas déterminant dans la reconnaissance de son procédé d'isolation en paille hachée : l'obtention d'une appréciation technique d'expérimentation de type B. Une première étape indispensable pour la commercialisation de son offre, validée dans le cadre du projet de rénovation du restaurant universitaire du Crous de Poitiers.

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« Nous sommes en passe d'obtenir une deuxième Atex de cas B, sur la future Maison départementale de l'habitat de Dordogne [1] », précise à La Tribune Nicolas Rabuel, directeur général de la coopérative. L'Atex de cas A, qui attestera de la faisabilité et de la sécurité du procédé à la lumière de sa mise en œuvre sur plusieurs chantiers de différentes natures - et permettra à la Scic de s'ouvrir sur le marché - est quant à elle attendue pour « fin 2023 ».

Ielo, ou comment exploiter la paille issue de la production céréalière

La Scic (société coopérative d'intérêt collectif) ielo, fondée en mars 2021 par des agriculteurs et des acteurs de la construction, vise le développement et la commercialisation d'un procédé d'isolation en paille hachée appliqué à la construction neuve ou en rénovation, essentiellement sur des bâtiments en ossature bois. Les sociétaires producteurs - la Coopérative agricole de la Tricherie et sa filiale Brin d'Or - collectent et transforment la paille de blé sur le site de production. Elle y est hachée, dépoussiérée et conditionnée pour être livrée sur chantier, où elle sera insufflée, sans aucun adjuvant.

D'ici là, la coopérative aura mis en œuvre sa ligne de production, qui devrait être opérationnelle début 2023. Avec un an de retard donc, par rapport au calendrier initial, le premier partenaire industriel envisagé ayant fait défaut. « Nous avons profité de ce report pour investiguer davantage, améliorer notre compréhension du matériau et ainsi mieux définir la technologie à utiliser. Et finalement, nous avons choisi de travailler avec la Semas [société de vente et de fabrication de matériel agricole implantée dans la Marne] et le danois Cormall [dont la Semas importe les machines] », poursuit Nicolas Rabuel, satisfait d'aboutir in fine sur « un outil de production plus robuste et plus facile à essaimer ».

Mailler le territoire national

Car c'est bien l'un des objectifs de ielo : inciter agriculteurs et acteurs de la construction à déployer ce modèle de valorisation de la paille hachée, dans les territoires où la production céréalière et les besoins en isolation de bâtiments s'y prêtent. « Ce dialogue est particulièrement bien avancé dans les Hauts-de-France, les acteurs du bâtiment et les institutions sont en train d'y préparer l'installation d'une filiale ielo locale. Et nous discutons avec des partenaires potentiels en Occitanie, en Rhône-Alpes, en Loire-Atlantique... », indique encore le directeur général. Non sans pointer le risque de voir émerger des « démarches opportunistes malsaines » :

« Il nous faut aussi anticiper la création de ces écosystèmes locaux pour contrer le développement d'entreprises qui proposeraient de l'isolation en paille hachée sans défendre des prérequis sociaux et environnementaux essentiels. » 

À savoir : exploiter la paille en tant que coproduit agricole « sans jamais entrer en concurrence avec l'exploitation de terres cultivables » pour assurer aux producteurs un revenu complémentaire « stable et pérenne », tout en déployant une solution d'isolation des bâtiments « réellement écologique et réellement massifiable ».

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Avec désormais 38 sociétaires autour de la table (dont la moitié hors de Nouvelle-Aquitaine), la coopérative cherche à élargir encore son assise - la prochaine AG, prévue au printemps, devrait voir entrer une dizaine de nouveaux sociétaires au moins, pour renforcer, aussi, ses capacités financières. Et financer les travaux de R&D encore nécessaires pour améliorer, entre autres, les techniques d'insufflation, ainsi que les formations à dispenser aux installateurs.

[1] Ce bâtiment rassemblera d'ici fin 2023-début 2024 l'Adil24, Soliha, l'Agence technique départementale, le CAUE, l'office HLM Périgord Habitat, la Semiper et le service habitat du Conseil départemental de la Dordogne.

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