Le coût de l'énergie contraint Celsa France à réduire sa production d'acier

Dans le port de Bayonne, Celsa France, la maison-mère de l'ancienne Aciérie de l'Atlantique, ne fonctionnera désormais que les jours où le prix de l'électricité ne sera pas prohibitif. Plus de 400 personnes sont concernées par cette réorganisation contrainte au sein du principal complexe sidérurgique du sud de la France. Dans les Landes, le groupe Europlasma, lui-aussi confronté à la flambée des coûts de l'énergie, suspend sa production pour quatre mois.
Installé dans le port de Bayonne, l'aciérie de Celsa France ne fonctionnera plus que les jours où l'électricité ne sera pas trop chère.
Installé dans le port de Bayonne, l'aciérie de Celsa France ne fonctionnera plus que les jours où l'électricité ne sera pas trop chère. (Crédits : Port de Bayonne)

Le four de Celsa France ne sera plus allumé tous les jours. Il le sera uniquement « les jours où le prix de l'énergie sera à un niveau permettant de produire de façon compétitive », affirme auprès de La Tribune une porte-parole de la maison-mère, le groupe sidérurgique espagnol Celsa, propriétaire du site depuis 2007. Le grand four de l'ex-Aciérie de l'Atlantique, située au sein du port de Bayonne à cheval sur les communes de Boucau et Tarnos, est alimenté par de l'électricité pour façonner des billettes, de fines barres d'acier pouvant mesurer 13 mètres de long. Un équipement trop gourmand en énergie dans le contexte actuel.

« Il s'agit d'une mesure temporaire, dont le délai est inconnu, pour faire face à la situation de grande volatilité du prix de l'énergie. L'entreprise s'adapte afin d'atteindre une plus grande compétitivité. Nous restons engagés pour maintenir notre niveau de production et continuer à répondre aux besoins des clients », poursuit la porte-parole.

Des investissements récents

Un coup dur pour les 411 personnes, salariés et intérimaires, qui travaillent sur le principal complexe sidérurgique du sud de la France qui espéraient un horizon dégagé. En juin 2019, le premier groupe industriel privé espagnol, employant au total 12.000 personnes (intérimaires compris) dans le monde, avait en effet annoncé la construction d'un train de laminage sur son site français, « d'une grande valeur stratégique pour la croissance du groupe », selon ses dires. Un investissement de 60 millions d'euros pour cette aciérie qui, depuis sa création en 1995, en est à son cinquième propriétaire, avec successivement les entreprises espagnoles Ucin, Aceleria et Anon, puis Arcelor.

Avec 140 emplois à la clé sur ce site qui employait alors quelque 200 personnes, l'annonce avait surtout un caractère symbolique fort : « avec la construction d'un train de laminage, l'aciérie de Boucau-Tarnos ne se contentera plus de produire des billettes d'acier, mais pourra élaborer des produits finis, ce qui accroîtra sa compétitivité et sa rentabilité », avait expliqué Francesc Rubiralta, président de Celsa Group. La construction du laminoir, qui a depuis été réalisée, devait permettre au groupe « d'accélérer sa pénétration du marché français et du Benelux ».

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La métallurgie et la sidérurgie touchées au premier chef

La forte hausse des prix de l'énergie amène Celsa Group, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 5,3 milliards d'euros en 2021, à revoir aujourd'hui ses ambitions, du moins en termes de production. Mais il n'est pas le seul, car de nombreux secteurs, au premier chef la métallurgie et la sidérurgie, sont très impactés par la hausse des prix de l'électricité et du gaz. Et malgré les aides de l'Etat, de plus en plus d'entreprises se voient contraintes de réduire la production. À Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône), ArcelorMittal a ainsi mis à l'arrêt l'un de ses deux hauts-fourneaux. A Dunkerque (Nord), à la plus grande aluminerie d'Europe, le rythme est aussi ralenti. Après Duralex, le premier a avoir sonné l'alarme en septembre, c'est au tour d'Arc International, à Arques (Pas-de-Calais), d'éteindre la moitié de ses fours. D'autres sociétés devraient suivre en 2023 lorsque les nouveaux tarifs entreront en vigueur tandis que d'autres passent déjà en horaires de nuit pour bénéficier de tarifs moins onéreux.

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Europlasma suspend sa production pour quatre mois

Confronté aux mêmes impacts, le groupe Europlasma, basé à Morcenx (Landes) a lui aussi pris une décision radicale il y a quelques jours. « Les sites d'Inertam (usine de traitement de déchets amiantés dans les Landes) et de Satma Industries (fabricant d'anodes à partir de feuilles d'aluminium pour condensateurs électrolytiques en Isère), dont les activités sont fortement dépendantes du gaz et de l'électricité, voient leur production industrielle temporairement suspendue, avec un objectif de reprise au 1er avril 2023, à la sortie de la période hivernale sa décision », indique la direction qui a pourtant réussi à enclencher un cercle vertueux pour son activité ces dernières années.

Un port dynamique

« Notre personnel ne sera pas au chômage technique, mais effectuera des opérations de maintenance les jours de l'arrêt du four ou suivra des formations », explique Celsa. Avec son excellent emplacement logistique, à l'embouchure de l'Adour, l'avenir de Celsa France à plus long terme ne semble pas menacé. Près de 900.000 tonnes d'acier - importées sous forme de ferraille et de matières premières puis exportées une fois transformées en billettes, brames et tôles -ont transité par le port en 2021. Soit un bond de près de 20% versus l'année précédente, mais également une hausse d'une quarantaine de tonnes par rapport à 2019.

Une activité dynamique pour une zone portuaire qui l'est tout autant. Sur le site, s'étendant sur deux départements et quatre communes (Tarnos, Boucau, Anglet, Bayonne), transitent les produits des bassins industriels et agro-alimentaires régionaux, tels que le maïs, des engrais et du bois, mais aussi des hydrocarbures et du soufre extraits à Lacq près de Pau. La CCI de Bayonne Pays Basque, à qui la Région a délégué la gestion, y mène d'importants travaux, notamment financés par France Relance, pour que cette bonne dynamique, après quelques années de vaches maigres, perdure.

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Commentaire 1
à écrit le 06/12/2022 à 17:16
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Celsa ne fonctionnera que quand le prix de l'électricité ne sera pas prohibitif : très étonnant comme stratégie surtout pour ce genre d'industrie. Vu tout l'argent public déversé il faudrait en savoir plus et si en plus ils utilisent le chômage techn...

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